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Scène nationale : la Snat61 optimise sa présence en ligne pendant la crise

Par Thomas Corlin | Le | Marketing, réseaux sociaux

La fermeture prolongée des lieux culturels permet à leurs équipes un travail de fond sur d’autres domaines, comme la proximité avec le public et la présence en ligne. C’est le choix de la Snat61, structure théâtrale exploitant trois lieux dans l’Orne, qui a initié des capsules vidéo et optimisé ses échanges avec le public, d’après sa directrice Régine Montoya.

L’équipe de la Snat61 a multiplié les contenus vidéo faits maison depuis novembre. - © D.R.
L’équipe de la Snat61 a multiplié les contenus vidéo faits maison depuis novembre. - © D.R.

Quels moyens avez vous mis en place pour garder de la visibilité pendant cette période ? 

Nous exploitons le numérique depuis 12 ans, mais nous n’avions jamais eu le temps de nous y consacrer autant. Nous avons lancé en novembre des capsules vidéos quasi-quotidiennes - il ne nous sera pas possible de maintenir un tel rythme en temps normal, il faudrait une équipe dédiée. Ce sont des « bulles de créativité », produites et réalisées par l’équipe du théâtre, sur un ton souvent humoristique. 

La réponse a été subjuguante, surtout sur le premier épisode, puisque nous avons compté 7 000 interactions sur les réseaux, et que les retours se sont multipliés, à la fois localement, où les gens nous disaient attendre ce rendez-vous à 18 h, et aussi au niveau du circuit professionnel - des amis, des contacts nous ont encouragé.

Un bon moyen d’échapper à l’accablement. 

Nous avons aussi essuyé des critiques, mais pour nous l’important était de communiquer, de présenter notre équipe, d’envoyer un signal positif. Certains comédiens ont même cru que désormais les administrations se mettaient en scène, prenaient leur place, mais ce n’est évidemment pas le cas : nous jouons très mal, et ce n’est là qu’un outil de communication. C’était aussi un bon moyen d’échapper à l’accablement. 

Du côté des outils de communication, nous avons maintenu l’édition de notre brochure annuelle, notre « Livre de Saison », comme à la normale. 

Comme d’autres scènes nationales, vous menez une mission de proximité. Comment l’avez-vous maintenue ? 

La Snat61 a lancé une tombola, elle a mobilisé une cinquantaine de commerçants et attiré 1 700 participants. Là encore, on ne s’y attendait pas : les retours ont été multiples et ça a participé au maintien du contact avec le territoire. 

Sinon, nous avons intensifié nos échanges téléphoniques avec nos abonnés, notamment ceux qui n’ont pas d’adresse mail, ou qui sont isolés. Nous avions mis en place une formule de réservation « Entre amis et voisins » qui nous a servi de relai pour rester en lien avec les spectateurs et les tenir au courant de nos activités, mais aussi, tout simplement, pour savoir comment ils allaient. Tout ceci participe à une désacralisation du théâtre, à une mise en accessibilité, et c’est un travail de longue date. 

Comment approchez vous une potentielle reprise ? 

Côté communication, nous trouverons sûrement un slogan, une nouvelle affiche, nous mettrons le paquet. Côté programmation, nous ferons au plus efficace. À l’origine, j’étais foncièrement optimiste, j’anticipais une rentrée en janvier, mais ça n’a pas été le cas. En cas de reprise, nous nous en tiendrons à ce qui est programmé, et nous tenterons peut-être quelques reports, mais cela devient de plus en plus compliqué.

La tombola de la Snat61. - © D.R.
La tombola de la Snat61. - © D.R.

En cas de reprise, nous nous en tiendrons à ce qui est programmé.

Par exemple, le spectacle « Viril », réunissant plusieurs vedettes (Virginie Despentes, David Bobée, Béatrice Dalle), devait jouer en ce moment. Avec l’emploi du temps de ces artistes, le reprogrammer serait un miracle, mais nous essaierons. Dans d’autres cas, ce sont les compagnies elles-mêmes qui préfèrent abandonner un report : rajouter une date isolée peut compliquer une tournée et compromettre la vie d’un spectacle. Il arrive aussi, tout simplement, qu’une compagnie abandonne un spectacle et passe à un nouveau projet, c’est la vie d’une création. 

Quelles activités conservez-vous au sein de vos lieux, ou hors les murs ?

Principalement des actions culturelles. Nous en menons plusieurs à travers nos jumelages avec des établissements scolaires du secteur, ou des tiers lieux. Nous répondons à de nombreux appels à projets, et c’est aussi une façon d’irriguer le territoire. 

Nous recevons aussi beaucoup de résidences, notre plateau est ouvert, et ne doit jamais rester vide. Actuellement, nous produisons une création de Jean Alibert qui est dans nos murs, et d’autres compagnies suivront.