Avignon : quelles conditions pour une édition 2021 du Off ?
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Après une édition empêchée par la pandémie en 2020, l’association du Festival Off d’Avignon prend ses dispositions pour celle de 2021. Un fonds de solidarité est en cours d’élaboration en aide aux compagnies et aux lieux qui les accueillent, d’après Nikson Pitaqaj, directeur délégué de l’association du Off.
Malgré le manque de perspective dû à la pandémie, qu’est ce qui vous a permis d’enclencher les démarches pour une prochaine édition du Off ?
Le Off est un événement majeur pour le spectacle vivant, nous avons donc l’obligation d’anticiper coûte que coûte. L’annulation de l’an dernier a été compensée par diverses aides. Tout d’abord, le Ministère de la Culture a jugé qu’il devait nous aider pour notre rôle précieux auprès des artistes, et nous avons contracté un Prêt Garanti de l’État de 200 000 euros lorsque nous ne pouvions plus payer les salaires de l’équipe en mai dernier. Ensuite, un fonds d’urgence pour les lieux a été mis en place sur critères, et 49 d’entre eux ont pu le percevoir.
Nous n’incitons pas les lieux à signer de nouveaux contrats.
Lors d’une assemblée générale avec nos membres en décembre dernier, il a été décidé que nous devions nous engager sur une prochaine édition, dont les dates seront fixées lors de notre prochaine AG, le 11 janvier. Comme d’habitude, nous nous alignerons sur les dates du in, en prolongeant d’une semaine.
Nous partons du principe que nous aurons de la visibilité et que les choses s’amélioreront d’ici là, même si nous savons déjà que si le festival a lieu, ça ne sera pas dans les conditions que nous avons connues. Pour ne rien précipiter, nous n’incitons pas les lieux à signer de nouveaux contrats avec les compagnies - leurs programmations sont de toute façon constituées aux trois quarts de reports de l’année dernière.
Nous n’ouvrirons les inscriptions qu’une fois que nous serons sûrs que le festival pourra se tenir. Nous les ouvrons normalement en mars mais, comme l’année dernière, nous nous donnons jusqu’au 30 avril pour le faire. Au delà de cette date, nous serons contraints d’abandonner.
Quel type de protocole sanitaire global pourrait permettre la tenue du festival ?
Sans mesures particulières, la préfecture pourrait interdire le festival.
Nous y travaillons déjà depuis des mois, et il existe peu d’autres solutions en dehors de celles qui sont déjà connues. Nous travaillons cependant sur la régulation du public et, bien que les rues d’Avignon soient souvent exiguës, une billetterie centralisée permettrait peut-être de limiter les flux de spectateurs en les répartissant par exemple sur plusieurs créneaux. Certains y sont opposés, pour des raisons de traditions, « d’esprit du festival », qui s’entendent parfaitement. Par le passé, un ticket collectif avait déjà mis en place, mais aucun logiciel commun à l’ensemble des lieux.
Quoiqu’il en soit, nous devrons trouver des solutions, sans quoi la préfecture pourrait prendre un arrêt interdisant la tenue du festival. C’est pourquoi nous avons également un travail de pédagogie envers nos adhérents.
Lieux et compagnies étant déjà très fragilisés par la situation actuelle, quel équilibre économique trouver pour qu’ait lieu une nouvelle édition ?
Les jauges seront sans aucun doute encore réduites cet été et les théâtres ne pourront se permettre de baisser leurs prix habituels de location.
Un sondage que nous avons fait auprès des compagnies adhérentes à notre association a révélé que 85 % d’entre elles souhaitaient participer au festival, mais que moins de la moitié pouvait se le permettre économiquement. Nous travaillons donc sur la mise en place d’un fonds de solidarité constitué de plusieurs ressources, dont nous espérons qu’il atteindra les 4 ou 5 millions d’euros.
Il viendrait en aide à la fois aux compagnies et bien sûr aux lieux. Parmi ceux-ci, les lieux qui ne sont pas déjà soutenus par des fonds publics seront prioritaires, ainsi que ceux qui prendront le risque d’accueillir davantage de compagnies. Les jauges seront sans aucun doute encore réduites cet été, et les théâtres, qui sont déjà privés de revenus depuis un an, ne pourront se permettre de baisser leurs prix habituels de location.
C’est là qu’interviendrait ce fonds de solidarité, qui serait constitué à la fois du fonds de professionnalisation initié il y a quatre ans et alimenté par des partenaires comme la SACD, la Sacem ou le CNM (environ 130 000 euros), par le fonds de la fondation du Off (environ 200 000 euros), par une commission à mettre en place sur la billetterie (à raison d’un euro ou plus par billet), ainsi qu’à la participation éventuelle des collectivités territoriales et du Ministère de la Culture. Toutes ces idées sont actuellement à l’étude.