Accessibilité : en Savoie, Zicomatic apporte la musique aux publics à handicap
Par Thomas Corlin | Le | Médiation
Basée à La Ravoire (Savoie), Zicomatic intervient avec de l’animation musicale dans des structures médico-sociales du territoire, du public handicapé jusqu’aux EHPAD. Fondateur de l’association et musicien lui-même, Clément Dumon décrit un mode de fonctionnement multiple pour un projet en expansion constante.
De quoi est parti l’Association Zicomatic ?
Je suis éducateur spécialisé, père d’une fille polyhandicapée, et je chante au sein d’un groupe qui depuis longtemps jouait dans de structures spécialisées. À l’origine, nous jouions de manière informelle, en étant simplement défrayés mais, lorsque l’activité a pu dégager des recettes, nous nous sommes montés en association, en 2006. C’est là que nous avons pu lever des fonds pour constituer des projets culturels d’une autre envergure, à raison de 50 000 € par an. Nous programmons des groupes professionnels dans tout un réseau de près de 65 lieux médico-sociaux en Savoie - le territoire en compte peut-être une centaine.
Jusqu’où s’étend votre champ d’action ?
Nous travaillons avec plusieurs publics : tout d’abord, un public à handicaps divers (psycho-moteur ou à mobilité réduite, sourds et malentendants, etc.), de 20 à 65 ans. Mais nous intervenons aussi dans des EHPAD, nous montons dans les chambres, nous avons même chanté récemment pour une dame de 102 ans.
Une grosse partie de notre activité consiste en nos propres concerts : j’écris notamment des chansons spécifiquement pour le public handicapé, et les élèves d’une école en ont récemment interprété certaines. Nous faisons aussi tourner des artistes musicaux sensibles à la question de l’accessibilité, en passant par une structure de production, puisque nous sommes limités à six GUSO.
Nos interventions s’adressent en premier lieu au public à handicap, et au personnel des lieux.
Notre activité est principalement musicale mais nous intervenons aussi sous d’autres formes. Nous organisons des actions de sensibilisation autour de l’accessibilité, notamment des expositions qui circulent au niveau national, et que nous faisons payer pour récolter des fonds.
Notre événement le plus visible est le festival « En Scène », qui se tient au Phare à Chambéry. La prochaine édition se tiendra le 28 octobre prochain, et des artistes grand public comme les Frangines ou Pep’s s’y produiront, ainsi que notre chorale inclusive. Nous veillons à ce que les tarifs restent abordables, même si c’est un plateau qui pourrait justifier une place à 35 € - les familles ne doivent pas être assommées par le prix des billets.
Comment intervenez-vous au festival Musilac à Aix-les-Bains ?
Nous achetons une quarantaine de places VIP en demi-tarif pour notre public, qui dispose d’une estrade dédiée. L’opération nous coute entre 8 ou 9 000 € chaque année.
Sur quel modèle économique fonctionne Zicomatic ?
Le département de l’Isère et la Région nous soutiennent, notamment pour le festival En Scène. Nous faisons payer nos actions de sensibilisation. Nous organisons aussi des opérations caritatives cinq ou six fois par an, dernièrement ce fut une randonnée moto à laquelle des tétraplégiques ont participé. Les motards ont payé des places à 10 €.
Nous répondons aussi à des appels à projets privés lancés par des banques, des mutuelles, des entreprises portées sur l’inclusion, et nous en faisons des partenaires. Nous leur permettons de réaliser leur politique RSO, qui est défiscalisée.
En cumulant toutes ces sources, nous sommes parvenus à récolter cette année 40 000 €, et espérons atteindre les 70 000 €.
Sur quelle base se font vos interventions en centres médicalisés ?
Nous leur offrons tout. Ils ont normalement des budgets dédiés, mais ils sont trop faibles et le personnel déjà surexploité ne peut pas réellement s’occuper de coordination culturelle. Il est à noter que, même si nous travaillons en priorité pour apporter bonheur et soulagement aux publics concernés, nos interventions profitent aussi aux personnels de ces lieux, qui peuvent un temps poser leur casquette de soignants.
Quelles sont vos ressources humaines ?
Je suis pour ma part au chômage et je travaille bénévolement pour l’association, ayant quitté mon poste d’éducateur. Nous avons embauché deux chargés de mission pour développer nos projets et nous sommes soutenus par de nombreux bénévoles, avec un roulement d’une dizaine de personnes. Nous espérons pouvoir pérenniser ces postes et financer davantage de projets.