Handicap : comment le MuséoParc Alésia assure une accessibilité totale à ses visiteurs
Par Bertrand Dicale | Le | Médiation
Titulaire du label Tourisme & handicap depuis 2018, le MuséoParc Alésia, près d’Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) s’est engagé dans une démarche d’accessibilité totale pour ses visiteurs. Directeur de l’établissement, Michel Rouger nous explique comment l’établissement remplit cet engagement.
Il y a quatre ans vous avez obtenu la marque d’état Tourisme & Handicap, quels sont les conditions pour y être éligible ?
Les établissements culturels ont une réglementation à respecter en matière d’accessibilité. L’application de ces lois est un prérequis pour obtenir la marque Tourisme & Handicap. Les lieux souhaitant disposer du label doivent montrer une volonté d’aller plus loin que les lois en vigueur. Cela commence en amont de la visite. Le site internet doit permettre aux utilisateurs d’avoir une expérience fluide de navigation avec un onglet dédié aux personnes handicapées. Cette page doit contenir des informations détaillées afin que ces publics puissent préparer leur visite sereinement.
Quel que soit le type d’handicap, la signalétique doit permettre de se repérer facilement avec des éléments visuels et sonores.
Les mesures déployées pour prendre en charge les personnes handicapées commencent dès l’arrivée sur le lieu culturel. Cela implique d’avoir un parking avec des places spacieuses réservées à ces publics. Le parcours de visite doit être aménagé pour que tout le monde puisse circuler. Les couloirs et les portes doivent être bien dimensionnés. Il faut mettre à disposition des rampes, déployer des assises tout au long du parcours de visite pour faciliter l’arrêt ou le repos. Quel que soit le type d’handicap, la signalétique doit permettre de se repérer facilement avec des éléments visuels et sonores. Pour obtenir la marque il faut également disposer d’équipements d’accueil adaptés tels que des fauteuils roulants. L’obtention du label n’est pas définitive. Cela permet de toujours se maintenir à jour.
Par quels moyens parvenez-vous à garantir une accessibilité totale à vos visiteurs ?
Avant 2018, il nous manquait peu de choses pour obtenir le label Tourisme & handicap. Nous sommes allés au bout de la démarche grâce à des actions efficaces. Nous avons peint notre rampe d’escalier et nous avons posé des poignées blanches sur nos portes noires pour créer des contrastes. Nous nous sommes munis de flash lumineux dans les toilettes pour que les malentendants évacuent rapidement en cas d’incendie. Au niveau de la signalétique, nous l’avons simplifiée avec plus de couleurs pour garantir une meilleure compréhension aux personnes handicapées mentalement.
Penser accessibilité c’est réfléchir à un confort qui permet de profiter au mieux de l’offre et de l’expérience que l’on propose en tant que lieu culturel.
Rendre un établissement culturel accessible ne se limite pas seulement à l’obtention du label. Il faut appliquer une politique volontariste qui implique l’ensemble du personnel. Plutôt que d’assigner la charge de l’accessibilité à un petit groupe, nous avons choisi de créer un pôle transversal avec du personnel de l’ensemble des équipes qui composent notre structure. Nous organisons des réunions et des ateliers de formation pour sensibiliser nos équipes sur le sujet du handicap.
En 2019, nous étions titulaires du label et nous souhaitions aller plus loin en proposant une accessibilité totale. Nous avons refait l’intégralité de notre parcours. Nous avons intégré le braille. Nous nous sommes équipés d’outils d’audiodescription. Nous avons installé des plans tactiles pour que les malvoyants se repèrent facilement et mis à disposition des images tactiles en relief pour qu’ils puissent capter la forme des objets qu’ils touchent. Nous l’avons par exemple fait sur la statue de Vercingétorix. Pour les malentendants, nous avons sous-titrés tous nos supports audiovisuels. Tout au long de notre parcours, nous avons placé des planches de BD pour que les personnes en situation d’handicap mental bénéficient d’une information facile à comprendre. Penser accessibilité c’est réfléchir à un confort qui permet au mieux de profiter de l’offre et de l’expérience qu’on propose en tant que lieu culturel.
Quels sont les retours des personnes handicapées lors des visites ?
Les visiteurs sont très satisfaits. Les outils que nous avons mis en place améliorent l’accessibilité pour les personnes handicapées mais cela profite à tout le monde. Nous avons des moyens de médiation efficaces et ludiques. C’est par exemple le cas de notre logiciel Kinect. Cet outil permet une expérience multisensorielle en se mettant dans la peau d’un soldat gaulois ou romain grâce à la réalité virtuelle. C’est un outil d’accessibilité pour les personnes handicapées et un dispositif ludique pour d’autres publics, notamment les familles qui sont nos visiteurs les plus nombreux.
Faciliter l’accessibilité encourage une meilleure cohésion sociale. Les personnes handicapées sont inclues dans le parcours de visite. Plutôt que de les recevoir à part lors de visites dédiées, ces outils permettent de les accueillir en même temps que les autres publics. Pour rendre leur lieu accessible, les établissements culturels doivent être dans cette démarche d’inclusion. Les mentalités doivent évoluer en intégrant le handicap à la vie quotidienne.
Le label Tourisme & handicap
• Créé en 2003, le label d’État Tourisme & Handicap est une marque attribuée à un établissement touristique et/ou culturel pour sa qualité d’accueil des personnes handicapées. Quatre catégories de déficiences sont établies : handicap moteur, mental, visuel et auditif.
• Tous les lieux culturels peuvent obtenir la marque par une démarche volontaire. Il leur faut candidater auprès de la commission régionale en charge du label. La commission est composée d’acteurs du monde culturel, touristique et de personnes œuvrant dans le secteur du handicap.
• Après le dépôt du dossier auprès de la commission, une inspection du lieu culturel est effectuée. À la suite de la visite et de la délibération, l’établissement peut obtenir le label pour deux, trois ou l’ensemble des handicaps.
• Le label est renouvelable tous les cinq ans. Chaque renouvellement nécessite une nouvelle candidature.