Tiers lieux : la Base, ouverte aux associations au sein de la scène nationale de Chambéry (Savoie)
Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition
Depuis 2019, l’Espace Malraux, scène nationale de Chambéry (Savoie), abrite la Base, un tiers-lieu. Mutualisation des moyens, ouverture sur un nouveau public, optimisation des espaces : son coordinateur Stephane Buisson dresse un premier bilan de cette expérience rare pour un théâtre public.
Comment s’est fondée la Base ?
J’appartiens à un collectif d’artistes, l’Endroit, réunissant chorégraphes, metteurs en scène, scénographes et musiciens. Nous avions déjà l’expérience d’un développement de lieu avec mutualisation des espaces dans un hôpital psychiatrique, qui était arrivé à son terme. L’Endroit était déjà familier de l’Espace Malraux, certains de ses membres y ont diffusé leurs créations.
La scène nationale sortait alors de 2 ans de travaux et de programmation hors les murs, et repensait sa façon de travailler les publics et de collaborer avec les acteurs et associations du territoire. Leurs bâtiments, pensés par Mario Botta, comprennent de vastes espaces de circulation, qui sont désormais occupé par la Base.
Le tiers lieu de la Base unit donc l’Endroit, un restaurant et l’Espace Malraux.
De quels espaces et moyens techniques ou humains dispose-il ?
Sa scène ouverte et son restaurant se situent dans un espace de 250 m2, et il propose aussi un studio de travail de 150 m2 et deux galeries d’exposition de 150 m2 chacune. Les espaces dédiés à la scène nationale ne sont donc pas comptés dans cet inventaire. Un cinéma de 155 places peut aussi être mis à disposition.
La diversité de notre action draine un nouveau public à l’Espace Malraux. Plusieurs directeurs de scènes nationales se sont montrés intéressés par notre modèle.
Le collectif l’Endroit gère la Base, même si aucune tête pensante n’a été identifiée en tant que directeur à proprement parler, même si j’en assure la coordination générale. Un poste a été mutualisé à l’administration et un contrat d’apprentissage est en charge de la coordination. Une petite part des missions de certains salariés de l’Espace Malraux est également dévouée à la Base - relations publiques, régie générale, accueil billetterie. Nos conseils d’administration sont également mutualisés, puisque Malraux repose également sur une structure associative.
Techniquement, nous sommes autonomes à minima en matériel, avec une façade son, un vidéo-projecteur, un écran qui nous permettent d’assurer des petits concerts. Si les besoins techniques sont plus conséquents, nous facturons du personnel à Malraux, voire de la location de matériel, dans la mesure d’un devis raisonnable pour l’association accueillie - si besoin, nous pouvons compenser un déficit s’il n’est pas trop élevé, afin qu’aucune structure invitée à programmer ne se sente lésée.
Quelles sont les activités du lieu ?
Nous proposons des espaces de fabrique, mais pas de production. Les artistes de l’Endroit en bénéficient, ainsi que d’autres entités, invitées à programmer leurs propres événements. Associations, particuliers, structures diverses ou porteurs de projets viennent proposer une ou plusieurs soirées à la Base. Tous les derniers mardis du mois, un comité de programmation se réunit (notamment constitué de l’Endroit, de régisseurs de Malraux et de toute autre personne avec une appétence à la culture, sans regard d’expert) et avise de la faisabilité technique de ces projets. Nous avons juste exclu la possibilité d’y tenir des événements cultuels ou politiques.
Jusqu’ici, la Base a accueilli 70 structures qui ont programmé 170 événements, parmi lesquels des soirées, rencontres, ateliers et projections - quelques-uns ont dû être reportés du fait des conditions sanitaires. Le restaurant a servi 7 700 repas. La diversité de notre action draine un nouveau public à l’Espace Malraux, qui cherche à se renouveler. Plusieurs directeurs de scènes nationales se sont montrés intéressés par notre modèle.
Sur quel modèle économique fonctionne la Base ?
Nous avons intégré le contrat d’objectif, renouvelé tous les quatre ans, de l’Espace Malraux.
Nous touchons 20 000 € par an de la Drac au titre de notre action culturelle. La Ville va également nous aider, et bientôt nous conventionner - c’est l’équipe précédente qui a validé notre présence dans les lieux, mais cela n’avait pas encore été contractualisé. La nouvelle mairie est donc venue attester de notre rôle sur le territoire, et décidé d’officialiser prochainement la Base. Nous avons également intégré le contrat d’objectif, renouvelé tous les quatre ans, de l’Espace Malraux. Le Département nous a aussi soutenu cette année, du fait de la crise, et la Région nous a aidé sur l’équipement.
Hormis ces subventions publiques, nous nous finançons sur le bar et les adhésions. Nous avons créé une SAS, dont l’association la Base est actionnaire, pour gérer les bénéfices du bar et du restaurant et les adhésions. Tous les bénéfices sont reversés à l’association, qui les utilise le plus souvent pour soutenir des projets accueillis qui n’ont pas d’économie propre. En raison de la convention collective, il ne s’agit pas d’un café associatif. Enfin, quelques privatisations sont possibles, mais il y en a eu très peu jusqu’ici, et elles ne figurent pas dans notre programmation.