Production

Scènes nationales : à Chambéry, Malraux mise sur une programmation estivale hors les murs

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Programmation hors les murs sur l’été, nouveaux types de projets, reprise en plusieurs temps : à Chambery (Savoie), la scène nationale Malraux se réactive à sa façon, d’après sa directrice Marie-Pia Bureau.

Le théâtre rouvre également son espace restaurant. - © Malraux
Le théâtre rouvre également son espace restaurant. - © Malraux

Que prévoit l’Espace Malraux pour la réouverture au public ? 

Nous avons décidé d’emblée qu’il était nécessaire de rouvrir, le public n’aurait pas compris que nous ne proposions rien dès le 19 mai. Jusqu’à la mi-juin, nous proposons donc trois spectacles en salle, déjà programmés en fin de saison. Au delà, nous déploierons une programmation estivale de 136 événements, principalement hors les murs, jusqu’au 31 juillet. Nous sommes partis du principe que le public n’aurait pas forcément envie de voir des spectacles en intérieur et nous avons donc privilégié des formes dans d’autres lieux ou dans l’espace public. 

Nous proposons par exemple un concert en assis sur une pelouse dans les hauts de Chambéry, ou une roulotte ambulante transportant une claveciniste. Ce programme estival comprend aussi des ateliers pour le jeune public, ou une université d’été inaugurée par Patrick Boucheron pour repenser les missions du théâtre. Nous monterons aussi une scène dans les Charmettes, la Maison de Jean-Jacques Rousseau, qui proposera des spectacles certains week-ends. 

Cette initiative est le renforcement d’une programmation estivale que nous avions déjà proposée depuis trois étés, réunissant une dizaine de projets conçus pour des paysages de montagnes. Nous l’avons étoffée et recentrée sur l’aire de Chambéry. Nous annoncerons le détail de cette opération à la mi-juin, le plein air exigeant des autorisations et une logistique complexe. 

La situation vous a-t-elle inspiré d’autres façons de travailler ? 

Oui, même si ça ne se verra pas instantanément, du moins en abondance. Nous avons réparti nos reports sur deux saisons, afin de laisser également de la place à de nouveaux projets - et la première saison, qui débute en septembre, est déjà très dense. C’est d’ailleurs un rythme qui ne pourra être tenu indéfiniment. 

La crise nous donne envie de travailler sur des projets qui déplacent la culture.

Les nouveaux projets sur lesquels nous travaillons visent à déplacer la culture hors de son cadre et de ses modalités habituelles, et d’en changer le rythme de production. Le metteur-en-scène Mohammed El Khatib travaille par exemple sur un centre d’art dans un EHPAD, qui ne proposerait pas de billetterie classique pour le public, ne relève ni de l’action culturelle ni du spectacle traditionnel, mais s’ancrerait hors des lieux habituels de la culture, sur le long terme, en sollicitant de multiples artistes. 

Êtes-vous déjà sollicités par le public ?

Beaucoup de gens téléphonent, mais nous n’avons pas encore tout mis en vente. Nous avions aussi, naïvement, tenté de rouvrir notre billetterie physique en guichet, une semaine avant la réouverture du 19 mai, à l’adresse des spectateurs qui ne sont pas à l’aise avec la commande en ligne, mais la préfecture nous a rappelé que nous n’en avions pas encore le droit.

Nous n’observons pas non plus de ruée vers les places. Le public a déjà vécu, tout comme nous, la déception de la non-réouverture de décembre dernier, il est donc plus sceptique et attend de voir si celle-ci aura bien lieu. Il y a un rythme de reprise plus lent cette fois-ci, qui s’observe aussi chez les artistes ou les équipes de production, qui disposent de peu de temps pour se remettre en piste.