Patrimoine : 18,7 M€ pour 100 sites grâce au Loto
Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition
Piloté par la Fondation du Patrimoine, un loto a permis de verser 18,7 M€ à 100 sites pour financer leur rénovation. Partenaire de l’opération, la start-up de billetterie en ligne Patrivia détaille comment le secteur a été affecté par la pandémie, avec son fondateur Christian Clarke de Dromantin.
À quoi est destiné l’argent distribué aux 100 sites dotés par le Loto du Patrimoine et comment s’est déroulée la sélection ?
Les 18,7 M€ sont entièrement fléchés vers la rénovation des lieux. La Fondation du Patrimoine est une entité privée, cette dotation est donc bien séparée du plan de relance public de la culture et du tourisme. Les 100 sites sélectionnés ne sont pas forcément référencés sur notre site Patrivia, et quelques6uns ne sont pas toujours ouverts au public. La Fondation du Patrimoine a procédé à la sélection : son rôle est de gérer des monuments privés ou publics, elle a donc mis en place un comité pour choisir les dossiers (il y en a eu 600) et estimé les montants à attribuer en fonction des projets et des besoins.
Comment le secteur patrimonial a-t-il été affecté par la crise ?
Les réalités sont disparates, mais le constat global est inquiétant : avant la crise le patrimoine n’allait déjà pas très bien objectivement, et la crise n’a fait qu’empirer la situation. Il faut s’imaginer que tous les lieux ne sont pas forcément ouverts au public, que certains parmi ceux qui le sont ne sont pas aidés par l’État, et que beaucoup mettent des années, voire des décennies, à être rentables. Le Château de Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne), par exemple, a ouvert au public en 1968 et n’est bénéficiaire que depuis 4 ans - des bénéfices qui ont été réinvestis dans des travaux. Il faut se figurer qu’un château de 1 000 m2, c’est au moins 80 000 € d’entretien par an.
Un château de 1 000 m2, c’est au moins 80 000 € d’entretien par an.
La crise a inévitablement créé un immense manque à gagner pour les sites ouverts au public, des pertes compensées de façon diverses selon la nature des structures - certains ont touché des aides dédiées aux entreprises, l’État a aussi aidé des structures dont il avait déjà la charge, etc. Côté fréquentation, ceux qui s’en sont le mieux sorti sont situés en province et dépendent moins du flux touristique.
La mise en place du pass sanitaire a d’abord provoqué une panique chez les gestionnaires de sites, l’info passait mal, les préfectures elles-mêmes étaient dans le flou et la fréquentation a d’abord reculé dans un premier temps, à raison de 30 % sur une période où ces endroits peuvent faire jusqu’à 50 % de leurs visites. Si certains lieux ont connu un rythme presque normal sur les dernières vacances de Noël, d’autres n’ont même pas accroché leurs décorations de Noël, de peur que cela soit à nouveau inutile.
Quel a été l’impact sur l’activité de Patrivia et comment la start-up a-t-elle pu soutenir le secteur ?
Patrivia propose une solution de réservation et de billetterie en ligne pour les sites patrimoniaux. Elle est sans frais si le lieu n’utilise qu’un simple lien pour assurer le paiement en ligne, mais nous appliquons une commission de 20 % si le lieu veut figurer sur notre site et bénéficier d’une promotion particulière. En 2016 lorsque nous avons lancé notre start-up, une vaste majorité du secteur ne disposait pas de solution de paiement en ligne, alors que 30 % des achats touristiques en Europe se réalisaient déjà en ligne. Aujourd’hui, le Château de Cheverny (Loir-et-Cher) n’est toujours pas réservable en ligne.
Côté fréquentation, ceux qui s’en sont le mieux sorti sont situés en province, et dépendent moins du flux touristique.
Nous avons forcément accusé neuf mois de vente en moins, mais aussi d’action en direction du public, mais cela ne nous a pas empêché de continuer la progression de nos ventes. 150 nouveaux sites ont rejoint Patrivia en 2021, nombreux sont situés en régions - nous en comptons désormais 600 au total.
Au fil de la crise, nous sommes venus en aide au secteur, à notre échelle. Nous avons reversé 10 % de la marge que nous faisons sur le Pass Patrimoine (qui permet de visiter en illimité tous les lieux référencés chez nous) vers les projets fléchés par la Mission Stéphane Bern. Nous avons lancé le hashtag « Cet été je visite la France » pour encourager le grand public à fréquenter ces sites, et il a été vu 30 millions de fois sur les réseaux sociaux. Enfin, pendant la mise en place du pass sanitaire, nous avons distribué une centaines de smartphones reconditionnés pour scanner les QR Codes.