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#rentrée2020 : « Donner aux jeunes artistes le signal de continuer à créer » (Rita Sa Rego, Inouïs)

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Comment la culture prépare-t-elle sa rentrée 2020 alors que persistent les incertitudes autour de la crise de la Covid-19 ? Culture Matin interroge différents acteurs du secteur au fil de l’été. Aujourd’hui, Rita Sa Rego, directrice du dispositif d’accompagnement d’artistes en développement, les Inouïs du Printemps de Bourges, qui prendra une forme inédite du 16 au 18 septembre cette année.

Calling Marian à l’édition 2019 des Inouïs.  - © Christophe Crenel
Calling Marian à l’édition 2019 des Inouïs. - © Christophe Crenel

Comment les artistes qui lancent actuellement leur projet envisagent-ils la relance de leur activité ?

Je me suis rendue au Chantier des Francos de la Rochelle cette année, quelques événements ont eu lieu dans ce cadre. Il faut se mettre à la place de ces très jeunes artistes, qui ont parfois entre 18 et 22 ans, et qui se consacrent entièrement à leur projet. Moralement, certains ont eu énormément de mal pendant cette crise, et pourraient même abandonner leur carrière naissante. Beaucoup de peur, de remise en cause de leur investissement. 

Du côté des producteurs comme du côté des labels, les signatures sont gelées.

Impossible de ne pas craindre qu’il y ait en quelque sorte une génération sacrifiée de jeunes artistes. Pendant quelques mois il ne s’est rien passé, et, soyons réalistes, il ne se passera pas grand chose dans les mois qui viennent - on ne lance pas une carrière comme ça. Certes, on peut faire quelques choses avec internet et le streaming, mais ça ne suffit pas. Une carrière d’artiste dépend du public, quoiqu’on en dise. 

Les reports de concerts provoquent déjà un embouteillage : on ne peut déjà plus trouver de dates avant un an. Du côté des producteurs comme du côté des labels, les signatures sont gelées à l’exception de celles pour lesquelles ils s’étaient déjà engagés, et pour lesquelles ils n’ont aucune perspective de live. Il faut l’accepter : il y aura des dégâts, c’est inévitable. 

Après, l’humain a des ressources et sait contourner les problèmes. On devra peut-être inventer des formes de concerts réduits, éventuellement avec un public assis. Pour l’instant, les mentalités sont tout à fait opposées à des concerts de rock assis, et c’est compréhensible. De tout façon, ce n’est pas viable économiquement.

Les concerts des Inouïs sont un moment clef pour le lancement professionnel de jeunes artistes. Sous quelle forme se tiendront-ils cette année ? 

Le Printemps de Bourges a été annulé, et les Inouïs avec lui, alors que notre sélection était déjà prête. Tout de suite, nous avons cherché à trouver une solution pour ne pas laisser tomber les artistes de cette année. 

logo des InouÏs du Printemps de Bourges - © D.R.
logo des InouÏs du Printemps de Bourges - © D.R.

Nous avons donc créé un événement en septembre, à Bourges, car il nous semblait nécessaire que cela ait quand mêle lieu là-bas. Les collectivités locales nous soutiennent et sont même très enthousiastes. Nous espérons que l’on pourra aller jusqu’au bout du projet. Nous avons changé de lieu, car le 22 d’Auron n’aurait pu accueillir que 30 personnes en respectant les restrictions sanitaires. Nous avons donc reporté notre programmation dans un lieu plus grand, le Palais d’Auron, d’une jauge habituelle de 2 500 personnes debout, qui pourra en accueillir 650 assis, ce qui nous permet en fin de compte d’augmenter notre jauge habituelle. Le dernier soir, on ajoute également à ces showcases de nouveaux artistes, deux concerts d’artistes qui sont passés par les Inouïs ou le Printemps - Aloïse Sauvage et Pomme, comme un petit cadeau au public. 

Nous avons aussi mis sur pied le Printemps Imaginaire, une carte blanche en ligne à des artistes qui ont joué aux Inouïs ou au Printemps de Bourges. Ils ont partagé des contributions artistiques, dessins, chansons, etc, sur ce que représentait le Printemps de Bourges pour eux. Cela a rencontré un succès inattendu. 

Les Inouïs sont aussi un dispositif d’accompagnement complet, avec formation et tournée. Ce calendrier sera-t-il maintenu ? 

Tant que possible oui, nous le souhaitons. Concernant le stage de structuration, il aura lieu en septembre à Bourges, autour des concerts. Les artistes arriveront dès le dimanche, ça sera une sorte de colonie de vacances des Inouïs, sous la direction de Flavien Berger. Nous maintiendrons également la bourse d’accompagnement à la préparation du live. 

Rita Sa Rego - © Christophe Crenel
Rita Sa Rego - © Christophe Crenel

Nous faisons normalement tourner nos artistes lauréats sur un circuit de festivals partenaires, dont les éditions ont été annulées cette année. Nous travaillons à leur report sur l’édition suivante, c’est déjà confirmé dans la plupart des cas. 

Un appel à candidature pour la sélection 2021 sera lancé en octobre, nous y tenons. Nous voulons lancer un signal clair aux jeunes artistes, pour leur dire de continuer à créer, et qu’il y aura de la place en 2021.