Livestream : de « l’escape théâtre » en ligne avec la compagnie Isabelle Starkier
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Théâtre en plein air, « escape théâtre en ligne » : la Compagnie Isabelle Starkier a pu continuer à jouer en dépit des restrictions sanitaires, hors du circuit de diffusion traditionnel. Sa fondatrice détaille une année à naviguer entre des formes parfois créées en pleine crise.
Quelles formes prennent vos expériences « d’escape théâtre » ?
Nous partons d’une énigme et écrivons un scénario partiellement basé sur des textes existants (Molière, Lewis Carroll, etc), même si une partie des dialogues est improvisée. Certaines pièces mobilisent trois comédiens, d’autres plus. Nous convoquons des spectateurs sur une durée pouvant aller jusqu’à 2h30, et les faisons participer à l’enquête en tant qu’inspecteur ou journaliste. Un meneur de jeu encadre la session, et certains témoignages pré-enregistrés sont diffusés pour la narration.
L’illusion théâtrale opère même sur Zoom.
Nous réunissons 100 à 150 spectateurs à chaque pièce, dans une soixantaine de fenêtres de jeu selon les situations. C’est la structure qui a acheté la pièce qui gère les inscriptions, et cela se passe ensuite sur Zoom (les comédiens sont chez eux, à quelques rares exceptions, et le public chez soi). Étonnamment, le support permet de restituer une forme d’illusion théâtrale, le public croit réellement en l’existence des personnages - notamment chez ceux qui ne sont pas familiers avec le théâtre.
Nous avons commencé cette formule à la fin du premier confinement, et nous avons tout de suite rencontré un grand intérêt du public. J’ai ainsi pu rémunérer les comédiens grâce à ces créations en ligne dès mai 2020. Nous proposons cinq spectacles différents sous ce format.
Quelles entités vous ont commandé de l’escape théâtre et à quel prix ?
De nombreuses universités nous en ont acheté (Toulouse, Évry, Limoges), mais aussi des villes (Quincy-sous-Sénart), des médiathèques, des comités d’entreprise et bien sûr des théâtres. Une pièce coute 2 500 euros, mais ce tarif augmente s’il s’agit d’une création. Nous recevons des commandes dans ce sens : certains nous demandent de concevoir un projet entier autour d’une thématique, comme l’écologie récemment.
Quelles autres formes de théâtre votre compagnie a-t-elle pu jouer malgré les restrictions sanitaires ?
Notre compagnie existe depuis 1985 et joue principalement des pièces conçues pour la boîte noire, donc, comme tout le monde, nous avons connu une grande baisse d’activité. Cependant, certaines des formes que nous jouons, notamment des commandes sur des sujets précis (harcèlement, discrimination, etc) ont pu continuer à tourner dans certains cadres. Les pièces d’escape théâtre sont une nouveauté datant du premier confinement, mais d’autres formes pré-existaient à la crise nous ont aussi permis de tourner, en particulier l’été dernier.
Des petites formes ont circulé dans des lieux plus improbables.
Nous avons par exemple réadapté deux spectacles (Boxing Shadows et Un Gros Grand Gras - Gargantua) pour l’extérieur : nous avons ainsi joué dans des HLM à Villeneuve-Saint-Georges, dans « L’Été Particulier » de la Ville de Paris, un musée à Sens, et nous jouerons au Jardin des Carmes à Avignon. Dans le cas du HLM, cela nous a juste demandé un petit décor, quelques costumes, un peu de vidéo et nous avons pu jouer devant un public de huit enfants, mais aussi pour tout le voisinage qui a ouvert ses fenêtres pour profiter du spectacle.
Nous avons aussi des petites formes qui ont circulé dans des lieux plus improbables. Nous proposons des « Chroniques Intempestives », de courtes interventions non annoncées de moins de deux minutes, et un centre commercial en Alsace nous en a passé commande. Ainsi nous animions les files d’attente pendant Noël, à la surprise des clients qui se prêtaient au jeu.
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Prochaines dates des « escape théâtres » de la Compagnie Isabelle Starkier : 17 et 19 mai, 5 juin pour « Mais qui a vraiment tué Don Juan », 12 mai pour « Divine Diva », 6 juin pour « L’Énigme du Lapin Blanc ».