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Festivals d’été : le No Logo tente le maintien avec camping

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Directeur du No Logo à Fraisans (Jura), Florent Sanseigne a scruté les décrets en vigueur pour proposer un festival optimal (debout, avec camping) dans les conditions réglementaires, du 13 au 15 août prochains. La préfecture doit bientôt valider ou non son protocole.

Le No Logo en 2019.  - © L’Oeil de Rousseau
Le No Logo en 2019. - © L’Oeil de Rousseau

Des dépistages sur site ? 

  • « Il est exigé des festivaliers qu’ils se présentent avec un test PCR négatif de moins de 48 heures (celui exigé aux frontières de l’espace Schengen peut pourtant être daté de 72 heures). Les festivaliers iront donc se faire dépister dans des centres extérieurs - d’après un sondage par email de notre public, 73 % sont prêts à le faire (seuls 33 % consentiraient à présenter un certificat de vaccination). 

  • Il sera pourtant nécessaire de montrer un test négatif valide à l’entrée du site et du camping à chaque entrée. Or, le festival s’étale sur trois jours, et son site est séparé du camping par la rue principale du village. Nous installerons donc un stand de dépistage géré par la Protection civile, qui procèdera au dépistage de tous les festivaliers en deux sessions le deuxième jour du festival, à raison de 15 minutes par test. D’après le sondage, seuls 55 % de nos festivaliers consentiraient à être retestés sur place. Nous ne savons pas encore si cette logistique sera prise en charge par les autorités locales ou non. »

Le pass sanitaire : pour les festivaliers seulement ?

  • « Les décrets stipulent que les festivaliers doivent présenter un pass sanitaire, mais ce n’est pas le cas pour le staff du festival. Pour des questions de droit du travail et de liberté individuelle, aucun employeur ne peut exiger des salariés qu’ils soient dépistés ou vaccinés. Ainsi, il s’agirait d’un festival avec un public dépisté, mais avec une organisation et des artistes qui ne le sont pas. »

Quel camping par temps de Covid ? 

  • « Rien ne stipule dans les décrets qu’il est interdit de proposer un camping. Nous respectons donc sur le site du festival les 4 m2 par personne, et 12 m2 sur le site du camping, à raison de 24 m2 par emplacement de tente. »

Le site du festival, à Fraisans (Jura). - © L’Oeil de Rousseau
Le site du festival, à Fraisans (Jura). - © L’Oeil de Rousseau

Un staff réajusté ? 

  • « Nous accueillons normalement jusqu’à 15 000 spectateurs avec un staff de 450 à 500 personnes (dont aucune n’est bénévole), mais cette année nous sommes limités à 5 000. Nous devrions diviser par trois nos effectifs, mais en raison de la lourdeur du protocole, nous comptons en embaucher entre 250 et 300. »

Une programmation plus émergente

  • « Suite à l’annulation de l’été 2020, nous avons cherché le moyen le plus prudent de maintenir le festival. Au lieu de vendre du rêve avec une énorme affiche, nous nous sommes contentés d'annoncer neuf artistes dont nous savons qu’ils pourraient se produire quelle que soit la jauge règlementaire cet été. »

  • « Nous avons mis des options sur des artistes pour compléter cette affiche, et ce sont forcément des artistes locaux ou nationaux, émergents ou de profil intermédiaire. Cette situation nous permet alors de composer une programmation bien plus aventureuse et de sortir des impératifs de  »têtes d’affiche«  habituels, puisque le public s’est dit prêt à venir quelle que soit l’affiche. Cela devrait donner l’occasion à de jeunes artistes de jouer sur une grande scène, et nous permet de renouveler le paysage des musiques world et reggae, dont beaucoup jugent qu’il tourne en rond. »

Quel protocole sanitaire sera appliqué sur place ? 

  • « Le port du masque, les gestes barrières, la distanciation, le lavage des mains par gel seront appliqués partout. En revanche, nous renonçons à découper l’espace en carrés, c’est impossible sur un tel événement. Nous désignerons des référents Covid en charge de sensibiliser les festivaliers de façon aussi détendue que possible. Les bars, tables, douches, seront désinfectées régulièrement. Après, nous avons une obligation de mise en place de ce protocole, mais pas de résultat. »

Quel risque financier ? 

  • « Nous avons pratiquement déjà liquidé tout nos fonds. Le No Logo ne touche aucune subvention et n’a aucun sponsor. Le Centre National de la Musique garantit de couvrir 85 % des pertes jusqu’à 235 000 euros, et 50 % au-delà - nous ne sommes même pas sûrs que cela nous suffirait. Nous avons signé les contrats avec certains artistes, et nos prestataires son, technique et sécurité. Concernant la restauration et les bars, nous travaillerons avec des locaux qui sont des proches et qui seront réactifs quand nous pourrons confirmer l’événement. »