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Festivals d’été : pourquoi le protocole sanitaire proposé par l’Aluna Festival a-t-il été refusé ?

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Le mois dernier, Culture Matin relayait les efforts de l'Aluna Festival à Ruoms (Ardèche) pour maintenir un événement en configuration debout et pour se positionner en « festival-test » fin juin. Le Ministère de la Culture n’a pas validé le protocole soumis début avril, et le festival est reporté à l’an prochain. Son directeur Jean Boucher détaille la procédure et son issue négative.

L’espace aurait été divisé en 4 zones selon la provenance géographique du public. - © Francis Vernhet
L’espace aurait été divisé en 4 zones selon la provenance géographique du public. - © Francis Vernhet

Quel protocole avez-vous soumis au Ministère de la Culture pour accueillir plus de public que ne le permettent les restrictions en vigueur ?

Faire le festival en assis ne nous intéressait pas - il fait selon moi trop chaud dans le sud pour garder le public assis en extérieur. Nous avions alors imaginé une répartition du public en quatre zones séparées et délimitées d’environ 3 000 spectateurs chacune, debout, avec port du masque obligatoire. Chaque zone aurait été attribuée à une provenance géographique grâce à un réseau de navettes dédié, avec son portique d’entrée, son chemin d’accès, ses espaces de vente à emporter et ses sanitaires. La zone « crash barrière » devait être aménagée spécifiquement. Une attestation de vaccination ou un test négatif de moins de 72 heures auraient été demandés à l’entrée.

Tout était adapté à la surface et à la configuration du site pour gérer les flux de publics et éviter les croisements. Nous avions le soutien des députés de l’Ardèche, du Président du Conseil Départemental, de la Communauté de Communes des Gorges d’Ardèche et du Maire de Ruoms.

Comment le refus de ce protocole a-t-il été formulé et justifié ?

Nous avions déposé ce projet le 7 avril, et la réponse nous est arrivée le 23 avril. La conseillère en charge de la création, du spectacle vivant et des festivals m’a contacté par téléphone pour me justifier la décision. 

Le Ministère de la Culture ne prend plus de décision jusqu’à nouvel ordre.

Tout d’abord, il n’était pas possible de se positionner comme festival-test aussi facilement. Des concerts-tests sont en cours d’élaboration depuis 6 mois maintenant, et cela nécessite la collaboration d’instances scientifiques. 

Par ailleurs, le Ministère de la Culture ne prend plus de décision jusqu’à nouvel ordre, et attend les prochaines décisions du Président, qui annoncera un calendrier.

Enfin, des allègements seront considérés à partir de la réouverture de la mi-mai. Toutes les quatre semaines, la situation sanitaire sera réévaluée et, en fonction, un allègement sera concédé : levée de la distanciation, jauges plus conséquentes, configuration mixte assis/debout, puis, éventuellement, cet automne, des concerts debout si cela est possible.

Qu’envisagez-vous pour l’édition 2022 et comment le festival se maintiendra-t-il économiquement ? 

Nous ajouterons une journée à l’édition 2022, étant donné qu’il y aura un engorgement sur les tournées des têtes d’affiche, nous préférons pouvoir proposer un créneau supplémentaire. 

Pour les aides, mes salariés devraient pouvoir continuer à bénéficier du chômage partiel, et nous touchons le fonds de solidarité. Le soutien aux festivals qui se sont maintenus a été détaillé, mais pas celui aux festivals annulés, et nous attendons donc encore de voir comment nous serons accompagnés sur le long terme.