Avignon Off : le grand retour des compagnies pour l’édition 2022
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Du 7 au 30 juillet 2022, le Off revient, après une « semi-édition » l’an dernier. Affichage, statistiques, restauration, aides : Jeremy Bourges de l’Association Festival & Compagnies détaille les nouveautés mises en place pour ce premier été post-pandémie.
Les compagnies font-elles leur vrai retour dans le Off pour cette édition 2022 ?
C’est l’édition à ne pas rater !
Avec 1 540 spectacles, le OffF observe une hausse de 44 % du volumes de spectacles programmés par rapport à 2021, ce qui nous ramène au niveau d’avant-crise. Les compagnies ont été plutôt bien soutenues et s’en sont sorties. Après une édition annulée en 2020 et une semi-édition en 2021, cette édition 2022 se doit d’être la bonne, celle qu’il ne faut pas rater. Les compagnies vivent des tournées, elles se doivent donc de jouer le jeu. Il reste aussi encore beaucoup de dates reportées, qui doivent être placées cette année pour rencontrer enfin leur public. Reste à voir s’il sera enfin au rendez-vous dans les mêmes proportions qu’avant-crise.
Le paysage des salles de spectacle est-il le même qu’en 2019 ?
Je n’ai pas entendu parler de lieux qui ferment mais plutôt de lieux qui ouvrent ! Les salles ont dans l’ensemble été bien aidées, la DRAC a été efficace dans son soutien.
La fin des restrictions a sonné la fin des aides. Quels programmes de soutien restent néanmoins disponibles cette année ?
Il n’y aura effectivement plus d’aides de l’État cette année, nous revenons sur un fonctionnement standard. Il reste cependant des fonds spécifiques. L’association du Off propose depuis cinq ans un fonds de professionnalisation qui attire un nombre important de demandes - nous en sommes à plus de 200 mais nous ne pourrons hélas pas satisfaire tout le monde. Il dote des créations en fonction d’un nombre d’artistes au plateau, à hauteur de 1000 euros par personne, sans critère artistique. Son financement provient de pourcentages sur les cartes d’accréditation (cette année payantes, mais le plus souvent financées par les structures dans lesquels travaillent les professionnels qui la demandent), sur les tickets Off, sur des aides des organismes de gestions collectives, un peu de mécénat et les fonds propres de l’Association.
Nous avons signé une convention avec une dizaine de restaurants pour qu’ils proposent aux détenteurs de la carte Compagnie un repas pour 8 €.
En partenariat avec l’Association, les Écrivaines et Écrivains associés du théâtre (EAT) ont lancé un nouveau dispositif qui viendra en aide à des compagnies à partir de 2023, mais pour lesquelles les sélections ont déjà eu lieu (et des présentations de maquettes se tiendront le 12 juillet au Conservatoire du Grand Avignon). Il s’agit de Constellations, un programme réservé à la mise en scène d’un texte contemporain, qui consiste en des résidences à l’année. Chaque année il soutiendra cinq textes et leurs mises en scène.
Vous expérimentez aussi cette année des dispositifs pour faciliter la vie des compagnies pendant le festival. Quels sont-ils ?
Ce sont des démarches à petite échelle pour l’instant, que nous espérons déployer davantage sur les éditions suivantes. Nous avons signé une convention avec une dizaine de restaurants pour qu’ils permettent aux détenteurs de la carte Compagnie de se payer un repas (frais, local) pour 8 € - un tarif à 7 € avait été accordé dans un premier temps, mais la hausse des prix de l’énergie a nécessité de l’augmenter. C’est un renvoi d’ascenseur de la part du secteur de la restauration, conscient, comme d’autres commerces avignonnais, que les 70 M€ de retombées économiques du festival se font en partie en raison de la présence de ces compagnies qui prennent pourtant les plus grands risques économiques. Nous espérons que d’autres établissements participeront l’an prochain.
Nous proposons un Eco-Pack à 460 € qui permet de travailler avec des imprimeurs vertueux.
Une autre initiative est aussi lancée cette année, mais elle demeure encore au stade informel. Elle concerne les logements, dont les prix se multiplient par quatre ou six pendant le festival. J’ai contacté une trentaine de personnes qui seraient prêtes à louer à des tarifs raisonnables (autour de 500 €) des chambres chez l’habitant à des compagnies de confiance.
Enfin, cette année, le festival s’allonge de quelques jours, abandonne son dernier dimanche (souvent trop faible en termes de fréquentation), commence en même temps que le « In », et joue le jeu des relâches.
Quelle sera la politique de la Ville en matière d’affichage sur la voie publique cette année ?
La Mairie reste en un sens attachée à cette partie du folklore du festival, mais l’affichage sauvage est bel est bien interdit, certaines zones ont été sanctuarisées (comme inscrit dans la Charte du Off), et environ 80 verbalisations ont eu lieu l’an dernier. Ces verbalisations se font au frais des compagnies, soit sur le moment ou en les contactant ultérieurement, le plus souvent pour des affiches placées sur des arbres, la signalisation ou des gouttières.
L’Association est très mobilisée sur le sujet, mais nous ne pouvons pas contrôler le nombre d’affiches accrochées chaque année. Nous proposons un Eco-Pack à 460 € qui permet de travailler avec des imprimeurs vertueux (CCI à Marseille, ORTA à Avignon, Chiripo à Montpellier), sur du papier recyclé, avec un macaron dédié. Un afficheur privé fait des offres très dégressives sur Avignon, en louant un local sur la rue des Teinturiers et en faisant travailler des jeunes qui accrochent des guirlandes recto-verso sans respecter la charte. En cas de verbalisation, il ne prend pas la responsabilité à sa charge, c’est la compagnie qui paye. Nous incitons donc les compagnies à opter pour d’autres solutions.