Ventes, finances

Associations : comment une jeune compagnie de théâtre aborde le crowdfunding pour le Off d’Avignon

Par Thomas Corlin | Le | Subventions, mécénat, aides

Avec HelloAsso, Culture Matin se penche sur la vie culturelle portée par des structures associatives. Aujourd’hui, la jeune Compagnie Weshe (Aisne) révèle les chausse-trappes du calendrier des subventions qui l’ont conduite à recourir à un crowdfunding pour soutenir sa prochaine création, Je ne suis pas un héros, programmé dans le Off à la Factory d’Avignon.

La pièce est programmée du 7 au 30 juillet prochain à Avignon. - © Eric Bobrie
La pièce est programmée du 7 au 30 juillet prochain à Avignon. - © Eric Bobrie

Qu’est ce qui vous a fait recourir à un crowdfunding pour soutenir votre compagnie ?

Les demandes de subventions ont été faites en octobre, mais plusieurs commissions ont été annulées en raison des contraintes sanitaires, entraînant de gros retards sur les attributions.

Je ne suis pas un héros a émergé pendant la pandémie et connu ses premières répétitions à domicile. Celles-ci ont débouché sur une première présentation sous forme de maquette, dans le cadre du tremplin Propulsion des Plateaux Sauvages (Paris 20e). C’est là qu’elle a été programmée, sur la base d’une première étape de travail d’une trentaine de minutes, par la Factory à Avignon pour le Off 2022. Il nous faudra donc verser les trois échéances de cette location de salle, de 7 600 €, mais nous avons mis un point d’honneur à ne pas avoir à payer nous-mêmes pour travailler, à ne pas « s’autofinancer ». La création du spectacle s’est faite jusqu’ici sans aucun apport financier. 

Notre compagnie a décidé de se professionnaliser en employant les services de chargées de diffusion qui nous guident et nous soutiennent, les Aventurines. Elles ont pris à leur charge le premier versement et se rembourseront sur notre billetterie. Pour les deux autres versements, nous n’avons pas d’autres fonds. Les aides que nous avons sollicitées tomberont en juin (si elles tombent), après la création du spectacle, et la prochaine échéance tombe en avril. Le crowdfunding s’est révélé être l’unique option. 

Votre collecte a déjà réuni 3 350 €, et s’achève le 15 avril. Connaissez-vous vos 16 premiers donateurs ?

En l’occurrence, oui, ils sont de notre entourage, et je ne m’attendais pas à une telle générosité. Je n’ai finalement pas fait circuler l’appel à dons hors de notre propre réseau, hésitant à récolter des fonds de personnes que je ne connaissais pas et ne pourrais pas remercier personnellement - c’est une question éthique que je n’ai pas encore résolue. Je n’ai donc utilisé HelloAsso qu’en tant que solution de paiement en ligne - nous l’avions déjà utilisée pour la billetterie d’un festival que nous avons organisé par le passé. 

Ce type d’anomalie du calendrier est-elle fréquente pour une compagnie en création ?

C’est la réalité d’une compagnie émergente et pas encore identifiée : obtenir des aides est complexe.

C’est en tout cas une expérience commune à bien des compagnies qui sont en création ce printemps, notamment dans les Hauts-de-France où nous sommes basés. En ce qui nous concerne, les demandes de subventions ont été faites en octobre, mais plusieurs commissions ont été annulées en raison des contraintes sanitaires, entraînant de gros retards sur les attributions. Nous avons sollicité des aides du département, de la région, mais aussi de la ville de Château-Thierry, dont nous avons rencontré l’équipe municipale - dans leur cas, les premières aides à une compagnie sont plafonnées. Nous allons également solliciter les aides spécifiques de la Spedidam.

C’est aussi la réalité d’une compagnie émergente et pas encore identifiée : obtenir des aides est complexe dans notre position, puisque nous ne sommes pas encore tout à fait insérés dans le circuit - mais si nous ne sommes pas aidés une première fois, nous n’y accèderons jamais et n’aurons jamais de visibilité. Le serpent se mord donc la queue.

Nous avons eu la chance d’être repérés par l’équipe de Factory, qui est consciente de la nécessité de ce travail de défrichage et de prise de risque, mais aussi de la fragilité de notre condition financière, qu’elle ne souhaite pas aggraver. 

Comment s’est créée votre compagnie ?

Il s’agit de deux comédiennes, Chloé Zufferey et Camille Dordoigne, et moi-même, également comédien. Nous nous sommes réunis à la fois autour d’une esthétique contemporaine et d’une écriture en adresse directe au public, souvent en extérieur. Chloé et Camille sont en écoles supérieures, je travaille pour ma part en tant que comédien sur d’autres projets, mais La Weshe est le projet que nous portons nous-mêmes.

J’ai monté La Weshe en association deux mois avant le début de la pandémie, en janvier 2020, sur la base d’un premier seul en scène interprété par Chloé, De 10 à 13. Celui-ci n’a pu être montré qu’une fois en Suisse, en passant d’ailleurs par la structure d’une autre compagnie pour des raisons administratives. Nous envisageons d’ailleurs de monter ces deux pièces ensemble à Avignon en tandem si cela se présente, même si elles sont différentes. 

Je ne suis pas un héroest également un seul-en-scène qui croise le mythe d’Orphée (que j’avais exploré en lisant des extraits d’Ovide par téléphone pour le Théâtre de la Colline (Paris 20e), pendant la pandémie), et un chanteur de rock fan de Balavoine.

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