Production

« Nous avons maintenu 80 % de nos dates sur l’automne, à jauges réduites » (C. Bosq, 3C Tour)

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

La structure de production 3C tour (Renan Luce, Da Silva, La Grande Sophie…) a pu mettre sur pied une saison presque complète, reposant sur des dates à perte en raison des limitations de jauges. Pour son gérant Christophe Bosq, l’impératif demeure de faire jouer ses artistes, quoiqu’il en coûte.

Renand Luce, artiste du catalogue de 3C tour, jouera en configuration assise cet automne. - © D.R.
Renand Luce, artiste du catalogue de 3C tour, jouera en configuration assise cet automne. - © D.R.

Votre saison d’automne affiche en fin de compte une activité presque normale. Comment y êtes-vous parvenu ?

J’ai clairement annoncé à tous nos artistes et employés, aux salles avec lesquelles nous travaillons et aux prestataires que nous employons, que nous voulons donner autant de concerts que possible, coûte que coûte. L’important, c’est de jouer, quelles que soient les conditions. C’est trop important. Hors de question également de faire des concerts au rabais : les artistes qui le souhaitent doivent pouvoir faire le concert qu’ils désirent. 

Nous sommes partis du principe que toute la France pourrait basculer en zone rouge, ainsi nous avons doublé certains concerts.

En partant de là, nous avons composé avec les restrictions sanitaires, les limitations de jauges et les configurations assises. Par chance, une grande partie de notre catalogue actuellement actif s’accommode facilement des salles assises, et ce ne sont pas des artistes à grande jauge, de toute façon. Certains de nos artistes de chanson sont déjà habitués à jouer dans ces conditions et certaines dates étaient même déjà prévues ainsi. 

Dès début mars, en voyant venir la situation actuelle, j’avais déjà mis des options sur l’automne pour décaler certains concerts. Nous avons ensuite complété la saison avec d’autres dates. Toutes sont en jauges limitées, donc à perte financièrement. Nous sommes partis du principe que toute la France pourrait basculer en zone rouge, ainsi nous avons doublé certains concerts, ce qui empire leur rentabilité économique. Nous comptons sur les aides pour rattraper tant que possible ces pertes. 

En quantité, nous avons environ posé 80 % des dates d’une saison d’automne normale, ceci sans prendre en compte l’aspect financier. C’est une saison expérimentale. Nous n’avons encore aucune visibilité sur l’hiver, personne ne prend le risque de confirmer des dates jusque là. Cependant, j’image déjà des petites formes pour l’été prochain, adaptées à des théâtres de verdure ou à des petites scènes. 

Les billetteries suivent-elles ? 

Le groupe We Hate You Please Die du catalogue de 3C Tour jouera 4 dates cet automne.  - © D.R.
Le groupe We Hate You Please Die du catalogue de 3C Tour jouera 4 dates cet automne. - © D.R.

C’est le point noir, les gens demeurent très frileux. Les pointages hebdomadaires le prouvent. Nous demandons à nos artistes et aux salles d’envoyer des signaux très forts dans leur communication, de rappeler qu’il s’agit de professionnels qui savent ce qu’ils font. Nous le voyons : des concerts avec des gens debout devant leurs sièges sont possibles, c’était le cas du Festival des Festivals organisé par Rock En Seine. 

Il s’agira ensuite de demander au public d’être responsable et de bien respecter les mesures sanitaires, il en va de la tenue d’autres concerts ensuite et du maintien de l’activité des salles. 

Adaptez-vous les propositions artistiques à ces conditions ?

Nous demandons à nos artistes et aux salles d’envoyer des signaux très forts dans leur communication.

Certains artistes passent en acoustique, adaptent leur répertoire à ces circonstances inédites, et ils ont raison, il faut tout essayer. 3C n’a pas demandé aux artistes de changer leur programme ou leur style pour l’occasion. Il nous semble que si le public vient voir un concert, c’est pour entendre un concert fidèle à ce que fait l’artiste. Ainsi, un groupe à guitare qui joue fort jouera fort, et ne passera pas en acoustique. Un de nos groupes, We Hate You Please Die, a pu maintenir quatre dates sur quinze cet automne, et ne changera pas sa formule. Quelques artistes, très peu, ont préféré renoncer à tourner dans ces conditions, et naturellement nous respectons leur choix. 

À combien s’estiment vos pertes jusque là ?

Nous avons annulé environ 290 concerts de mars à fin août. Environ 20 ont pu avoir lieu cet été. Nous faisons normalement un chiffre d’affaire de 2 millions d’euros sur la période mi-mars fin août ; sur la même période, celui-ci s’élève cette année à 50 000 €. Nous sommes huit salariés, tous (sauf moi) ayant connu le chômage partiel. 

Nous comptons sur les aides. Le Premier ministre a annoncé qu’il couvrirait les pertes, nous voulons y croire. Sans le chômage partiel et ces aides, 50 à 60 % des structures de production auraient déjà déposé leur bilan, selon le Prodiss.