Festivals d’été : Ecaussystème, à Gignac (Lot), lance une édition en suivant le protocole
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
À Gignac (Lot), l’Ecaussysteme fait partie des festivals musicaux qui jouent le jeu du maintien, sur son créneau initial du 27 juillet au 1er août. Gradins aux normes, réadaptation de la proposition, public plus local, pari sur des allègements dans les mois à venir : Benoît Chastanet, fondateur de l’événement, explique les enjeux de cette 19e édition.
Comment se présente votre édition 2021 ?
À l’origine nous avions reporté 100 % de notre programmation de l’édition 2020 annulée, et 70 % des spectateurs avaient conservé leurs billets. Nous avions encore en tête une édition « normale » pour cette année (nous pouvions recevoir jusqu’à 35 000 personnes sur trois jours), jusqu’à ce que les annonces de février ne posent le cadre dans lequel nous avions le droit de travailler. Certes, ce cadre est contraignant, épuisant en termes logistiques, et ce n’est pas le métier que nous avons appris à faire, mais, étant donné que nous ne sommes pas en danger financièrement, et que les aides nous ont permis d’avoir le bagage financier au seuil de l’été pour continuer, je ne me sentirais pas à l’aise de ne pas essayer.
Il a donc fallu repartir sur un festival totalement différent, et proposer un remboursement intégral aux détenteurs de billets pour l’événement initial. La programmation ne collait plus, certains artistes eux-mêmes avaient renoncé à jouer dans ces conditions, pour des questions artistiques ou pour l’équilibre économique de leur tournée.
Je ne me sentirais pas à l’aise de ne pas essayer.
Au lieu de trois soirées, le festival en comprendra cinq cette année, de 19h30 à 0h30, avec trois artistes à chaque fois, contre cinq auparavant - en conservant les mêmes dates, à savoir le dernier week-end de juillet. Nous abandonnons les artistes internationaux au profit d’artistes soit locaux (un groupe « découverte » en première partie) ou nationaux (deux artistes confirmés sur le reste de la soirée). Nous ajoutons également une projection de film lors d’une soirée de pré-ouverture dans le village, qui s’adresse aux locaux.
Nous serons probablement privés du public national, qui représentait 35 % de nos festivaliers, et nous attendons à recevoir cette fois-ci un public plus local, dans un rayon de 80 km, auquel s’ajoutera peut-être un public touristique. Il n’y aura en tout cas pas de camping cette année.
Côté aménagement de l’espace, nous avions d’abord sollicité les mairies alentours pour nous prêter des sièges, mais la préfecture a requis un matériel normé, impliquant donc la location de tribunes horizontales et de gradins. Ainsi, nous disposerons de 1 000 places en gradin et de 1 500 places en tribunes au sol. Ces équipements nous coûtent près de 20 000 euros.
Quel calendrier vous êtes-vous imposé pour enclencher la commercialisation de l’événement et la signature des contrats ?
Nous attendons encore avant d’annoncer la programmation et la mise en vente. Nous visons la mi-mai pour confirmer l’événement, à l’issue des prochaines déclarations gouvernementales. Cela nous laisserait donc deux mois de commercialisation avant l’événement.
Nous restons prudents et n’avons pas encore signé d’accord avec les artistes et les prestataires. Certains producteurs se protègent avec de nouvelles closes dans les contrats, certaines stipulant des sommes définies ou négociables à verser si la pandémie annule le festival, ou si l’organisateur décide d’annuler face à de nouvelles restrictions rédhibitoires.
Comptez-vous sur un allègement des restrictions, actuellement à l’étude, pour maintenir votre événement ?
C’est toute la complexité de la situation. Selon le scénario qui serait actuellement étudié par le Ministère, et si la situation sanitaire le permet, un allègement graduel devrait être mis en place, à intervalles de quatre semaines. Après une première phase dans les jauges prescrites actuellement (à savoir 35 %), nous pourrions passer à 70 %, et c’est le modèle que nous visons pour rester à l’équilibre.
Le pari est risqué, car si la première phase à 35 % est maintenue, de nombreux festivals annuleront, et par effet domino, les tournées de certains artistes ne seront plus viables, et notre programmation tomberait à l’eau, sans le délai nécessaire pour en proposer une nouvelle.
Comptez-vous proposer de la restauration ?
Là encore, nous nous alignerons sur le protocole en vigueur pour les terrasses, l’événement étant entièrement en extérieur. Seulement, nous faudra-t-il disposer le même nombre de chaises dans un espace restauration dédié, avec service à table, qui devra lui-même être désinfecté après le passage de chaque festivalier ?
Pour l’instant, comment conservez-vous votre équilibre financier ?
Nos mécènes et partenaires attendent de voir ce qu’on leur propose et nous ont renouvelé leur soutien. Nous touchons de nombreuses aides disponibles du CNM, de l’État mais aussi des collectivités territoriales. C’est notamment pour ces dernières que je fais tout mon possible pour maintenir un événement coûte que coûte. Si nous ne proposons pas d’événement cette année, si nous n’essayons même pas, j’aurais des scrupules à leur demander un financement pour l’année suivante.