« Une priorité : rémunérer les musiciens » (P. Gautier, SNAM-CGT)
Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence
Dans sa dernière étude menée sur 900 artistes, l'Union Syndicale d’Artistes Musiciens de France (SNAM-CGT) affine son chiffrage de l’impact de la crise. La musique étant parmi les disciplines les plus exposées, son secrétaire général Philippe Gautier insiste sur la rémunération des répétitions et séances d’enregistrement pour la soutenir.
À ce stade, comment se jauge l’impact de la crise sanitaire sur le secteur musical ?
41 % de ceux qui n’ont pas d’activité annexe n’ont plus accès au congé maladie ou maternité.
Nous disposons maintenant de chiffres plus précis et nous pouvons ainsi les comparer avec les dispositifs d’aide déjà mis en place. La baisse d’activité pour les interprètes de musique s’évalue désormais à 68 % par rapport à l’année précédente. Certes, un semblant d’activité a repris entre les deux confinements, mais elle était très limitée en raison des nombreuses interdictions préfectorales ou nationales, des fermetures de salles par des mairies, etc.
Cela entraîne plusieurs situations sociales problématiques au niveau individuel comme collectif : 41 % de ceux qui n’ont pas d’activité annexe n’ont plus accès au congé maladie ou maternité. Cela pourrait signifier qu’ils ne pourraient pas être pris en charge par la CPAM si leur état de santé le nécessitait.
Il en va de même pour les organismes de formation : ceux-ci ne perçoivent plus de cotisations, et ne peuvent donc plus se financer. C’est le cas présentement de l'AFDAS. Le droit à la formation n’est donc pas respecté en l’état.
L’indemnisation des concerts a-t-elle été systématique ?
Pas tout à fait. C’est le cas des grosses productions qui ont pignon sur rue, par exemple. Il apparaît justement que 91 % des contrats n’ont pas été indemnisés.
« L’année blanche » sur l’intermittence sera-t-elle suffisante ?
Nous plaidons pour une année blanche supplémentaire à partir de la date de la reprise d’activité.
Tout le monde en doute, puisqu’il semble clair que la reprise d’activité, quand elle aura lieu, sera très progressive. Comme beaucoup, le gouvernement a tablé sur une reprise de l’activité à partir de septembre, qui n’a en fin de compte pas eu lieu.
Nous plaidons alors pour une année blanche supplémentaire à partir de la date de la reprise d’activité, qui laisserait la possibilité de pouvoir rassembler le nombre de dates nécessaires au maintien de son statut.
Quelles sources de revenus peuvent être envisagées pour les musiciens lors de ce nouveau confinement ?
Ce second confinement a une particularité à exploiter : les dérogations de déplacement pour le travail, ce qui laisse la possibilité de travailler sur de futurs spectacles ou d’enregistrer des disques. Nous prenons donc au mot la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot lorsqu’elle est déclare que les artistes sont libres de répéter, d’être en résidence, etc.
Il faut donc affirmer qu’il s’agit là d’un travail et rémunérer ces sessions-là. C’est là notre revendication prioritaire : répéter, enregistrer un disque même pour un petit label, en auto-production éventuellement, c’est l’exercice d’un métier, et des fonds de soutien doivent être dégagés pour rémunérer tout cela.
Beaucoup font remonter que les dérogations à faire remplir par les employeurs ne répondent pas à la situation de bien des artistes. Le problème est-il pris en compte ?
Les danseurs ont un problème similaire, puisque le professeur avec lequel ils s’entraînent, par exemple, n’a pas de rapport d’employeur avec eux. Les répétitions ne rentrent pas dans les cas de dérogations disponibles dans les nouvelles attestations, et font pourtant partie du travail des artistes. Des termes doivent donc être ajoutés dans ces formulaires.