NFT : la Fondation Vasarely innove dans le financement de sa rénovation d’œuvres
Par Thomas Corlin | Le | Merchandising
Après un passage à vide préoccupant pendant la pandémie, la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) se lance dans une vente de NFT pour soutenir la rénovation des œuvres du pionnier de l’Op Art et du lieu lui-même. Ugo Vasarely, arrière-petit-fils de l’artiste, chapeaute l’opération, qui s’adresse pour l’instant à la sphère crypto, mais vise le grand public.
Quelle forme prend votre vente de NFT ?
Nous mettons en vente 3 catégories différentes de NFT qui sont des prises de vue d’œuvres et d’éléments d’intégration monumentale de la Fondation Vasarely qui vont être restaurées ou sont actuellement en rénovation. Ces prises de vue ont été exécutées et retravaillées par Charlie Cohen, et seront actualisées au fil des restaurations. Ainsi, chaque détenteur d’un NFT devient, de fait, mécène de ces travaux, tous particulièrement complexes et coûteux. Certaines catégories de NFT suivront des étapes de cette rénovation, leurs visuels seront renouvelés. Cela permettra de témoigner directement de l’utilisation qui est faite des fonds tout en apportant une dimension supplémentaire à l’acquéreur.
Les 662 NFTs sont répartis sur 12 visuels, à acquérir selon trois formules. Une première catégorie, le NFT est unique et s’élève à 30 000 €. La seconde édition s’élève à 7 500 €, il s’agit de 4 intégrations monumentales en édition de 15. Ces deux premières catégories donnent accès à des NFTs évolutifs. Pour la 3ème catégorie, il s’agit de NFTs statiques, comme il est possible d’en trouver sur toutes les plateformes. Ils coûtent chacun 600 €.
Nous envisageons aussi d’intégrer l’univers de Vasarely au métavers.
D’autres pièces sont mises en vente à l’occasion de cette opération, basées sur des motifs de Vasarely. Il s’agit d’une collection de 12 robes dessinées par Paco Rabanne dans les années 70, intitulée les « importables ». Deux NFT permettent d’acquérir des robes sur mesure, à récupérer en atelier, et s’élèvent à 220 000 €. Cette seconde vente se fait dans le cadre d’un partenariat avec le couturier, pour sa saison estivale 2022. Cette vente ne concerne pas la Fondation Vasarely.
C’est le magasin londonien Selfridges qui encadre ces deux ventes - leur corner shop londonien a accueilli pendant près de 3 mois une exposition sur l’univers de Vasarely et son influence dans le monde de la mode. A cette occasion, pendant plus d’un mois, toutes les façades de l’emblématique magasin londonien ont arborées des reproductions des différentes intégrations monumentales de la Fondation Vasarely.
Quels sont vos supports techniques pour cette opération ?
La vente de NFT se fait sur la blockchain Polygon, qui est devenue la plateforme NFT de choix pour des marques de mode mondiales telles que Prada et Adidas. Les achats peuvent être effectués directement avec MoonPay, le principal fournisseur mondial d’infrastructures de paiement en crypto-monnaie, via NFT Checkout - une solution inédite dans le secteur qui permet aux utilisateurs d’acheter un NFT avec une carte bancaire. À ce jour, un ethereum équivaut à près de 2 000 €.
Quel public visez-vous pour cette opération ?
Dans un premier temps, nous visons les réseaux de la crypto-monnaie, qui sont les plus réactifs sur ce type de vente à ce jour. En ce qui concerne le grand public, nous procédons par voie de presse de notre côté, et Selfridges travaille aussi son propre marketing. Selon les retombées de l’opération, nous la réitèrerons. Nous envisageons aussi à d’autres façons d’intégrer l’univers de Vasarely dans le Metaverse et dans le Web3.0.
Qui est rémunéré sur cette opération, par delà la Fondation ?
Sur les fonds récoltés, Selfridges sera rémunéré ainsi que les différentes entreprises ayant participé à ce projet. L’intégralité des profits permettra donc à la Fondation de restaurer ses propres oeuvres aussi de financer d’autres opérations de la Fondation, dont de nouvelles expositions.
Comment la Fondation a-t-elle été touchée par la crise ?
La Fondation vient de fêter les 50 ans de son utilité publique. Notre fonctionnement repose totalement sur nos fonds propres, en particulier sur nos entrée, nos ventes de produits dérivés, ainsi que du mécénat. La pandémie a donc été très difficile à gérer du fait d’importants frais fixes à régler. Nous avons contracté un Prêt Garanti par l’État, et avons dû nous restructurer - aujourd’hui 17 de salariés travaillent dans l’institution à but non lucratif, auxquels s’ajoutent quelques stagiaires.
Quelle exposition proposez-vous cet été ?
La Fondation et le Centre Pompidou ont renouvelé leur collaboration triennale. Cette année Modernités Cosmiques présentera les œuvres de Frantisek Kupka, Antoine Pevsner, Max Ernst, Lucio Fontana, Brassaï, Victor Vasarely, Anna-Eva Bergman, Emile Gilioli, Frank Malina, Kumi Sugai, Jean Dewasne, Stefan Gierowski, Alain Jacquet, Laurent Saksik, elle ouvre le 18 juin et se poursuivra jusqu’au 16 octobre 2022..