Ventes, finances

NFT : à Montpellier, la première galerie « phygitale », en ligne et en physique

Par Thomas Corlin | Le | Marketing, réseaux sociaux

Pourquoi choisir entre le physique et le digital quand il y a le « phygital » ? À Montpellier (Hérault), Victor-Emmanuel Bigand et Lu Tenorio, issus de l’art et l’entrepreneuriat, ont lancé Vitrivius, une galerie physique pour vendre des œuvres en NFT, qu’elles soient en ligne ou en physique. L’opération veut démocratiser la technologie de la blockchain, d’après le tandem.

Vernissage physique de la Blockface Expo à la Vitruvius Galery. - © D.R.
Vernissage physique de la Blockface Expo à la Vitruvius Galery. - © D.R.

Le projet a d’abord commencé entièrement en ligne, quelle a été son existence pendant cette première phase ? 

Dès avril 2021, nous avons conçu des événements en ligne pour tester le marché. En juillet de la même année, nous avons organisé sur le métavers un premier vernissage - sans communauté, sur la foi de quelques publicités sur Instagram. Notre « parcelle » a attiré 60 personnes connectées, et nous avons vendu quatre NFT d’œuvres de Lu. L’idée d’une galerie physique n’était pas dans notre radar, mais nous avons tout de même voulu élargir l’offre à d’autres artistes, sous la curation de Lu. Nous nous sommes penchés sur divers courants, notamment l’illustration de jeux vidéo, et avons choisi neuf artistes internationaux qui ont une pâte commune - la question de la provenance ne se pose plus une fois en ligne. Trois autres vernissages ont suivi et l’idée d’un espace physique s’est imposée. Nous envisagions même de travailler avec d’autres galeries physiques, mais ce n’est pas encore en cours.

D’où venait la nécessité d’avoir une présence physique ? 

Tout ce qui touche au métavers, au web 3.0 et aux cryptomonnaies reste niche pour l’instant, ça ne s’est pas encore démocratisé. Le grand public a presque peur du sujet, ne s’approprie pas les bitcoins, il faut donc l’accompagner. Un lieu en dur peut nous aider à le faire. Nous expliquons aux visiteurs de quoi il s’agit, ouvrons des wallets sécurisés pour eux, procédons à des simulations d’achat, nous leur proposons d’être leur guide. Ici, ils peuvent acheter du physique comme du digital. 

Le métavers et les cryptomonnaies restent un phénomène de niche, qu’il faut démocratiser.

L’espace fait 160 m2, il accueillait avant une autre activité que je menais. Il a des allures de galerie underground parce qu’il est en sous-sol, accessible par une petite porte, sans façade, mais c’est un atout : cela permet une certaine immersion, comme dans une salle de cinéma. L’expérience est visuelle, nous disposons d’écrans vidéo pour montrer le travail des artistes, c’est une façon de montrer que le NFT permet une offre plus riche, multimédia. 

Nous fonctionnons comme une galerie d’art normale, avec des expositions renouvelées tous les trois mois. Nous communiquons beaucoup en ligne, et proposons aussi des visites privées. Le phygital (rencontre du digital et du physique) intéresse à la fois le public spécialisé et le public non spécialisé. 

Travaillez-vous davantage le public des crypto-monnaies ou celui de l’art contemporain ? 

Les deux, il y a beaucoup de travail à faire sur celui de l’art contemporain. Pour l’instant, les NFT ne représentent que 9 % du marché de l’art. Nous espérons, par le prisme des artistes et de leur travail, intéresser un public de connaisseurs d’art au protocole blockchain, et l’initier à une nouvelle manière de collectionner. 

Sur quelle économie fonctionnez-vous et quel est la fourchette de prix des œuvres que vous proposez ? 

Nous nous autofinançons, aucun fonds extérieur n’intervient dans notre modèle pour l’instant. Je tiens une entreprise en parallèle qui nous permet de mener cette expérience et de prendre des risques. 

Les tarifs quant à eux dépendent de la cote de l’artiste et, naturellement, du cours des crypto-monnaies, qui sont d’une grande volatilité. Pour donner un ordre de grandeur, les œuvres physiques commencent autour de 600 à 700 €. 

De quel secteur venez-vous et sur quels autres événements travaillez-vous ? 

Je suis issu de l’entrepreneuriat et je m’intéresse aux blockchains depuis 2017, avant que certains opérateurs comme Beeple ne les popularisent auprès d’un certain public. Lu a un background plus artistique : elle vient de l’art, de l’illustration, du design, s’intéresse à l’art numérique, et détient notamment une licence en arts appliqués. 

Nous avons également lancé notre salon le NFT MTP Day en juin 2022 dans un domaine viticole, avec 10 exposants, 10 speakers et 350 visiteurs. Début octobre 2022, nous assurons aussi la curation de 200 m2 dédiés au web 3.0 au sein du Montpellier Stream Show, un événement plus grand public, où nous inviterons des acteurs importants du secteur tels que la Binance Foundation ou Finance Charity.