Ventes, finances

Akius, une application pour optimiser l’interactivité des concerts en ligne

Par Thomas Corlin | Le | Marketing, réseaux sociaux

Comment dynamiser les échanges entre public et artistes dans les concerts en ligne, à l’heure où ceux-ci se banalisent pour palier l’absence de concerts physiques ? Jean David Rombi, entrepreneur dans le domaine de l’innovation, propose l’application Akius, imaginée l’année dernière et activée en juin dernier.

30 événements se tiendront sur l’application Akius cet automne - © D.R.
30 événements se tiendront sur l’application Akius cet automne - © D.R.

L''artiste dispose d’une interface sur laquelle apparaît le profil de chaque membre du public, avec lequel il peut échanger à tout instant.

C’est à la suite d’un concert de Bruno Mars au Stade de France auquel il assistait avec un ticket VIP que l’idée d’une application interactive entre artiste et spectateur est venue à Jean David Rombi. « Ma compagne et moi étions dans un local VIP à manger assis par terre, en train de regarder le concert sur des écrans géants au loin, se rappelle cet ancien collaborateur de l’investisseur Fabrice GrindaNotre expérience du concert était finalement virtuelle, et notre interaction avec l’artiste inexistante. »

Ce type de package « de luxe » pour un concert a un nom : le « meet and greet », et s’accompagne d’une brève rencontre avec l’artiste à la fin du concert. Le projet Akius en serait alors la version virtuelle, optimisée pour s’adapter aux usages et aux attentes du public d’aujourd’hui. 

Cette nouvelle expérience de concert en ligne se déroule en plusieurs temps : une fois l’application téléchargée gratuitement et son ticket de concert acheté (sur l’application elle-même), l’utilisateur pénètre dans une première salle virtuelle où se joue une playlist sélectionnée par l’artiste. Il peut y inviter des amis, qui devront passer par la billetterie de l’application. Après cette première étape de 10 minutes, apparaît une page de publicité du sponsor choisi selon l’esthétique de l’artiste. Ce sponsor, issu du réseau de l’artiste ou d’Akius, finance l’événement. 

L’interaction sur Akius - © D.R.
L’interaction sur Akius - © D.R.

Vient ensuite le concert, d’une durée de 20 minutes, durant lequel les fans peuvent interagir par messages entre eux ou apparaître par tirage au sort, après leur validation, sur l’écran en dessous du stream de l’artiste. Celui-ci dispose d’une interface sur laquelle apparaît, via une mappemonde, le profil de chaque membre du public, avec lequel il peut échanger à tout instant. À l’issue de la performance, l’utilisateur est dirigé vers une salle de vente de merchandising, dont les bénéfices reviennent entièrement à l’artiste. 

« L’expérience du livestream telle que nous l’avons connue pendant le confinement par exemple, est très limitée, juge Jean David Rombi. Nous y ajoutons de l’action pour la rendre moins morose, et notre propre flux de stream pour en augmenter la qualité . » Depuis son lancement en juin 2020, Akius a séduit jusqu’à 400 spectateurs par concerts, et proposé une vingtaine de sessions dans des esthétiques aussi différentes que le rap, l’électro, la country et même le jazz. Le dernier artiste en date est le jeune rappeur Hash 24.

Un contrat avec la Sacem est en cours de signature pour régulariser les questions de droits d’auteur.

Conceptualisé en juillet 2019 quand les concerts « physiques » n’étaient pas encore prohibés par les mesures sanitaires, Akius voit le jour dans un contexte radicalement différent. Alors que les livestreams de qualité aléatoire pullulent et que la plupart des artistes n’ont plus de contact direct avec leur public, cette application de concert en ligne avec une interactivité augmentée pourrait intéresser un secteur en détresse. 

« L’idée n’était pas de fournir une solution à la problématique du live en période sanitaire, prévient Jean David Rombi. Akius a toujours été pensé comme un complément, mais peut temporairement prendre un autre sens. » En l’absence de revenus provenant des tournées, le dispositif a attiré plusieurs artistes en manque d’activité, de promotion et de revenus. « Pour l’instant, un ticket pour Akius coute entre 6 et 10 euros, un tarif qui pourrait augmenter si nous proposons des artistes plus populaires. À partir de là, la distribution des recettes est de 30 % pour Akius et 70 % pour l’artiste. Il s’agit pour nous de fournir aux artistes un outil pour partager et monétiser une expérience unique avec leurs fans. »

Jean David Rombi, fondateur d’Akius - © D.R.
Jean David Rombi, fondateur d’Akius - © D.R.

Les moyens de production de la performance sont à la charge des artistes. L’application web leur permet de « plugger » n’importe quel équipement technique. La plupart utilisent un simple smartphone, « permettant une qualité déjà très satisfaisante », assure Jean David Rombi. Dans certains cas, comme avec Hash 24, le label a mis à disposition un studio avec cinq caméras et une table de mixage pour un rendu plus professionnel. 

Akius est toujours en développement. Un contrat avec la Sacem est en cours de signature pour régulariser les questions de droits d’auteur. Le projet vit sous la forme d’une SAS basée à Aix-en-Provence et Los Angeles. Ses directeurs technique et commercial ont chacun des parts dans la structure.

Prochaine étape : une trentaine de nouveaux concerts au cours de l’automne, qui seront annoncés progressivement sur la page Facebook de l’application.