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Music tech : avec Yneuro, les neurosciences dopent la découverte musicale

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

En mêlant neurosciences et algorithmes, la start-up Yneuro modélise les goûts musicaux des auditeurs pour élargir leur champ de découvertes. Sélectionnée au Midemlab, sa technologie s’adresse aux plateformes de streaming comme aux éditeurs de musique.

Le système Yneuro analyse la réaction cérébrale des auditeurs à la musique - © D.R.
Le système Yneuro analyse la réaction cérébrale des auditeurs à la musique - © D.R.

« Sur les plateformes de streaming, 80 % des auditeurs écoutent 20 % de la musique disponible », signale Thomas Semah de la start-up Yneuro, figurant dans la sélection d’acteurs de la music tech du Midemlab cette année. C’est en partant de ce paradoxe hélas bien connu que cet ingénieur a cherché à mettre en place une recommandation musicale aussi pointue que possible. Avec trois partenaires, il a donc allié mathématiques, informatique et neurosciences pour mettre au point Yneuro, un système d’analyse des données cérébrales des auditeurs.

Logo de Yneuro - © D.R.
Logo de Yneuro - © D.R.

Grâce à des capteurs, il est aujourd’hui possible d’enregistrer nos réactions à telle ou telle musique, et d’en déduire ce qui produit chez nous la satisfaction musicale. « On ne connaît certes qu'1 % du fonctionnement du cerveau, mais on peut déjà comprendre ce qui nous anime musicalement, quelle fréquence, mélodie ou rythme produit chez nous du plaisir. On peut donc intégrer ces nouveaux paramètres aux métadonnées d’un morceau. » Un tel outil permettrait alors de diriger l’auditeur vers des musiques qu’il n’aurait pas imaginé apprécier, par delà celles auxquelles il est déjà exposé par son environnement social ou les playlistes (souvent sponsorisées) des plateformes de streaming. 

Longtemps réservée à la musicothérapie, la technologie de l’électro-encéphalogramme s’applique avec Yneuro au marché de la musique et à ses usages. La start-up vise ainsi les fabricants de casques comme les labels de musique qui cherchent à atteindre les auditeurs par tous les moyens - des majors ont déjà essayé le produit à titre expérimental. Une éventuelle diversification de la consommation musicale pourrait par ailleurs augmenter les streams d’un large éventail d’artistes, et ainsi les revenus induits. 

Thomas Sémah, fondateur de Yneuro - © D.R.
Thomas Sémah, fondateur de Yneuro - © D.R.

Une telle innovation devrait bien sûr intéresser les plateformes de streaming, qui ont déjà mis au point des playlistes adaptées à une palette d’ambiances et d’activités. « On peut se demander quel intérêt celles-ci auraient à ce que leurs utilisateurs diversifient leurs choix dans leurs catalogues, remarque Thomas Semah. Il ne leur importe pas de savoir qui écoute quoi sur leur plateforme, mais que leurs utilisateurs y passent autant de temps possible dessus, ou s’y abonnent. Notre produit leur permettrait à la fois de recueillir davantage d’informations, bien sûr anonymisées, sur leurs usagers, et de renouveler l’expérience et l’usage qu’ils font de leur plateforme. »

Yneuro, qui fonctionne en SAS, n’a pas encore défini de prix fixe pour son produit, celui-ci variant selon les clients et les applications. Le Midemlab révélera ce vendredi les lauréats de sa sélection 2020.