Expositions : le Musée Cognacq-Jay rouvre avec succès malgré les jauges limitées
Par Thomas Corlin | Le | Sécurité, accueil
Malgré les contraintes sanitaires, le Musée Cognacq-Jay (Paris 3e) tire un bilan positif de sa réouverture au public le 19 mai avec l’exposition temporaire « L’Empire des Sens » (jusqu’au 18 juillet). Sa directrice Annick Lemoine relève même quelques bénéfices de la situation, en termes de logistique et de couverture médiatique.
Comment les restrictions ont-elles affecté la réouverture de vos espaces au public ?
Malgré ces contraintes, qui ont aussi quelques avantages, nous sommes grandement satisfaits du retour du public, qui nous a manifesté une grande joie, qu’il s’agisse de nos visiteurs habituels ou de nouveaux, attirés par notre exposition temporaire. Nos créneaux de visite ont été pris d’assaut, nous ne les avions ouverts que sur les mois de mai et juin.
Selon le protocole en vigueur depuis le 19 mai, nous procédons par billet horodaté, afin de respecter un espace de 8 m2 par personne. Ainsi, seules 8 personnes peuvent entrer toutes les 15 minutes. Nous passons désormais à 5 m2 par personne, avec 10 à 12 entrées toutes les 10 minutes. Un billet joint, permettant de visiter à la fois l’exposition du moment et la collection, facilite la mise en place d’un trajet sur lequel le visiteur ne revient pas en arrière.
L’exposition aurait pu attirer davantage de visiteurs.
Nous estimons cependant que cette reprise aurait pu attirer encore plus de monde, voire compter parmi nos records de fréquentation. L’an dernier, nous ne proposions que notre collection permanente, mais cette année, nous avons ouvert sur l’exposition temporaire « L’Empire des Sens », qui a bénéficié d’une belle couverture médiatique et plait beaucoup. Elle ne connaîtra en fin de compte que deux mois d’exploitation - la durée des prêts de certaines pièces n’était pas davantage extensible, sachant que l’exposition devait initialement ouvrir en 2020.
L’assouplissement du protocole va nous permettre de reprendre, prudemment, un calendrier d’événements en présentiel. Nous allons repasser à des conférences au sein du musée, réorganiser des visites (à raison d’une par jour), des ateliers autour du dessin de nu, et proposer des lectures de contes libertins en lien avec l’exposition, dans le très grand comble dont dispose notre hôtel particulier, que nous pouvons facilement aérer.
En termes de logistique, ce protocole est-il contraignant ?
Certains visiteurs sont moins familiers que d’autres avec la réservation en ligne, nous nous efforçons donc de leur faciliter la démarche. Il suffit simplement de présenter un numéro de réservation pour entrer. Nous procurons autant d’aide et d’information que possible à ces visiteurs-là, lorsqu’ils passent au guichet pour comprendre le procédé.
Le protocole a le mérite de nous épargner les embouteillages.
C’est aussi un mode de visite qui demande de l’organisation et empêche la spontanéité. Certains profitaient de la pause déjeuner pour passer au musée sur un coup de tête, ce n’est plus vraiment possible.
Cependant, cette façon de fonctionner a le mérite de garantir une grande fluidité, des conditions de visite plutôt privilégiées, et nous permet aussi d’anticiper nos journées. Étant conçue pour éviter les attroupements et limiter les contacts, elle étale le flux des visiteurs sur la journée et nous épargne les embouteillages et les longues files d’attente.
En termes de communication, comment votre musée a-t-il pu se démarquer ?
En temps normal, les expositions ne commencent pas toutes au même moment, la réouverture a donc créé une sur-abondance d’offre culturelle. Nous avons repensé de nombreuses fois notre campagne d’affichage, en mentionnant « prochainement », puis « actuellement », au lieu d’une date précise, puisque nous avions du mal à être fixés.
L’organisation et l’accrochage de « L’Empire des Sens » ont connu de nombreux rebondissements. Certaines pièces ont été empruntées à la Collection Pouchkine en Russie, qui exigeait une date d’ouverture pour confirmer le prêt, et la présence d’une convoyeuse qui devait donc respecter une quarantaine d’une semaine sur place. La saga de ces complications, et l’accrochage en urgence qu’elles ont entraîné, ont été couverts par les médias, y compris à la télévision et à la radio.