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Scène nationale : des CM1 et CM2 en résidence à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Depuis deux ans, l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) pousse plus loin le concept d’action scolaire en proposant Trop Classe !, une résidence complète destinée à des classes entières, en partenariat avec un réseau d’établissements scolaires. Pendant une semaine chacun, un artiste et un enseignant imaginent un programme alliant impératifs pédagogiques et théâtralité, sur l’invitation de Nicolas Royer, directeur du lieu.

6 classes par an passent en résidence à l’Espace des Arts. - © Espace des Arts
6 classes par an passent en résidence à l’Espace des Arts. - © Espace des Arts

En quoi consiste le dispositif Trop Classe ?

Six fois par an, l’Espace des Arts accueille une classe de primaire l’espace d’une semaine, pour travailler divers ateliers avec un artiste programmé dans la saison, dans un espace de notre établissement qui a été aménagé à cet effet. Le projet se veut immersif, à l’image d’une classe de neige ou d’une classe verte, et s’inscrit dans un partenariat sur le long terme avec l’Éducation Nationale. 

Nous espérons que cela incite certains élèves, un jour, à entrer spontanément pour récupérer une plaquette.

Il ne s’agit pas, du moins pas forcément, de créer un spectacle. Cela n’est jamais demandé aux artistes ni aux enseignants. Durant la semaine, les élèves se livrent à des ateliers et à des exercices autour de la théâtralité et de l’oralité, qui peuvent leur permettre de valider certaines connaissances inscrites dans leur programme scolaire. Par exemple, en construisant une maison en carton, une classe a validé un point de leur programme de géométrie. L’objectif est donc fortement pédagogique et intégré au parcours conçu par les enseignants. Trop Classe occupe d’ailleurs 60 heures de programmations, dont 25 de préparation en classe dans les écoles. 

Au fil de l’année, parallèlement, les élèves sont invités à voir au moins deux ou trois spectacles de la saison, puis à partager un goûter entre classes participantes à la fin de l’année, avec un moment de restitution. 

Quelles sont les classes concernées et comment les enseignants sont-ils formés ? 

Les enseignants sont choisis et mis à disposition par l’Éducation Nationale dès le mois de septembre. Ils suivent deux jours de formation pour l’atelier et rencontrent l’artiste en visio. Ce sont eux qui pilotent le projet global et l’inscrivent dans leur séquence pédagogique. L’enjeu de l’oralité est devenu crucial à l’heure où le brevet comporte un grand oral, et les enseignants, bien équipés pour faire travailler l’écrit, n’ont pas forcément les outils pour développer les capacités orales. 

Ce sont des classes de CM1 et de CM2 qui sont invitées, issues d’école de l’agglomération du Grand Chalon. Une semaine est dédiée au cinéma et s’adresse à une classe de collège. 

Comment les artistes travaillent-ils autour de ce projet ?

Une classe en cours d’atelier.  - © Espace des Arts
Une classe en cours d’atelier. - © Espace des Arts

Ma programmation est conçue avec ce dispositif en tête, même si tous les artistes n’y participent pas. Certains déclinent l’invitation, car ils ne pensent pas que leur pratique s’y prêtent, ou tout simplement ne s’en sentent pas capables. Tous ceux qui le font sont surpris par l’engouement des élèves et l’exigence qu’ils peuvent mettre dans les exercices qu’ils leur proposent. Beaucoup apprennent de l’expérience, notamment comment s’adresser à ces générations dont ils ne connaissent pas les codes. 

Selon les cas, les exercices tournent autour de la cohésion de groupe, de l’animalité, de la parole, de l’écriture collective, d’un mini-scénario, du corps, etc. Une artiste circassienne a travaillé autour du clown, naturellement, mais il n’y a pas de règle ou de passage obligé. 

Quelle expérience en gardent les élèves ? 

Souvent, ils se révèlent. Le plus timide est finalement le plus avenant, le plus brillant a parfois des difficultés, etc. Ils sont aussi là pour s’approprier un lieu, notre théâtre, en y mangeant tous les jours, en jouant au foot sous le patio, à cache-cache dans le bâtiment, etc. Nous espérons que cela incite certains d’entre eux, un jour, à y entrer spontanément pour récupérer une plaquette.

Quels sont les moyens investis dans ce projet ?

Le coût d’une semaine s’élève à 8 000 €, et le budget annuel est de 60 000 €, places de spectacle incluses. Le financement est complexe, et notre théâtre prend en charge tout ce qui doit l’être. La Mairie prendra peut-être bientôt en charge les transports et la restauration. Le projet ne rentre hélas pas dans les cases de la DRAC. 

Nous avons aussi aménagé une salle dédiée dans notre bâtiment. L’Espace des Arts est une ancienne maison de la culture, et dispose donc de 14 000 m2 de superficie. Le cabinet d’architectes LOMA (All you need is less) a conçu une salle de 115 m2 totalement équipée avec gradin, rideau et maquilleuse. Les élèves ont aussi accès à notre salle Le Studio Noir.