Médiation : au TNS, on ouvre aussi l’été
Par Thomas Corlin | Le | Médiation
Ateliers, visites, spectacles itinérants : après sa saison régulière, le Théâtre National de Strasbourg (Bas-Rhin) propose une « Traversée de l’été » dans et hors de ses murs. Hélène Besoussan, coordinatrice de l’opération rattachée à l’établissement, décrit un projet pensé dans l’urgence de la pandémie, mais voué à se pérenniser.
La Traversée de l’Été est née sous l’impulsion de « L’été culturel et apprenant » du Ministère de la Culture, en période pandémique. Son but était-il initialement de se pérenniser ?
Tout à fait. L’édition 2020 s’est montée dans l’urgence à la suite du déconfinement. Notre directeur Stanislas Nordey avait l’expérience de la programmation d’été à la tête du Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), nous avons alors programmé, en dix jours, une série de petites formes gratuites, avec des équipes et des moyens techniques aussi légers que possible, tout au long de l’été.
Mais l’ambition d’une programmation estivale pérenne était là dès le début. Nous partons du principe que bien d’autres lieux de service public restent ouvert en été, il nous semble donc réaliste qu’un théâtre puisse aussi l’être. Bien sûr, le personnel doit prendre des vacances et les festivals prennent en partie le relai. Le projet de la Traversée ne se situe pas au même endroit.
Comment se situe alors l’opération ?
L’été offre une temporalité différente pour un lieu de diffusion comme le nôtre, pour le public comme pour les artistes et les équipes organisatrices. Nous pouvons proposer quinze jours d’atelier d’écriture en été, ce n’est pas le cas le reste de l’année - même si un travail est proposé autour des écritures tout le reste de l’année au TNS. L’été, c’est la possibilité de sortir de ce rapport unique et furtif au théâtre, qui consiste à acheter un billet pour une pièce, venir pendant deux heures, sans avoir nécessairement de contact avec quiconque, et repartir ensuite. L’été, c’est pouvoir entrer par des portes différentes, visiter les lieux, ses coulisses, s’inscrire à un atelier, etc. C’est ce que nous avons voulu mettre en place avec la Traversée.
Quelles formes programmez-vous dans ce cadre cette année ?
L’été offre une temporalité différente pour un lieu de diffusion comme le nôtre.
Sont proposés plusieurs ateliers, ouvertures de répétitions et visites de lieux, comme de l’ancien conservatoire attenant ou du théâtre lui-même, avec des thématisations pensées et exécutées par quatre anciens étudiants du TNS, sous la forme de « re-visites » basées sur certains spectacles historiques.
« Combats » et « Nous Revivrons » sont des spectacles en petite jauge, de 50 à 80 personnes, qui tournent en itinérance auprès d’associations de quartier, auxquelles nous proposons an amont de visiter le théâtre. Chaque représentation est suivie d’une rencontre avec le public.
« Peur et désir » est un projet de mise en espace immersif d’un concert entrecoupé de paroles d’habitants, qui nécessite une semaine de prise de son radiophonique en micro-trottoir.
Les « lectures nomades » sont des lectures sur site. Nous avons dû en limiter le nombre faute de budget cette année, et nous avons privilégié les établissements encadrant des personnes à mobilité réduite, donc les centres médico-sociaux et les Ehpad. Enfin, « Filmer l’avenir » est un dispositif que nous reconduisons depuis trois ans avec le Jamel Comedy Club, auquel nous proposons des participants pour le tournage d’un film.
Faute de budget encore, nous avons limité l’opération aux quatre semaines de juillet cette année, contre deux mois sur les deux précédentes éditions.
Avec quels moyens l’événement est-il monté ?
Nous avons disposé la première année d’une subvention de 250 000 € du Ministère de la Culture, à laquelle s’ajoutent une petite aide symbolique de la Collectivité européenne d’Alsace au titre de l’itinérance sur le territoire et une autre de la Fondation La Poste (l’an dernier). La subvention du Ministère est tombée à 150 000 dès l’année suivante, alors que l’inverse eut été plus logique, mais c’est le jeu des calendriers et des subventions. La DRAC Grand Est, l’Académie de Strasbourg et la Ville de Strasbourg nous soutiennent aussi, mais pas financièrement.
C’est une équipe temporaire qui s’ajoute à l’équipe permanente pour organiser le festival - trois personnes et demi dont moi. Je suis arrivée courant avril à temps partiel, avant d’être rejointe par d’autres personnes.