Médiation : What The Frac, premier partenariat entre le Pass Culture et les FRAC
Par Thomas Corlin | Le | Médiation
Du 13 au 26 juin 2022, 18 des 22 Fonds Régionaux d’Art Contemporain ont tenté une première collaboration avec le Pass Culture, sous la forme d’événements dédiés au public adolescent. Retour sur cette première édition de « What the Frac » avec Julie Binet, secrétaire générale de Platform, et Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne, où l’opération a rencontré son public.
Comment s’est amorcée cette collaboration entre le Pass Culture et les FRAC ?
J. Binet : Il y a d’abord eu, dans un premier temps, une forme de méfiance des FRAC à l’encontre du Pass Culture. Les FRAC étant des lieux gratuits pour les jeunes, le dispositif du Pass ramenait l’expérience culturelle à un rapport monétaire aux antipodes de nos pratiques. Puis il a fait son chemin : c’est aujourd’hui une application très consultée, une vraie cartographie de l’offre culturelle, et il serait dommage de ne pas en profiter.
L’équipe du Pass Culture est elle-même venue vers nous en nous proposant un temps fort consacré à la jeunesse. Ils ont principalement contribué à la communication autour de l’événement, et suggéré des approches pour adapter notre langage, construire une proposition qui parle aux jeunes. Il s’agissait à l’origine de travailler avec les « ambassadeurs » du Pass Culture, des jeunes prescripteurs, mais c’est une dimension qui sera mieux amorcée ultérieurement, le temps imparti ne nous permettant pas, pour l’instant, d’obtenir de retours de leur part. Quelques événements ponctuels et locaux avaient déjà eu lieu en partenariat avec le Pass Culture, mais c’est le premier qui soit d’envergure nationale.
En quoi consistait l’opération et quel a été son déploiement sur le réseau ?
J. Binet : Elle a été proposée aux FRAC, sans obligation, et chacun a pu juger bon d’y participer selon son calendrier. Le temps de préparation fut court, environ deux mois, donc certains ont préféré s’abstenir pour ce premier essai. Néanmoins, 18 FRAC sur 22 ont participé, chacun à sa manière.
Du 13 au 26 juin 2022, des événements exclusifs ont été programmés, à l’adresse des adolescents : concerts, performances participatives, visites événementialisées, rencontres, ateliers, etc. Parfois, il s’agissait simplement de les inviter à un vernissage, un geste élémentaire qui peut déjà les investir dans nos espaces.
Que retirez-vous de cette première tentative ?
Le jeune public est un enjeu crucial, il en va du renouvellement de notre fréquentation.
J. Binet : C’est très disparate. Dans certains FRAC, la fréquentation était très faible, dans quelques-uns, ce fut un succès. Il y a beaucoup de travail à faire pour atteindre ce public-là, qui nous est pourtant précieux puisqu’il en va du renouvellement de notre fréquentation. Il nous échappe, avec les jeunes adultes également, et c’est commun à toutes les institutions culturelles. C’est un galop d’essai, qui précède une autre tentative à l’occasion des journées WeFrac en novembre prochain. La question des publics est centrale, notamment à l’approche des 40 ans des FRAC l’an prochain, où nous dresserons un bilan de notre action et nous fixerons des objectifs quant au rôle que nous voulons jouer dans la société.
Au FRAC Auvergne, What The Frac a connu une première édition assez prometteuse, en quoi consistait-elle ?
L. Forlay : Nous avons organisé une soirée en deux parties, basée sur notre exposition en cours d’œuvres du peintre Charles Pollock. La première partie se tenait entre 18h et 19h30, avec un accès exclusif au musée sur ce créneau. Il s’agissait d’une « visite-challenge » à l’image des escape games ou des jeux de piste : un groupe à l’extérieur de la salle donne des indices à un groupe à l’intérieur pour retrouver des œuvres ; une composition musicale, traduction sonore de certaines toiles, est diffusée dans des casques aux adolescents qui doivent les identifier, etc. Un atelier était également proposé, pour reproduire avec des morceaux de bois les pièces de la série « Stacks », des empilements de couleurs, sous la forme de mini-sculptures. La seconde partie de la soirée était ouverte à tous les publics, et proposait un concert d’électro de l’artiste Armoni, qui s’est inspirée de l’exposition, avant un buffet final.
La première partie a réuni une trentaine de participants, et environ 60 adolescents ont assisté au concert. Le succès s’explique peut-être par le fait que nous sommes déjà très engagés dans les actions scolaires. Certains des adolescents présents sont issus des lycées dans lesquels nous sommes déjà intervenus. Le lien avec les ambassadeurs du Pass Culture ne s’est pas encore fait, nous renouvellerons nos prises de contact pour une autre opération. Nous avons monté What The Frac avec notre propre enveloppe dédiée à la médiation culturelle et avec nos propres effectifs, en interne.