Production

Spectacle vivant : comment la compagnie Li Luo a-t-elle adapté une création en extérieur ?

Par Thomas Corlin | Le | Plein air

La crise pousse les arts vivants vers le plein air, comme en a fait l’expérience la Compagnie Li Luo. Limitée dans sa diffusion, leur création participative « Not I » qui s’était précédemment transformée en « Les Convives » a connu sa première forme en plein air au Château de Pange (Moselle) du 23 au 27 juillet,, une opportunité artistique selon Camille Mutel, chorégraphe de la compagnie.

« Not I », au Château de Pange. - © K. Longly
« Not I », au Château de Pange. - © K. Longly

En quoi consiste « Not I » ?

« Not I » est un travail sur le geste, en l’occurrence celui de l’offrande, telle qu’elle est pratiquée dans la cérémonie du thé au Japon. J’adapte ce rituel à la culture européenne, et sers du vin à la place, en portant une grande attention au détail, à la gestuelle, à la lenteur, à la précision. Cela se déroule dans une configuration en bi-frontal, sur une scène de 6 mètres sur 6, devant une quarantaine de spectateurs installés sur des sièges de yoga. La bande son n’est qu’un léger souffle de vent et les lumières ne sont là que pour soutenir. 

C’était une façon de situer clairement le spectacle dans l’époque contemporaine. 

Le spectacle a été créé à à FAITS D’HIVER (Paris, 2020), mais n’a presque pas connu de dates dans un premier temps, à cause des annulations de 2020, notamment celles d’Avignon où il devait être montré aux Hivernales. Les créneaux étant réduits, il n’a pas été reconduit cette année non plus, avec une promesse pour 2022. Le spectacle n’a connu qu’un public de pros cet hiver, dans une version d’autant plus intimiste pour 20 personnes. 

Dans ce cadre, le spectacle était montré à des gens masqués, et j’intégrais le protocole sanitaire au rituel, puisque je me lavais les mains sur scène. C’était une façon de situer clairement le spectacle dans l’époque contemporaine. 

Comment a-t-il été transformé en extérieur ? 

C’est le Château de Pange qui a proposé d’en faire une version dans son parc, pour une vingtaine de personnes encore, avec le soutien de la DRAC dans le cadre du plan de relance. 

Notre compagnie avait déjà l’habitude du travail à distance, puisque nous sommes éparpillés entre Nancy, Rome, Turin et Berlin.

La proposition a fait sens artistiquement, et permettait de transformer le rituel en une autre forme qui se prolonge désormais sur un cercle de parole. Je ne porte pas de masque, ne me lave pas les mains, et les gens peuvent refuser de prendre le verre que je leur offre. Nous sommes convaincus par cette formule en extérieur, et lui envisageons d’autres canaux de diffusion, notamment les festivals basés sur le paysage comme Plastique Danse Flore ou Entre Cours et Jardin.

Votre compagnie a-t-elle pu travailler sur d’autres projets depuis la crise ?

Notre compagnie avait déjà l’habitude du travail à distance, puisque nous sommes éparpillés entre Nancy, Rome, Turin et Berlin. Nous avons touché un peu de chômage partiel au début de la crise, mais, étant soutenus par la DRAC, la Région et la Ville, et bénéficiant pour la plupart du statut d’intermittent, nous avons laissé les aides à des artistes qui en avaient plus besoin que nous. 

Le travail de la compagnie s’est surtout concentré sur des tâches administratives, de bureau, et nous préparons une production sur 2022-2023. Par chance, j’ai pu réactiver une création solo de 2010, en la travaillant seule en studio. Nos prochaines dates sur « NOT I » sont en avril prochain, au Théâtre de la Ville.