Festivals d’été : miser sur le plein air avec le Réseau Européen des Théâtres de Verdure
Par Thomas Corlin | Le | Plein air
Le plein air serait-il le pari le plus sûr pour maintenir des spectacles cet été ? C’est l’avis de Nathalie Deguen, fondatrice du Réseau Européen des Théâtres de Verdure, qui met en lien des organisateurs d’événements avec des collectivités ou particuliers qui disposent d’espaces en plein air qui peuvent les accueillir.
-
Quels lieux peuvent devenir des scènes vertes ?
« Les scènes vertes recouvrent une grande variété d’espaces. Il peut s’agir d’un théâtre de verdure de 3 000 places à Fumel (Lot-et-Garonne) ou d’une représentation à même le gazon dans un champ avec gradins. Dans certains cas, les lieux ont été aménagés par leur propriétaire, comme à Saint-Marcel-de-Félines (Loire) où un particulier a recréé un théâtre de verdure sur sa propriété dans l’esprit des théâtres anciens puis proposé des pièces en plein air et équipé le lieu pour le rendre le plus pratique possible. »
-
Mise à disponibilité ou partage des recettes ?
« Dans le cas de lieux publics, il s’agit le plus souvent de mise à disposition gratuite par la collectivité - qui peut aussi fournir quelques moyens techniques. Parfois, lorsqu’il s’agit de gros événements payants, des accords particuliers sont mis en place sur le long terme. Dans le cas d’espaces privés, un partage sur les bénéfices est le plus souvent choisi. »
-
À qui s’adresser ?
« Les autorisations d’occupation du domaine public sont à demander auprès des collectivités elles-mêmes. Notre réseau est également là pour faire l’intermédiaire et trouver les lieux les plus adaptés. »
-
Comment gérer les aléas météorologiques ?
« Nous pouvons aujourd’hui prévenir le public assez facilement par mail, SMS ou réseaux sociaux, ce qui laisse une certaine marge pour se décider, et éviter de décommander ou d’annuler trop tôt. Parfois un simple décalage de 30 minutes suffit, et d’autres fois quelques gouttes de pluie demeurent supportables - au Royaume-Uni, où le temps est plus capricieux, des opéras sont donnés en plein air depuis toujours.
Les collectivités peuvent aussi fournir des lieux de repli, certes moins magiques. Dans ce cas, le public est compréhensif. Enfin, il existe aussi des assurances contre les intempéries. »
-
Une aubaine pour l’été 2021 ?
« Puisque le plein air est encouragé pour respecter les protocoles sanitaires, les scènes vertes ont un rôle à jouer dans la crise actuelle. Les collectivités peuvent donc répondre à une urgence en valorisant leur réseau de lieux en plein air, en facilitant les démarches pour y organiser des événements, et en proposant un apport financier pour le faire. Les événements que nous accompagnons sont souvent modestes en termes d’organisation, et permettent pourtant de maintenir une animation culturelle sur le territoire. Ces équipements sont peu coûteux à mettre aux normes, et le retour sur investissement peut se faire rapidement. Cela peut aussi profiter à l’image d’un territoire.
Il faut s’organiser dès maintenant et ne pas attendre d’avoir toutes les réponses.
Nous incitons les organisations comme les collectivités à anticiper dès maintenant et à ne pas attendre d’avoir toutes les réponses - il sera toujours temps de réajuster en dernière minute, ou d’annuler sans grand risque. L’an dernier, la situation était similaire, beaucoup ont abandonné leurs événements, et l’ont regretté lorsque la date a approché. »
-
Des normes de sécurités accessibles
« Le statut d’Établissement Recevant du Public (ERP) suppose qu’il y ait une enceinte, une clôture, ce qui n’est pas forcément le cas pour les théâtres de verdure. Il existe néanmoins une catégorie »ERP Plein Air« qui s’applique par exemple aux arènes, principalement pour garantir les voies d’évacuation du public. Quand il s’agit de parcs ou de jardins, les règles dédiées à ces espaces s’appliquent à tout événement qui s’y produit. »
-
Quel équipement sur place ?
« Certains lieux disposent de coulisses, d’une scène protégée, de quelques capacités en son et lumière, d’amplification, etc - c’est le cas par exemple du Théâtre de la Faisanderie (Oise), ou bien sûr du Jardin Shakespeare dans le Bois de Boulogne, qui est géré par la Ville de Paris. Dans la plupart des configurations, il y a seulement les moyens d’avoir un branchement électrique conséquent, et éventuellement un lieu de stockage. »
-
Son : quelle acoustique, et quels risques pour le voisinage ?
« Les événements que nous accompagnons sont peu ou pas amplifiés, et se tiennent à la tombée du jour pour profiter d’un éclairage naturel et de la magie du moment - ainsi nous ne représentons pas de nuisance pour le voisinage. Enfin, en organisant un spectacle en plein air, il n’est pas raisonnable de s’attendre à un silence total, mais les artistes savent toujours s’adapter, attendre un moment ou même intégrer des bruits extérieurs à leur jeu. »
Facilitateur d’événements en plein air, le Réseau Européen des Théâtres de Verdure
« Depuis 2010, le Réseau Européen des Théâtres de Verdure met en lien les collectivités ou les particuliers proposant des scènes en plein air avec des organisateurs d’événements en recherche d’espace. Il s’agit principalement de musique (souvent classique) et de théâtre. Certains lieux déjà identifiés disposent déjà de programmateurs, ou sont déjà fréquemment sollicités, mais bien d’autres ne disposent pas de cette visibilité et sont ainsi ignorés par les organisateurs, et peu exploités par ceux qui en ont la gestion.
Pourtant, chaque année, de nouveaux lieux émergent dans les critères de »scènes vertes« (un terme que notre association a établi suite à un colloque sur le sujet). L’été dernier par exemple, en Vendée, le Prieuré la Chaume a accueilli la première édition d’un festival.
Nous organisons également des tournées pour faire connaître les scènes vertes d’une région. La prochaine devrait avoir lieu cet été en Normandie et réunira des lieux privés ou publics, dont certains accueilleront un spectacle pour la première fois. »