Production

« Nous n’avons pas abandonné les grosses productions » (D. Fusillier, La Villette)

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Après l’ouverture au public des répétitions d’artistes à grande échelle cet été, La Villette (Paris 19e) lance une saison de spectacles en fin de compte assez proche de celle escomptée avant la crise sanitaire. Son Président fraichement renouvelé, Didier Fusillier, revient sur les expériences menées pendant la crise, dont celle des répétitions en public dans le cadre de Plaine d’Artistes.

Déjà 3 500 personnes ont confirmé leur abonnement à la Villette pour la saison à venir. - © Bruno Delamain © Bruno Delamain
Déjà 3 500 personnes ont confirmé leur abonnement à la Villette pour la saison à venir. - © Bruno Delamain © Bruno Delamain

La réponse de La Villette à la crise sanitaire a pris la forme de Plaine d’Artistes, des répétitions ouvertes au public, en entrée libre, courant juillet. Quel bilan en tirez-vous ? 

Nous avons tenté de transformer un moment sinistre en une sorte de grande fête calme, avec un format nouveau, qui inversait le temps de le représentation. Le spectacle est un temps rigide, non modulable, et cette ouverture des répétitions au public permettait de l’étendre, et surtout de voir les artistes au travail. 

Les retours du public ont été positifs par delà toute espérance.

Le public pouvait rester 5 minutes comme 2h30, l’entrée était gratuite. Il avait accès à ce qu’il ne voyait pas normalement. Nous avons observé que cette gratuité avait attiré un nouveau public, notamment celui qui n’avait a priori pas l’habitude de se rendre dans notre lieu. Les modalités d’accès particulières, les différentes configurations testées, ont permis par exemple de faire rentrer des jeunes qui posaient leur vélo dans un coin, des enfants qui laissaient leur trottinette à l’entrée, et restaient pour un temps indéterminé à des exercices de comédiens et de danseurs. Les retours du public ont été positifs par delà toute espérance.

Les compagnies invitées étaient celles que nous avons dû annuler pendant le confinement, et auxquelles nous avons proposé ce format, histoire de les rémunérer avec une proposition artistique qui puisse avoir lieu d’une certaine façon. Selon les conventions collectives, ces répétitions ont été payées comme des cachets de spectacles normaux. 

Accueil Billetterie de la Grande Halle de la Villette - © Pierre-Emmanuel Rastoin © Pierre-Emmanuel Rastoin
Accueil Billetterie de la Grande Halle de la Villette - © Pierre-Emmanuel Rastoin © Pierre-Emmanuel Rastoin

La Villette relance une saison riche, quelles limites avez-vous du respecter ?

Comme tout le monde, nous n’avons pas de visibilité, mais nous y allons quand même. Cette période nous permet tout de même de nous essayer à des formes inédites, et les artistes s’en emparent tant qu’ils peuvent. Christian Boltanski a par exemple projeté des images sur les arbres du côté de la Géode. 

Notre programmation 2020-2021 était déjà bouclée en février, nous avons dû renoncer aux artistes en provenance des États-Unis et du Canada, mais nous maintenons, jusqu’à nouvel ordre, ceux en provenance de pays limitrophes. Nous ne nous plaignons pas trop : l’affiche ressemble plus ou moins à celle imaginée avant la crise, pour l’instant. Nous n’avons pas du non plus abandonner les grosses productions. 

Nous travaillons aussi beaucoup sur la sécurité du personnel et des artistes

Du côté des conditions sanitaires, en plus de la sécurité du public, c’est aussi sur celle des artistes et des techniciens, en contact constant, que nous avons travaillé. Le protocole est très strict, il commence à l’accueil des artistes jusqu’aux loges, et régule les échanges entre équipes artistiques et régie. 

Enfin, la réponse du public est très enthousiaste, avec déjà plus de 3 500 abonnements confirmés, et des réservations en masse. Nous nous efforçons d’offrir un cadre aussi chaleureux que possible au spectacle, de soigner l’accueil, malgré les conditions sanitaires.