« Le but, maintenant, c’est de jouer, pas de remplir » (C. Gualde, Centquatre)
Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition
Équipement culturel multi-usage par excellence, le Centquatre (Paris 19e) jongle entre ses diverses activités et les restrictions sanitaires. Le point sur les premiers mois d’exploitation du lieu en temps de crise sanitaire, avec sa directrice des publics Delphine Marcadet et son directeur technique et référent Covid, Christophe Gualde.
Le Centquatre est un lieu à fonctions multiples - diffusion artistique, ateliers, accueil d’associations, commerces, etc. Comment s’est-il réactivé depuis le déconfinement ?
Delphine Marcadet : Le Centquatre a rouvert ses portes dès fin mai, en commençant par son espace d’exposition, qui permettait d’emblée un contrôle des jauges assez simple à mettre en place. Puis nous avons organisé un Bal masqué, version réadaptée de notre bal mensuel. Le public a joué le jeu, tout le monde est venu masqué, il y a eu une centaine de personnes, contre un millier en temps normal. Dès juin, nous avons aussi repris nos activités d’accueil d’enfants, la Maison des Petits. Elle est normalement anonyme, mais fonctionne maintenant selon un système de réservation avec le prénom de l’enfant.
Nous fermons normalement quatre semaines pendant la période estivale mais, cette année, nous avons maintenu une activité constante. Par solidarité, nous avons continué à accueillir la population voisine, à proposer aux scolaires des sorties. Les danseurs aussi ont pu réinvestir les lieux progressivement. Logistiquement, il a fallu établir des zones masquées selon un marquage au sol dans un premier temps, puis le port du masque est devenu obligatoire partout.
Côté scolaires en particulier, depuis la rentrée, la situation est disparate. Certains établissements ont connu des cas contacts, et donc interrompu les sorties scolaires. D’autres continuent, l’accueil de groupes a bien lieu chez nous. La seule instruction est de ne pas mélanger les classes entre elles. De toutes nos activités, seule celle de l’événementiel et des salons professionnels n’a pas vraiment repris - nous n’en avons accueilli qu’un seul.
Quels sont les engagements d’un référent Covid dans une telle structure ?
Notre rôle n’est pas de sanctionner mais de faire comprendre que l’on peut être sanctionné
Christophe Gualde : Ce sont généralement les directeurs techniques de lieux qui endossent ce rôle, puisque nous disposons d’une connaissance quasiment scientifique des espaces. C’est une fonction que j’occupe gratuitement, et qui me charge du respect des mesures sanitaires dans le lieu. J’assure l’approvisionnement en gel et en masques, la circulation du public, etc. Je me coordonne avec les éventuels référents Covid d’entités que nous accueillons. Nous sommes en contact constant avec les ministères de la Santé et du Travail, et avec l’assurance-maladie.
Notre rôle n’est pas de sanctionner mais de faire comprendre que l’on peut être sanctionné. Il suffit que quelqu’un ne porte pas de masque lors d’un passage de la Préfecture dans le lieu, pour provoquer une fermeture administrative qui pénaliserait toutes les personnes qui interviennent ici. Une compagnie qui répétait chez nous n’était pas coopérante, il a donc fallu lui signifier plus fermement que le respect des règles sanitaires était nécessaire pour pouvoir utiliser l’outil sans le mettre en péril. Dans la majorité des cas, les équipes qui travaillent chez nous respectent les conditions. Soixante personnes du Théâtre du Châtelet sont venues répéter dans nos ateliers, nous les avons réparties sur deux espaces, et tout s’est bien passé.
Comment la programmation et la billetterie reprennent-elles au Centquatre ?
Christophe Gualde : Avant la crise, nous réfléchissions à alléger notre programmation, mais l’idée a été abandonnée face aux impératifs du moment. Notre grille d’événements est donc chargée en cette rentrée, avec beaucoup de reports et de nouvelles dates. Les concerts en assis ont repris, et le public réagit très positivement. La demande est forte, cela se voit par exemple dans les achats d’abonnement.
Nous avons établi un système pointu d’optimisation des jauges permises, afin de pouvoir remplir autant que possible selon la configuration de la salle. Il s’agit d’organiser la salle selon le nombre de groupes de réservation. Pour autant, notre logique n’est pas commerciale. Normalement, l’objectif est de remplir mais, désormais, il s’agit juste de jouer devant du public.