Montpellier : Illusion & Macadam, une structure multifonction dans la culture
Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition
Partie intégrante du tiers-lieu montpelliérain la Halle Tropisme (Hérault), la coopérative illusion & macadam conjugue plusieurs activités en son sein, de la formation à la production en passant par la gestion. Ce modèle vertueux de structure culturelle multifonction s’est rattaché à un projet d’urbanisme transitoire et irrigue les besoins de l’industriel culturelle locale, d’après Yves Bommenel, son directeur du développement (et ancien président du SMA).
En tant qu’entité coopérative, quelles activités regroupe Illusion & macadam ?
Illusion & macadam avait déjà connu deux projets de lieux qui n’ont pas abouti. Puis la Halle Tropisme a pu émerger.
Notre coopérative a une vingtaine d’années et fonctionne selon un modèle entrepreneurial : c’est une entreprise collective regroupant une soixantaine d’associés, qui ne sont pas tous nécessairement salariés. En plus de 60 permanents, la structure fait travailler quelques 150 intervenants extérieurs en CDD. Nous partons du principe qu’il faut préférer la coopération à la concurrence au sein de la culture. Le groupe coopératif est articulé autour de la SCIC Un Goût d’Illusion, la SCIC Tropisme gérant le tiers-lieu la Halle Tropisme. Cet ensemble abrite plusieurs compétences : de la production (par exemple avec la structure de la chorégraphe Mathilde Monnier), du conseil, de la formation, de la gestion, de la restauration et de l’événementiel. L’ensemble du groupe Illusion & macadam cumule 4,1 M€ de budget par an.
Ainsi, plusieurs services répondent aux besoins de l’industrie culturelle du territoire : la gestion de paye de 300 structures, l’organisation de la partie culturelle du sommet Afrique-France de 2020, l’inauguration du tramway, du 1 % artistique, de la médiation pour des musées, et de la formation dans le management musical, etc. Il a été nécessaire pour des raisons administratives de créer quasiment une filiale par activité.
Comment la structure a-t-elle rejoint la Halle Tropisme ?
Illusion & macadam avait déjà connu deux projets de lieux qui n’ont pas abouti. Puis la Halle Tropisme a pu émerger sur un désir de la Métropole de consacrer un quartier entier aux industries créatives dans une ancienne caserne de 22 hectares, à l’image de ce qui se fait aussi à Nantes. Cela suivait une ébullition locale certaine dans l’audiovisuel ou le jeu vidéo. Dans le plan d’urbanisme, il restait alors des anciens ateliers de mécaniques de 4 000 m2 qui nous ont été confiés à condition que nous financions les travaux et que nous animions la filière, une sorte d’étendard en matière d’usage et de notoriété.
L’espace a aussi une forte activité de diffusion et d’événementiel, avec plus de 500 événements et 100 000 visiteurs par an dans plusieurs disciplines.
2 M€ ont été levés auprès d’investisseurs du champ de l’ESS (Banque des territoires, Caisse des dépôts et des consignations, France Active, Les Scop, Iès, Nov’ess, Inco et des associés privés) pour lancer ce projet d’urbanisme transitoire. Nous nous sommes installés en 2019 pour une exploitation de onze ans - il nous en reste donc neuf. 280 résidents y travaillent, des entreprises ou des indépendants, du design à l’audiovisuel ou au spectacle vivant en passant par le jeu vidéo, mais également des fédérations et des organismes d’accompagnement. Depuis le projet s’est étendu sur 12 000 m2 avec des extérieurs et des ateliers d’artistes.
Quelles sont les autres activités présentes à la Halle Tropisme ?
Pour ainsi dire, toutes celles du secteur culturel. La Halle est l’héritière du festival Montpellier à 100 %, puis du festival Tropisme que nous relançons ainsi que des des compétences multiples du groupe et de nos partenaires, et propose donc un éventail de collaborations possibles. L’espace a aussi une forte activité de diffusion et d’événementiel, avec plus de 500 événements et 100 000 visiteurs par an (hors Covid, naturellement), dans plusieurs disciplines.
Quel est le modèle économique d’illusion et macadam ?
Nous sommes sur un modèle presque entièrement privé, puisque nous fonctionnons à 85 % d’autofinancement avec seulement 15 % de subventions (création artistique, action culturelle, opérations avec des habitants, etc).
La pandémie a inspiré beaucoup de reconversions dans le champ culturel. Qu’avez-vous pu observer à ce niveau à travers votre filière formation ?
Nous formons environ 280 stagiaires par an, selon plusieurs types d’offres - des programmes longs ou courts, du management d’artiste, de la production musicale, de l’acting façon audiovisuel pour comédiens, de l’entrepreneuriat culturel, etc. Plusieurs personnes issues d’autres secteurs comme l’aéronautique, qui n’avaient qu’un pied dans la culture ou aucun, ont tenté une reconversion dans nos métiers, comme si la crise les avait incité à faire ce qu’ils souhaitaient vraiment faire.
En dehors de cela, le grand enjeu du moment est bien sûr l’écoproduction, autour de laquelle nous nous appuyons sur les travaux des filières. La question est si importante qu’il faut veiller à travailler les synergies pour que tous les publics y aient accès.
Enfin, nous menons une réflexion sur la fonction qu’un tiers-lieu peut avoir dans le domaine de la transmission - la Halle Tropisme abritant également d’autres organismes de formation.