Théâtres municipaux : à Serémange-Erzange, l’annulation de la saison et ses conséquences
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
À une trentaine de kilomètres de Metz, le théâtre municipal de Serémange-Erzange (Moselle) s’est vu contraint d’abandonner sa saison en cours pour prévenir un déséquilibre financier trop important. Une décision prise dès octobre, selon son programmateur Jérôme Pretot.
Comment a été prise la décision de renoncer à la saison en cours en l’attente d’une réouverture en septembre prochain ?
Elle a été prise avant même la re-fermeture des lieux culturels lors du confinement d’octobre. Au printemps dernier, nous avions initialement reporté les dates annulées de mars et avril sur mai et juin. Celles-ci n’ayant pu avoir lieu non plus, nous les avons à nouveau reportées sur la saison suivante. De ces dates-là, une seule a finalement pu avoir lieu.
Nous avions des réunions régulières avec un comité de pilotage constitué du maire, de l’adjointe à la culture, de bénévoles et de moi-même. Lors de l’une d’entre elles, j’ai présenté plusieurs options : la tenue d’une réunion bimensuelle pour juger au cas par cas du report ou non de chaque spectacle, ou le report total de la saison.
Nous avons conclu un accord avec les producteurs, selon lequel, pour chaque spectacle reporté, nous nous engageons à en programmer un autre de leur catalogue.
La situation financière du lieu était mise à mal. D’un côté, les spectacles reprogrammés ne pouvaient plus se tenir face aux mêmes jauges, ce qui créait un déséquilibre en billetterie et un casse-tête logistique. De l’autre, programmer de nouveaux spectacles engage des frais, les cachets des artistes restent les mêmes, mais les réservations ne décollent plus et les recettes chutent. Malgré le dispositif de remboursement, notre public, d’une moyenne d’âge assez élevée, est devenu frileux.
Garder le lieu ouvert nécessitait des frais sur lesquels la mairie n’était plus prête à s’engager, et il a été choisi d’abandonner la saison pour rouvrir en septembre en espérant disposer d’une meilleure visibilité d’ici là.
Quelles conséquences logistiques a entraîné ce choix ?
Notre théâtre possède une salle de 409 places, propose une vingtaine de spectacles d’humour et de boulevard par an, et il est gérée par deux permanents, dont moi. Le régisseur est intermittent, il a également une autre activité en micro-entreprise à laquelle il se consacre présentement. Quant à moi, je suis employé par la mairie, et je me m’occupe actuellement de l’édition d’un bulletin municipal.
La saison complète est reportée, ce que les producteurs ont eu du mal à accepter. Nous avons alors conclu un accord avec eux, selon lequel, pour chaque spectacle reporté, nous nous engageons à en programmer un autre de leur catalogue.
Le public est quant à lui incité à garder ses billets pour la saison prochaine.
Comment envisagez-vous septembre 2021 ?
Nous ne lançons pas de communication avant d’être sûrs de pouvoir rouvrir. L’année dernière, nous avons édité une plaquette pour rien. Nous espérons de tout cœur que la situation s’améliore d’ici septembre prochain, sans quoi l’existence même du théâtre pourrait être remise en cause - la mairie ne pourra pas indéfiniment payer pour un équipement à l’arrêt.