Magie : le théâtre du Double Fond mise sur son offre de formations pendant la crise
Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence
Spécialisé dans la magie depuis 1988, le Théâtre du Double Fond (Paris, 4e) se concentre, le temps de la crise, sur son activité de centre de formation, tout juste certifiée un an auparavant. Les demandes de reconversions affluent en provenance du secteur artistique, selon sa responsable pédagogique Adeline Galland.
Comment avez-vous mis sur pied votre activité de formation ?
La magie, et plus particulièrement celle dite « de proximité » que nous pratiquons ici, s’est popularisée et attire de plus en plus de gens. Un besoin en formation est donc apparu. Nous avions commencé sous une forme associative en 2012, puis nous nous sommes professionnalisés pour proposer par exemple des formations à des entreprises voulant utiliser la magie pour communiquer.
Pour faire de la formation, il faut montrer patte blanche, cela nous a pris cinq ans pour nous officialiser. Nous avons donc procédé à l’obtention du certificat RNCP auprès de France Compétences. Le dossier d’instruction fait une quarantaine de pages : il s’agit d’acquérir le vocabulaire, comprendre l’univers, etc. Mis à part quelques diplômes privés auparavant, nous sommes la première formation officielle dans le domaine de la magie. Elle peut faire l’objet de demandes de prise en charge auprès de différents opérateurs de formations.
La tendance dans le spectacle vivant est aux projets hybrides.
Nous avons mis sur pied différents formats, des stages de courte durée ou un cursus à l’année, pour répondre aux différents besoins. Nous remarquons par exemple que d’anciens circassiens, par exemple des acrobates, se retirent du métier vers 50 ou 60 ans, et se penchent sur la magie : nos formations les intéressent donc dans l’optique d’une seconde carrière. La tendance dans le spectacle vivant est aux projets hybrides et donc aux profils multiples : une mairie préfère embaucher un clown-magicien, qu’un clown tout court par exemple. Les compétences en magie sont donc recherchées aujourd’hui.
Comment cette activité s’est-elle développée cette année ?
La première année, nous avons eu une dizaine de stagiaires. Cette année, nous en avons une trentaine. Lors du premier confinement, la demande n’était pas massive, mais en septembre, un afflux s’est fait ressentir, c’était le moment de se former. Du fait de la crise, des artistes sont attirés par la magie, et envisagent une reconversion tout en restant dans le domaine artistique. Nous avons équilibré entre distanciel et présentiel, et créé plusieurs formules selon les profils. Aucun pré-requis n’est nécessaire, nous faisons seulement passer un entretien avant inscription.
En septembre, un afflux s’est fait ressentir.
Tout ceci ne rattrape pas la perte en billetterie bien sûr, mais nous permet de nous maintenir à flot économiquement. Le Double Fond a toujours eu plusieurs activités : le spectacle tout d’abord, avec un café au rez-de-chaussée proposant des tours de magie gratuits, et une salle d’une cinquantaine de place au sous-sol, proposant jusqu’à cinq spectacles payants par semaine - comme tout le monde, après une reprise cet été, nous avons du les suspendre à nouveau.
En parallèle, le lieu avait trouvé son équilibre avec une agence de prestations, ainsi qu’une boutique de magie que nous avions racheté dans le 5e arrondissement de Paris en 1991. Dans le contexte, nous nous recentrons sur la formation qui, par chance, marche assez bien, d’autant que le gouvernement a beaucoup communiqué sur l’intérêt de se former. Le théâtre nous appartient, et c’est une façon constructive de le maintenir en activité. Nous travaillons aussi à des enseignements en streaming, en ligne dès janvier, ainsi qu’à quelques spectacles sous cette forme, dans des buts éducatifs principalement.