Théâtre : la Comédie de Valence (Drôme) fait le plein hors les murs
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Au Centre Dramatique National la Comédie de Valence (Drôme), les propositions hors les murs trouvent leur public pendant que la grande salle ne se remplit qu’à moitié. La situation pousse la nouvelle direction, entrée en poste début 2020, à expérimenter des formules de programmation et de billetterie innovantes, d’après sa directrice adjointe Claire Roussarie.
Comment se comporte votre public depuis la reprise ?
Nous relevons que nos spectateurs reviennent plus facilement vers des programmations hors les murs que dans les salles. La Comédie de Valence dispose de quatre types de configuration pour programmer : une grande salle de 800 places, une petite, excentrée, de 120 places, puis le Théâtre de la Ville, dans lequel nous proposons certains spectacles et qui reçoit 250 à 330 spectateurs. Enfin, nous programmons dans 80 communes sur des petites jauges, un dispositif intitulé la « Comédie Itinérante », qui monte en puissance cette année avec un répondant du public toujours plus fort, et une programmation plus ambitieuse.
Certains spectateurs restent malgré tout attachés à l’abonnement.
Cependant, dans la grande salle, la fréquentation est à la traîne. Avant les vacances de la Toussaint, nous avons reçu un spectacle de Mathilde Monnier qui n’a rempli qu’à hauteur de 400 personnes - ce n’est pas un désastre, mais bien en deçà de ce qu’un tel spectacle pourrait réunir. Nos propositions en extérieur, à plus petite jauge, ont rencontré bien plus de succès.
Certes, une grande partie du public semble ne plus prévoir à l’avance son calendrier culturel. Nous avons donc réitéré un système de cartes pensé pendant la crise : la carte n’est pas nominative, peut être prêtée à ses amis ou à sa famille, et donne accès à un certain nombre de spectacles. Ensuite, nous n’ouvrons désormais les réservations qu’un ou deux mois à l’avance. Mais certains spectateurs restent attachés aux formules d’abonnements et nous devrons pouvoir offrir les deux simultanément.
Avez-vous davantage chargé votre programmation comme d’autres théâtres ?
Nous n’avons pas voulu saturer l’offre, et avons donc gardé un volume similaire. Nous savions que le public serait restreint, et nous avions pu faire un peu de programmation sur juin et juillet. Cependant, certains éléments se superposent. Le directeur Marc Lainé et moi-même avons développé des formes participatives intitulées les OVNIs, qui consistent en des œuvres (court-métrage, spectacle, roman graphique, parcours dans la ville) co-construits avec les particuliers. Les restitutions des travaux de l’an dernier n’ont pu se faire, et elles s’ajoutent donc à celles de cette année.
La préfecture nous impose le masque en salle et je dois dire que je ne sais pas quelle politique nous appliquerions à ce sujet si elle ne l’avait pas fait.
Si le volume de spectacles programmés a peu augmenté, le nombre de créations, oui. Notre lieu a accueilli de nombreuses résidences et produit beaucoup de spectacles, qui sont désormais en tournée et surchargent nos équipes techniques. Enfin, nous avions la tête dans le guidon jusqu’à la rentrée, mais nous réfléchissons désormais à des façons de dynamiser la grande salle, qu’il s’agisse de propositions ludiques, d’offres avantageuses ou de croisements entre spectacle et événementiel.
Quel est le protocole sanitaire en vigueur sur votre territoire ?
La préfecture nous impose le masque en salle - et je dois dire que je ne sais pas quelle politique nous appliquerions à ce sujet si elle ne l’avait pas fait, mais au moins la question ne se pose pas. De façon générale, les difficultés que nous rencontrons sur la grande salle semblent venir d’une méfiance à se retrouver dans des groupes nombreux, à proximité. Il faut reprendre le public par la main.
Par ailleurs, nous sommes sur un territoire où les gens sont souvent remontés sur la question pandémique. Certains sont très réfractaires au pass sanitaire - des gens nous ont renvoyé leur plaquette de saison en déclarant qu’ils ne reviendraient pas tant qu’il est appliqué.