Production

Smac : une nouvelle direction plus rap, électro et ESS à l’Échonova

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Tout juste entré en poste à la tête de l’Échonova près de Vannes (Morbihan), Matthieu Meyer y projette une programmation plus marquée et des projets en harmonie avec l’économie sociale et solidaire.

L’Échonova dispose d’une salle de 650 places debout et d’un club d’une capacité de 200. - © D.R.
L’Échonova dispose d’une salle de 650 places debout et d’un club d’une capacité de 200. - © D.R.

Dans quelles conditions l’Échonova se relève-t-elle de la pandémie ? 

Les difficultés qu’a connues le lieu sont doubles. Bien sûr, il y a la pandémie, qui lui a imposé un arrêt quasi-total depuis deux ans, comme à tout le reste de la filière. Pendant deux ans, un programmateur par intérim a fait jouer des groupes locaux, faute de pouvoir faire venir des artistes internationaux du fait des restrictions. La scène locale a été mise en valeur pendant cette période, mais il faut recréer de l’attrait auprès du public avec des affiches qui brillent un peu plus et des noms venus d’ailleurs, maintenant que nous pouvons enfin proposer des concerts dans des conditions normales - moyennant la présentation d’un pass vaccinal.

À cela s’ajoute une absence de direction depuis août 2019. L’équipe s’est gérée elle-même comme elle l’a pu sur toute cette période, hormis un court épisode auquel duquel un directeur a été mis en place, avant de mettre fin lui-même à son contrat pendant sa période d’essai, en plein covid. La Fédélima et Profil Culture ont travaillé ensemble à la restructuration de l’équipe, pour mettre fin à cette phase durant laquelle aucun projet n’a donc pu être développé. Trois postes, dont le mien, sont renouvelés dans cette équipe de douze personnes - une administratrice arrive très bientôt, et une autre personnes à la coordination artistique et à la programmation. 

Comment alors recréer une dynamique dans cette salle, côté programmation ? 

L’Échonova a pu avoir une image un peu traditionnelle pour une Smac, avec une affiche mêlant rock et métal. Il s’agira désormais de compléter cette offre avec d’autres courants musicaux, plus jeunes ou plus pointus, qui n’y sont pas encore représentés. Je pense à certains artistes plus « indés » ou éventuellement plus pointus, et surtout aux champs de l’électro et du rap ou du r’n’b. Ces deux derniers genres, souvent recouverts par l’expression « musiques urbaines », constituent une scène particulièrement florissante, qui capte d’autres publics. 

J’étudie les possibilités d’ouverture de nuit du lieu pour y programmer des soirées clubbing.

L’électro aussi est peu présente à l’Échonova, et pourrait se déployer sur d’autres créneaux d’ouverture. J’étudie présentement nos capacités d’ouverture nocturne afin d’envisager des formules club. C’est aussi un champ artistique qui peut donner lieu à des ateliers pédagogiques pour le jeune public, animés par des collectifs qui ont mis en place des méthodes ludiques de transmission. 

Il est à noter cependant que je ne serai pas directement programmateur du lieu, puisque quelqu’un sera nommé expressément à ce poste, mais que je superviserai néanmoins cet aspect de notre activité afin de veiller à ce que notre affiche respecte une variété de styles musicaux.

Quel est le rayonnement de l’Échonova sur son territoire ?

La Bretagne est déjà très bien équipée en termes de lieux musicaux. L’Échonova est proche de Nantes, Rennes et Lorient, qui disposent déjà d’établissements bien implantés et de festivals très identifiés.

L’agglomération de Vannes comprend notamment plusieurs campus, mais la salle ne capte que faiblement le public étudiant pour l’instant, ce qu’il faudra corriger. La population locale est par ailleurs en pleine mutation : avec l’essor du télétravail, de nombreux urbains sont venus s’installer ici et il faudra les identifier pour leur proposer une offre adaptée.

Il existe d’ailleurs au sein de l’Échonova un comité d’usagers, que nous réactiverons. Un représentant figure dans notre conseil d’administration. 

Du 19<sup>e</sup> à la Bretagne, le parcours de Matthieu Meyer

« Après des études en histoire de l’art puis en métiers des arts et de la culture, j’ai été programmateur au Glazart (Paris 19e), puis directeur et programmateur du Trabendo (Paris 19e) pendant sept ans. J’ai été recruté à l’Échonova suite à un processus de recrutement étalé de juin à octobre 2021.  »

Comment intégrer l’économie sociale et solidaire dans l’activité du lieu ? 

Une Smac doit répondre à de plusieurs missions en plus de la diffusion de concerts, comme l’action culturelle, les pratiques amateurs ou la professionnalisation des musiciens locaux. À travers ces différentes actions, nous pouvons imaginer bien des façons de travailler en respectant la grille écologique et développer les droits culturels. Cela passe aussi par notre façon de travailler en interne, et même dans ma gestion d’équipe. 

Concernant l’écologie, il faut accepter par exemple que faire des jouer des artistes a un coût énergétique non négligeable mais qu’il nous appartient, à notre échelle, de le réduire tant que possible.

Quels sont les équipements du lieu et quelle est son mode de gestion ?

Il s’agit d’un établissement public de coopération intercommunale. Je travaille donc directement avec une « régie d’équipement de musiques actuelles » composée d’élus de l’agglomération de Vannes. Nous disposons de deux salles (l’une de 650 places, l’autre de 200), de quatre studios de répétition, d’un studio d’enregistrement et d’un centre de ressources et de documentation autour des musiques actuelles. Le lieu est labellisé depuis 2019.