Production

Restrictions : la Smac le Chabada passe presque à travers les gouttes

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

La Smac d’Angers (Maine-et-Loire) n’a eu qu’à reporter deux dates en raison des dernières restrictions - qui seront entièrement levées le 16 février. Pour autant, les conditions de travail du lieu et du secteur entier sont toujours bancales, observe Mélanie Alaitru, co-directrice.

Vidéoclub en concert au Chabada le 20 novembre dernier. - © Stéphane Mouton
Vidéoclub en concert au Chabada le 20 novembre dernier. - © Stéphane Mouton

Comment les restrictions ont-elles impacté votre calendrier ? 

Heureusement, pas trop. Nous avions deux résidences sur la première semaine, donc pas de concerts à cet moment-là. En dehors de cela, nous avons dû reporter deux dates : un concert de La Femme, clairement inadaptable à de « l’assis », et une soirée organisée par une association réunissant quatre groupes, pas non plus propice à cette configuration. Par souci de cohérence, et par engagement envers notre public, nous avons renoncé à toute adaptation forcée en assis, car cela va à l’encontre de l’expérience de concert que nous voulons proposer. 

Nous avons renoncé à toute adaptation « forcée » en assis.

D’autres dates prévues sur la période s’y prêtent cependant : l’artiste Rover par exemple, peut jouer devant une salle assise. Seulement, nous n’avons pas la capacité d’accueillir autant de places vendues en assis, et Angers n’a pas énormément de salles à proposer. La Mairie nous a mis à disposition le Théâtre de Chanzy qui peut recevoir une telle jauge assise. Si nous n’avions pas cette alternative, nous aurions dû reporter ou annuler. 

Enfin, un autre concert, multimédia celui-ci, se prête aussi à ces conditions. Il s’agit d’une double date programmée dans le cadre du festival Premiers Plans, avec un support vidéo qui fait partie intégrante de l’expérience.

En fin de compte, nous n’avons dû reporter que deux concerts, ce qui reste un moindre mal au vu de la situation. 

Comment cela a-t-il affecté votre organisation interne ? 

Nous atteignons la limite des reports que nous pouvons faire. Le mois de septembre est déjà très chargé, nous n’anticipons pas autant normalement. Nous n’avons pas vu venir ce retour de restrictions aussi radicales, qui nous ramène en fin de compte à la situation des deux précédents confinements. La levée des restrictions a été annoncée juste au moment où nous aurions dû faire déborder le calendrier. Nous pouvons encore espérer programmer une saison 2022-2023 sereinement. 

Le comportement du public n’est plus vraiment analysable

Il faut aussi rappeler que nous n’avons pas eu le temps de retrouver les conditions de travail d’avant la crise depuis la reprise, autant en termes de comportement du public qu’en termes de certitude sur la tenue des dates. Des concerts sont souvent annulés à cause de contaminations parmi les artistes, cela nous est notamment arrivé en décembre dernier. 

Également, les reports successifs nous interrogent sur la pertinence de ce que nous proposons : l’artiste Chilla joue bientôt chez nous, c’est un report qui date du premier confinement, sa date chez nous avait été la première à être annulée à cause de la pandémie en 2020. Si celle-ci avait été à nouveau empêchée, l’aurions-nous encore une fois programmée ? Pour autant, nous gardons de bons rapports avec les tourneurs, et veillons à ce que tout se fasse en bonne intelligence. 

Quelle est la réaction de votre public à ce dernier épisode de restrictions ? 

La billetterie s’est tout simplement arrêtée en décembre. Les gens sont méfiants désormais, et ces cycles d’interdictions ne font que renforcer cette nouvelle tendance à la réservation de dernière minute. Nous avons pu le voir sur la double date avec le festival Premiers Plans : les ventes n’ont commencé que la semaine précédente. De manière générale, le comportement du public n’est plus vraiment analysable ou prévisible depuis la réouverture des lieux culturels, du moins pas pour l’instant. 

Le Chabada en bref

• Salle de musiques actuelles à Angers (Maine-et-Loire)

• Inauguration en 1994

• Géré par l’association Adrama-Chabada, dans le cadre d’une délégation de service public de la Ville d’Angers

• Codirection :

- Mélanie Alaitru, responsable du projet culturel et artistique

- François Jonquet, administrateur