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#rentrée 2020 : « Un créneau jeune public s’ouvre sur le mois de juillet » (D. Lescot, Cie du Kaïros)

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Comment la culture prépare-t-elle sa rentrée 2020 alors que persistent les incertitudes autour de la crise de la Covid-19 ? Culture Matin interroge différents acteurs du secteur au fil de l’été. Aujourd’hui, pour clore la série, David Lescot, metteur en scène de la Compagnie du Kaïros, pour aborder la situation de la création théâtrale pour le jeune public.

Le spectacle jeune public « J’ai trop peur » de David Lescot.  - © Christophe Raynaud de Lage
Le spectacle jeune public « J’ai trop peur » de David Lescot. - © Christophe Raynaud de Lage

Comment la crise sanitaire a-t-elle atteint la Compagnie du Kaïros ?

Suite à la réouverture des lieux publics le 22 juin, une fenêtre s’est ouverte, notamment pour le spectacle jeune public.

Nous étions à une semaine de la première de la suite de notre spectacle jeune public « J’ai Trop Peur », qui s’intitule « J’ai Trop d’Amis ». Les portes se sont presque fermées sur nous. Nous avons arrêté les répétitions quelques jours avant les directives officielles, ça ne servait à rien de continuer dans ces conditions. Trente à cinquante dates ont été annulées sur le reste de la saison, une moitié a été reportée. 

Nous avons récupéré tous les salaires des dates annulées sous forme de chômage partiel, puis complété avec l’argent de la compagnie pour que nos comédiennes touchent autant que ce qu’elles auraient touché si elles avaient joué. 

Vous avez pu jouer à plusieurs reprises cet été, comment se sont passées ces représentations ?

Suite à la réouverture des lieux publics le 22 juin, une fenêtre s’est ouverte, notamment pour le spectacle jeune public. Quelques théâtres ont mis sur pied des programmations d’été. Dans un premier temps, il y a eu une incertitude sur la participation des enfants aux activités, qui s’est finalement levée. Le Théâtre de la Ville à Paris a alors axé sa programmation sur les spectacles jeune public et nous avons ainsi pu finir la création de « J’ai Trop d’Amis ».

Nous l’avons joué une douzaine de fois, à raison de deux représentations par jour, devant une salle remplie aux deux tiers d’enfants. Nous avons également joué une semaine au Lycée Jacques Decour (Paris 9e) dans le cadre du festival Paris l’Été. il y a eu également beaucoup de monde. 

Le fait de pouvoir rejouer dépendait de la rigueur avec laquelle nous appliquions ces règles, nous nous sommes donc vraiment investis.

Un constat s’est vite dressé : la crise révélait un créneau pour le jeune public en juillet. Cet été plus que tout autre, de nombreux jeunes n’ont pas pu partir en vacances et peu d’activités leur étaient proposées. Les associations ont fait le relai entre eux et les théâtres, et nous avons donc bénéficié d’une affluence inhabituelle pour cette période. Hors du contexte scolaire, en vacances, il est rare de jouer devant des enfants. Nous avons donc joué devant des publics très réactifs. Côté diffusion et relations publiques, les spectacles ont bénéficié d’une belle exposition parce que les professionnels et les médias étaient davantage disponibles du fait de l’annulation du festival d’Avignon. 

Comment avez vous composé avec les contraintes sanitaires ?

Nous les avons prises très au sérieux. Il ne fallait pas le faire de façon nonchalante, la santé reste plus importante que le spectacle. Le fait de pouvoir rejouer dépendait de la rigueur avec laquelle nous appliquions ces règles, nous nous sommes donc vraiment investis. 

David Lescot - © Christophe Raynaud de Lage
David Lescot - © Christophe Raynaud de Lage

Les lieux où nous avons joué étaient très stricts sur les règles. Aux Abbesses (une des salles du Théâtre de la Ville) par exemple, un système astucieux de séparation mobile a été mis en place, avec une petite bonnette que l’on peut déplacer pour marquer la séparation entre groupes sociaux. Cela évitait ainsi un prédécoupage rigide de la salle. 

En revanche, nous n’imaginerions pas d’appliquer les contraintes sanitaires sur scène. Certains ont essayé d’intégrer les masques aux mises en scène, comme Robin Renucci qui a joué Racine avec des comédiens masqués, et je les admire, mais je ne l’envisage pas. 

Comment se présente la rentrée pour la compagnie ? 

Nous avons un grand nombre de spectacles programmés pour la saison à venir, notamment « J’ai Trop d’Amis », même si la situation générale reste floue. Certains de nos spectacles se jouent beaucoup dans les établissements scolaires. Nous n’avons aucune visibilité à cet endroit, les services jeune public des théâtres demeurent dans l’incertitude.