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Livestream : selon le SNES, une nouvelle activité pérenne pour les producteurs de spectacle

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Au Village du Off d’Avignon cette année, le Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacles (SNES) a fait le point sur la diffusion en livestream dans le spectacle vivant. Selon son délégué général Philippe Chapelon, l’outil s’installe dans les pratiques du secteur, et intéresse de plus en plus de diffuseurs.

L’atelier du SNES sur les pratiques du livestream au Village du OFF 2021. - © D.R.
L’atelier du SNES sur les pratiques du livestream au Village du OFF 2021. - © D.R.

Comment l’outil livestream a-t-il évolué dans le paysage du spectacle vivant ? 

De nombreux entrepreneurs du spectacle ne savent pas comment s’y prendre, beaucoup de questions demeurent.

Il y a déjà une disparité au sein même du paysage entre musique et arts vivants. Le Centre National de la Musique a doté le secteur de 15 millions d’euros au titre de la « diffusion alternative », et la scène musicale est globalement plus avancée dans ses usages du support. Le secteur théâtral en est encore au début de sa numérisation, et cela ne passe pas seulement par le livestream, mais aussi par la communication sur les réseaux pour faire connaître son spectacle. 

Le Ministère de la Culture a désigné une délégation de la numérisation, et les dépenses dans ce domaine rentrent désormais dans le champ d’application du crédit d’impôt, permettant un remboursement de 30 %. C’est le signe qu’il y a une attente à cet endroit-là, et que l’outil devrait monter en puissance. Notre rencontre sur le sujet dans le Village Off d’Avignon a réuni une cinquantaine de personnes, ce qui est beaucoup pour ce type de rendez-vous. 

Quels sont les prochaines avancées à traiter en matière de livestream ? 

Le rôle du SNES est d’informer et de professionnaliser. De nombreux entrepreneurs du spectacle ne savent pas comment s’y prendre, beaucoup de questions demeurent. Les premières concernent le droit d’auteur, et nous passons des accords avec la Sacem et d’autres OGC pour clarifier et simplifier la situation. La législation autour de cet outil demeure encore difficile à déchiffrer. 

La seconde question est très liée, c’est celle de la commercialisation. Pour l’instant, le livestream est rarement proposé avec une billetterie, et son succès dépend de la notoriété du lieu et de l’artiste concernés. Pourtant, c’est un des enjeux sur le long terme, et cela pose la question des modalités de rémunération des artistes et des auteurs. 

L’outil ne révolutionnera pas le spectacle vivant.

Au niveau des subventions aussi, il serait question d’officialiser dans les statuts des producteurs de spectacle cette activité de diffuseur numérique et de producteur audiovisuel pour qu’ils puissent prétendre à des aides du CNC. 

Enfin, il y a la question de l’équipement. Les sociétés de production de spectacles veulent être capable de produire elles-mêmes leurs captations et leurs livestreams, sans avoir recours à des prestataires extérieurs. Le matériel est de plus en plus léger aujourd’hui, ce n’est donc plus inaccessible. L’Association pour le Soutien du Théâtre Privé considère actuellement différentes manières de soutenir le secteur, et quelles aides l’État pourrait dispenser. 

Quelles sont les perspectives pour le livestream hors pandémie ? 

Ce n’est pas un outil qui va révolutionner le spectacle vivant, et il ne sera plus au centre du débat une fois que l’activité du secteur aura véritablement repris. C’est néanmoins un outil de diffusion qui va prendre sa place, notamment pour les publics empêchés, mais aussi pour le public francophone. Il apparaît que de nombreux expatriés peuvent être intéressés par la diffusion de spectacles en ligne, et c’est une manne non négligeable de spectateurs. Le fait de livestreamer une représentation de spectacle (pour laisser une trace comme pour atteindre d’autres publics) deviendra bientôt courante pour les salles de spectacle.