Production

Hors-les-murs : comment le festival Odyssées fait rayonner la création jeune public dans les Yvelines

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Projet d’aménagement du territoire à part entière, le festival jeune public Odyssées fait tourner six créations techniquement modestes dans 70 lieux non-équipés (collèges, centres sociaux, salles des fêtes, etc) du département des Yvelines du 17 janvier au 19 mars 2022. Déjà à sa 13e édition, l’opération prend cette année une autre ampleur, d’après Sylvain Maurice, directeur du Théâtre de Sartrouville qui l’encadre.

Répétitions de la première création jeune public de Baptiste Amann, « Jamais Dormir ». - © D.R.
Répétitions de la première création jeune public de Baptiste Amann, « Jamais Dormir ». - © D.R.

Quelle ampleur souhaitez-vous donner à Odyssées depuis votre arrivée à la direction du théâtre ?

204 dates dans des lieux pour la plupart non-équipés.

C’est le fondateur du théâtre, Claude Sévenier, qui a initié ce festival en biennale. Il atteint cette année sa 13e édition. Sévenier faisait le constat des écarts territoriaux en matière d’aménagements urbains et d’accès à la culture, dans le département des Yvelines. Il suffit de jeter un œil sur la carte pour voir que c’est un espace très disparate, avec des zones rurales, d’autres beaucoup plus urbanisées et des réalités sociales très éloignées les unes des autres. D’où la nécessité d’un festival décentralisé, qui atteigne le plus de recoins possibles du territoire. J’ai décidé de lui donner davantage de moyens pour un déploiement plus important. Cette édition s’étale sur 204 dates dans des lieux pour la plupart non-équipés, et a pu atteindre 11 200 spectateurs en 2020. 

À quelles contraintes techniques doivent se tenir les artistes programmés ? 

C’est un festival de créations, adressé au jeune public, par des artistes qui n’en ont parfois jamais fait - c’est le cas par exemple de Baptiste Amann, contrairement à David Lescot, très identifié sur ce circuit-là. Ce sont donc des spectacles conçus avec des limitations techniques qui correspondent aux lieux qui les accueillent. L’idée est d’allier une exigence artistique à une sobriété dans les moyens.

Leur production doit pouvoir être contenue dans le véhicule utilitaire le plus petit qui soit. Sur place, il n’y aura pas de lumières comme dans une salle de spectacle habilitée, donc pas d’instruction ou d’écriture de ce côté-là. Le montage technique ne doit pas prendre plus de deux ou trois heures. 

Quels types de lieux y participent et quel est l’accord entre ces lieux et le théâtre ? 

Les lieux y participent sur la base du volontariat. Certains reconduisent leur collaboration, d’autres non, des nouveaux s’ajoutent aussi à la liste - cette année, nous comptons un tiers de nouveaux entrants. Il peut s’agir d’une salle des fêtes, d’un centre d’action sociale, d’un établissement scolaire (une de nos créations est expressément conçue pour se produire dans une salle de classe), etc. 

Le montage technique ne doit pas prendre plus de 2 ou 3 heures. 

De façon générale, nous nous adaptons aux moyens de la structure et de la commune qui nous accueillent. Le prix de session leur incombe, mais il est très bas et ne couvre pas le coût plateau. Une subvention départementale prend en charge le déficit entre le coût plateau et le coût de cession. Chaque lieu peut choisir d’appliquer une gratuité ou une grille de tarif pour les représentations qu’il accueille.

Nous avons des outils de communication (affiches, réseaux sociaux) et de médiation que nous utilisons de notre côté et mettons à disposition, mais le lieu travaille aussi les dates et son public avec ses propres moyens. 

Enfin, chaque spectacle se joue au moins deux fois par lieu, le déploiement technique justifiant d’éviter les dates isolées. 

Qu’en est-il des créations par la suite ? 

À l’issue de cette tournée, les artistes peuvent bien sûr faire évoluer leur création avec des moyens techniques plus abondants pour des dates suivantes - notamment avec une création lumière. Le festival comprend un temps destiné aux professionnels, Cité-Odyssées, au sein du théâtre, où les six créations peuvent être vues par des programmateurs. 

Le Théâtre de Sartrouville, en bref.

• Centre dramatique national depuis 2001(après la fusion de la Scène nationale de Sartrouville et d’Heyoka, centre dramatique pour l’enfance et la jeunesse)

• 1966 : création du Théâtre de Sartrouville par Claude Sévenier

• 1986 : inauguration du nouveau théâtre

• 1989 : le Théâtre de Sartrouville est renommé Heyoka, l’un des cinq centres dramatiques pour l’enfance et la jeunesse

• Missions : travail de création orienté vers le jeune public- crée et organise la biennale Odyssées depuis 1997.

• Directions successives :- Claude Sévenier (1966-1989)- Claude Sévenier et Joël Jouanneau (1990-2003)- Claude Sévenier et Laurent Fréchuret (2004-2005)- Laurent Fréchuret (2006-2012)

• Directeur : Sylvain Maurice, depuis le 01/01/2013

• Directrice adjointe : Agnès Ceccaldi