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Festivals : l’édition en livestream de Reperkusound (Lyon) a rencontré son public

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Le 2 avril dernier, le festival lyonnais Reperkusound (Rhône) s’est transformé en événement en ligne. L’opération s’est révélée positive autant en matière de réception du public que d’expérience logistique, selon Eric Fillion, co-directeur.

Festivals : l’édition en livestream de Reperkusound (Lyon) a rencontré son public
Festivals : l’édition en livestream de Reperkusound (Lyon) a rencontré son public

Comment cette édition 2021 a-t-elle basculé en ligne ?

Ce sont d’abord des questions de calendrier qui nous ont motivés. Nous ne voulions pas tenter de report parce qu’il nous semble clair qu’il y aura un embouteillage sur le mois de septembre avec plusieurs événements reportés aux mêmes dates. Nous avons donc opté pour un report du festival physique en 2022, tout en cherchant un moyen de maintenir quelque chose cette année. 

Nous avions d’abord pensé à un événement assis sur trois soirées de trois concerts chacune, diffusées gratuitement en livestream. Le festival se serait tenu au Transbordeur avec une jauge de 500 personnes assises. Nous avions cherché à déposer deux demandes d’aide auprès du Centre National de la Musique, celle permettant de compenser la billetterie, et celle pour la diffusion alternative, mais le cumul n’était pas possible. Nous avons finalement conservé celle concernant la diffusion alternative. Notre sponsor, le Crédit Mutuel, nous a soutenu de la même façon qu’il l’avait fait sur nos précédentes éditions - c’était dans ses capacités étant donné que tant d’autres événements qu’il sponsorisait avaient été annulés. 

Quand nous avons dû faire le deuil de l’accueil du public, nous avons cherché à faire le plus bel événement en ligne possible, tout en trouvant une nouvelle forme et une programmation adaptée.

Quelle formule avez-vous alors choisie ?

Nous avons imaginé une sorte d’émission télévisée sur un plateau entièrement éclairé en LED, retransmise en direct depuis le Transbordeur à Villeurbanne et animée par un tandem issu du théâtre et du stand-up que nous avons recruté deux semaines avant l’événement. Nous avons inclus des vidéos « after-movies » de nos précédentes émissions, des interviews de l’équipe et des moments d’interactivité comme un quiz ou un jeu concours.

Notre sponsor nous a soutenu à la même hauteur que lors de nos précédentes éditions.

Côté programmation, nous avons écarté les artistes les plus pointus de notre programmation et conservé ceux qui s’adressaient à un public plus large. La soirée proposait trois concerts de Suzane, Worakls² et Romane Santarelli. Les sets duraient entre 45 minutes et 1h15. Les cachets ont été les mêmes que ceux qui avaient été négociés pour l’événement physique que nous avions d’abord envisagé.

L’interface utilisée s’appelle Shotgun, et permet de suivre l’événement sans avoir à ouvrir un compte. Le compte permet néanmoins d’accéder à plus de fonctions. Un chat est disponible, et il est également possible d’envoyer des vidéos de 15 secondes. L’équipe assurant la technique avait prévu des backups de flux en cas de problème technique - une carte son nous a lâché à un moment, ce qui a suspendu le son environ 2 minutes, mais nous avons pu résoudre le problème sans perdre de public.

Comment avez-vous communiqué sur l’événement ? 

Tout est allé assez vite. Clear Channel nous ont fait une promotion, à la fois parce qu’ils étaient contents de retravailler sur un événement culturel, mais aussi en soutien au secteur. Nous avons alors pu diffuser un teaser de l’événement incluant un code barre à flasher sur leurs panneaux digitaux. Les médias ont également beaucoup relayé. 

Pourtant, au début, nous avions l’impression que l’événement ne décollait pas sur les réseaux sociaux. Finalement, nous avons comptabilisé 10 500 connexions, avec un objectif de 10 000. 

Côté logistique, que tirez-vous de l’expérience ? 

Soixante-dix personnes ont travaillé sur l’événement - certaines issues de notre équipe habituelle, et des prestataires de l’audiovisuel avec lesquels nous avions pour certains déjà collaboré. Nous avons appris beaucoup de choses et acquis de nouvelles compétences. Il y a des petits problèmes que nous n’avions pas pu envisager : le plateau de LED étant constamment éclairé, les artistes n’avaient pas de « noir » entre leurs morceaux, ce qui était perturbant pour eux. Ces formats peuvent être déstabilisants pour eux, même si certains ont déjà fait des sets télévisés, mais d’une durée d’un ou deux morceaux seulement. Nous envisageons en tout cas de renouveler ce type d’opération, en parallèle d’événements en présentiel, sous la forme par exemple de capsules livestreamées.