Production

Distanciation : des spectacles en drive-in testés au Bateau-Feu

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Suite à l’annulation d’une série de lectures hors les murs, le Bateau-Feu a transformé certaines d’entre elles en une forme drive-in gratuite. Les retours positifs poussent l’équipe à imaginer d’autres expériences si la situation perdure, d’après Estelle Esseddiqui, chargée de communication.

Cinq lectures en drive-in ont eu lieu début janvier.  - © Jean-Philippe Dagbert / Le Bateau Feu
Cinq lectures en drive-in ont eu lieu début janvier. - © Jean-Philippe Dagbert / Le Bateau Feu

Comment avez-vous mis en place les spectacles en drive-in ?

« Histoires en Série » est un temps fort du Bateau-Feu, qui consiste en une programmation de lectures hors les murs qui se déploie normalement sur l’agglomération dunkerquoise et la Flandre intérieure. La plupart des lieux d’accueil étant soit des structures culturelles, donc fermées au public, soit des bibliothèques ou maisons de quartiers ne pouvant recevoir que six spectateurs dans le respect des jauges, elles ont pour la plupart été annulées. Seules une quinzaine ont été maintenues en établissements scolaires. 

Le son de la lecture est diffusé sur une fréquence radio.

Nous avons alors imaginé une autre forme pour ces lectures, en respect du protocole sanitaire, et nous avons mis deux mois pour la mettre en place. Nous avions commandé à l’auteur Sylvain Prudhomme plusieurs textes, qu’il a basés sur des rencontres faites au cours d’un road trip. Ils sont interprétés par des comédiens à chaque fois différents, mis en scène par Olivier Maurin et scénographiés par Andréa Warzee. Pour pouvoir les présenter au public, nous avons imaginé une forme drive-in sur le parvis de notre théâtre, qui restait en harmonie avec la thématique du voyage commune à tous les textes. 

Les spectateurs arrivent en voiture, notre parking peuvent en contenir une quarantaine, et ils restent à l’intérieur. Ils se connectent sur une fréquence dont nous avons fait la demande et le son de la lecture est donc diffusé en radio. La performance a lieu à l’intérieur de notre hall, qui a une façade en verre. On peut donc la voir à taille humaine, sur une mini-scène disposée à l’intérieur, et elle est également projetée à grande échelle sur la façade pour le confort des spectateurs. 

Le spectacle était gratuit sans réservation, le parking était balisé et des membres de notre équipe guidaient les spectateurs. Les lectures respectaient un format de 50 minutes, et nous en avons donné cinq. 

Quelles suites donnez-vous à cette opération ?

Les retours du public ont été très positifs, et les artistes aussi étaient enthousiastes. Certes, la sensation pour eux est étrange, puisqu’ils ne voient pas le public, mais c’est une expérience intéressante. Les applaudissements se faisaient donc par klaxons. 

Cela nous encourage à imaginer d’autres formes de ce type, sur un modèle de 40 à 50 minutes - au delà, cette forme ne serait pas vraiment tenable. Nous ne sommes pas très partisans du spectacle en livestream et c’est une façon de la contourner, en proposant un événement en direct et un véritable dispositif. Aussi, cela ne se prête qu’à des formes facilement transposables sur un petit plateau. 

La lecture est filmée depuis une micro-scène et projeté sur la façade du lieu. - © Angelique Lyleire
La lecture est filmée depuis une micro-scène et projeté sur la façade du lieu. - © Angelique Lyleire

Avez-vous adapté vos outils de communication ?

Nous avons scindé en deux notre plaquette annuelle : un carnet d’automne puis un carnet hiver-printemps.

Pour « Histoires En Série », nous avons édité une brochure et appliqué notre plan de communication comme prévu. Concernant notre plaquette annuelle, nous l’avons scindée en deux : un carnet d’automne, puis un carnet hiver-printemps. C’est exceptionnel, nous ne comptons pas conserver cette formule l’année prochaine : elle rompt la continuité du projet artistique et démultiplie la charge de travail.

Quelle est votre approche pour les mois à venir ? 

Nous faisons preuve de patience. Nous n’envisageons pas l’annulation complète du reste de la saison comme cela a pu être fait ailleurs, et nous espérons pouvoir reprendre la programmation en public. 

Nous réagissons au coup par coup, au rythme des annonces gouvernementales, comme la plupart des lieux. Nous annulons et remboursons les spectacles qui ne pourront avoir lieu, nous sommes désormais rodés de ce côté-là, l’information spectateur et le protocole sont désormais bien fixés. 

Nous commençons aussi à voir la limite des reports. Certaines compagnies ne pourront pas revenir, et nous ne pouvons de toute façon pas dupliquer une saison sur l’autre.