Production

Chanson : l’association Troyes Chante se lance malgré une reprise fragmentée

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

À Troyes (Aube), la nouvelle association Troyes Chante souhaite diffuser des artistes de niche sur la force d’une programmation singulière. Son instigateur Fred Castel décrit un lancement complexe dans le contexte d’une rentrée qui voit le public adopter un comportement imprévisible. Prochaines dates : les 10 et 11 décembre, au Théâtre le Quai.

 Liz Van Deuq en concert au Quai lors du premier weekend de l’événement. - © Fred Castel
Liz Van Deuq en concert au Quai lors du premier weekend de l’événement. - © Fred Castel

Comment s’est montée votre association ?

Nous venons de la créer, ses premiers concerts ont eu lieu le 8 et 9 octobre 2021. J’ai une expérience dans l’organisation de concerts grâce à ma précédente association et je voulais lancer un nouveau projet sur le territoire de Troyes. Il s’agit de fidéliser un public autour d’une programmation afin qu’il accepte de découvrir des artistes rares ou inconnus, en faisant confiance à notre curation. 

Nous sommes une dizaine de bénévoles, dont cinq ou six très actifs, et avons obtenu des soutiens divers en faisant une levée de fonds - 3 000 euros ont été récoltés, par des donateurs passionnés venant des quatre coins de la France, pas forcément des spectateurs potentiels dans nos salles. 

Le conseil départemental et la ville de Troyes nous ont aidé sur le premier festival (annulé), et ils nous soutiennent toujours en cette rentrée. Ils voient bien que nous nous bougeons pour proposer une offre culturelle, et sont solidaires.

Quel a été le calendrier de lancement et comment y répond le public ?

Notre premier événement devait avoir lieu en janvier 2021 au Théâtre Le Quai. C’est un théâtre de location qui est très proche de l’association, et propose 137 places assises. Jusqu’à un mois avant, nous y croyions fermement. À l’époque, les réservations abondaient, nous étions très satisfaits, mais nous avons bien sûr dû y renoncer en dernier lieu. Toutes les places ont été remboursées et nous étions confiants sur le report du festival. 

Les réservations se sont divisées par cinq.

Nous avons réajusté l’événement : il s’étale maintenant sur deux week-ends et quatre concerts. Il a été reprogrammé, mais la réponse du public n’a pas été la même. Les réservations ont été divisées par cinq. Nous avons d’abord cru à un problème de communication, mais nous avions pourtant eu la même couverture que lors du premier essai.

Comment s’explique cette perte d’audience ?

Tout d’abord, elle se voit au niveau local comme national. Tous les lieux et les structures que nous avons interrogés témoignent d’une baisse d’environ 50 % de fréquentation. Ensuite, même si nous avons en projet de conquérir d’autres publics, nous comptons sur nos habitués, notre « public type » (curieux, mélomane), et c’est exactement celui qui semble ne pas revenir, alors que nous le pensions acquis. 

De l’avis général, ce public semble avoir découvert l’offre des plateformes et ne la quitte pas si rapidement. Culturebox fait effectivement un très bon travail, qui occupe le même espace que le nôtre en terme d’esthétique. Ces plateformes ont pris le relais du spectacle vivant, et ne nous rendent pas encore les spectateurs pour remplir nos salles - mais nous gardons espoir.