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CDN : comment Nanterre-Amandiers maintient-il activité et communication ?

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Travail d’atelier, projets de développement des publics hors les murs, changement de direction : le Centre dramatique national de Nanterre-Amandiers a de la matière pour garder de la visibilité pendant cet arrêt prolongé de la vie culturelle. Lorène Claudel, directrice des publics, et Audiane Plagiau, directrice de la communication, ont pu maintenir leurs activités malgré un fonctionnement dégradé.

Répétitions de « Cascade » de Meg Stuart à Nanterre-Amandiers en octobre 2020  - © Martin Argyroglo
Répétitions de « Cascade » de Meg Stuart à Nanterre-Amandiers en octobre 2020 - © Martin Argyroglo

Comment travailler la communication d’un équipement de la taille des Amandiers dans une telle période ? 

A. Plagiau : Depuis le début de la crise sanitaire, le théâtre n’a pu ouvrir ses portes au public que pendant un mois, à l’automne 2020. Cette ouverture a été très attendue par le public, qui a tout de suite répondu présent. La presse a également suivi de près les 8 spectacles présentés dans ce laps de temps. Ensuite, la nomination de Christophe Rauck à la direction du lieu, et donc le départ de Philippe Quesne, ont capté l’attention des médias, ce qui a joué en notre faveur et participé à nous conserver une visibilité dans la presse, malgré la fermeture.

Nous avons pu raconter autre chose grâce à ces outils.

Lors du premier confinement d’abord, nous avons mis en ligne des contenus vidéo rares par des artistes proches du lieu, une programmation intitulée « Make It Home », en rappel au « Make It Work » qui orne une façade du lieu. Ensuite, lors du deuxième confinement, nous avons lancé Radio Amandiers, un podcast autour de la création et de l’univers des artistes en création chez nous. C’est un projet qui faisait partie de la saison et qui est tombé à point nommé au moment de la nouvelle fermeture au public. 

Le lieu mène de nombreux projets avec des structures extérieures, en établissement scolaire ou avec des associations. Lesquels ont pu se maintenir ? 

L. Claudel : De nombreuses activités ont été suspendues de ce côté-là : pas d’atelier, pas de visites et tout ce qui se passait dans les universités a été mis à l’arrêt. Certains projets en établissements scolaires ont été maintenus d’une façon ou d’une autre, et le numérique a été exploité autant que possible, mais nous avons vite touché les limites de l’écran pour ce type d’activités. 

Les Amandiers sont engagés sur environ 70 dispositifs pour lesquels nous touchons des subventions dédiées, c’est le fruit d’un travail de longue date, d’une politique déterminée de la part de son ancien directeur Philippe Quesne. Ces projets ont fait leurs preuves, et le lien est fort avec nos partenaires. Ainsi nous ne craignons pas que certains d’entre eux soient balayés par la pandémie. Nous avons même pu relancer un projet qui avait été mis de côté, dans le milieu hospitalier, avec le CASH de Nanterre. 

Répétitions de « Quel bruit fait le soleil lorsqu’il se couche à l’horizon » de Guillaume Aubry aux Amandiers. - © Martin Argyroglo
Répétitions de « Quel bruit fait le soleil lorsqu’il se couche à l’horizon » de Guillaume Aubry aux Amandiers. - © Martin Argyroglo

Comment s’est comporté le public lors de votre réouverture après le premier confinement et comment avez-vous géré les limitations de jauge ? 

A. Plagiau : Comme beaucoup, nous craignions des pertes, mais nous avons au contraire dû refuser beaucoup de monde. En comptant les scolaires et les étudiants, 50 % de notre public a moins de 30 ans, ce qui joue en notre faveur. 

Côté billetterie, nous avons donc dû créer des « foyers » ou « bulles » de 10 spectateurs maximum, tous séparés par une place. Il nous fallait placer le curseur entre 50 et 80 % de remplissage, et nous nous sommes situés dans la moyenne haute en fin de compte, à 70 %, un chiffre tout à fait décent même en temps normal.

Pour plus de sécurité, nous avons annulé les dernières minutes, ces spectateurs qui viennent pour prendre leur place sans réservation - le public était prévenu. C’était prendre un risque concernant ce que nous appelons la « chute », les gens avec réservation mais qui ne se présentent pas au spectacle - en fin de compte il n’y en a eu que très peu. 

Quelles autres activités sont maintenues actuellement dans le théâtre et comment abordez-vous une future reprise ?

A. Plagiau : Le lieu vit au rythme des résidences d’artiste et des constructions de décors, notre atelier tourne à plein régime actuellement. Lors du confinement de mars nous étions hagards, puis lors de celui de décembre très volontaristes, en mettant tout en œuvre pour rejouer en public, et le fait de ne pouvoir rouvrir nous avait cassés. Désormais, nous sommes plus prudents.

Désormais nous sommes plus prudents.

Nous nous organisons pour reprendre en mars, nous prenons un mois d’avance afin que nos équipes et notre public puissent se retourner. Ce serait donc la première mise en scène du réalisateur Bertrand Mandico qui rouvrirait la saison. Quant aux reports, ils dépendent désormais du choix de la nouvelle direction. Certains spectacles seront reportés, comme celui de Giselle Vienne, mais d’autres ne correspondent pas à l’orientation artistique que Christophe Rauck veut donner au théâtre, et seront écartés de la prochaine saison.