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5e vague : pourquoi et comment l’Elrow Festival de Biarritz a-t-il été annulé ?

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Un arrêté préfectoral a annulé, la veille au soir pour le lendemain, la tenue de l'Elrow Festival qui devait se tenir les 4 et 5 décembre à l'Halle d’Iraty de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et réunir 9 000 personnes, déjà présentes en ville. Yannick Alzine, président de l’association organisatrice Evana, enregistre une perte sèche et engage des discussions avec la mairie.

La scénographie du festival était déjà entièrement montée. - © Elrow
La scénographie du festival était déjà entièrement montée. - © Elrow

Quelle a été la chronologie de l’événement ? 

Aucun avertissement ne nous avait été adressé avant le mercredi précédant l’événement. La mairie nous a contacté pour que l’événement ne soit pas maintenu. Un rendez-vous d’urgence s’est tenu, nous avons proposé un renforcement des mesures sanitaires, des tests sur place et le déplacement en extérieur du bar et des food trucks. Ce plan était soumis à validation. La mairie avait évoqué la possibilité de s’en référer à une clause d’annulation dans notre contrat de location de la Halle d’Iraty, qui appartient à la communauté de commune, sous la gestion de Biarritz Tourisme. 

À ce stade, nous envisageons un PGE.

Puis l’affaire a pris du volume, principalement à cause des médias, qui ont abondamment relayé chacun de nos posts sur les réseaux sociaux. Le vendredi à 17h15, veille de l’événement, la Préfecture publie officiellement son interdiction. Un grand nombre de festivaliers, pour la plupart étrangers, sont déjà sur place. À Biarritz, les clubs, qui connaissent une affluence généralement très modérée en décembre, se sont remplis tout le week-end, avec des files d’attente dignes d’Ibiza. 

Bien sûr, nous comprenons que les autorités prennent des décisions de ce type - Biarritz ne compte que 30 000 habitants, notre festival réunissait 9 000 personnes. Il est probable que dans une grande ville, il ne serait même pas entré dans les radars des autorités. Seulement, nous aurions voulu être prévenus bien en amont. 

Comment procédez-vous côté billetterie ?

L’événement était sold-out, avec 9 000 tickets vendus. N’ayant pas la trésorerie nécessaire pour payer l’installation du festival, nous avons utilisé une partie de ces recettes pour la financer. Pour l’instant, nous procédons avec nos ticketeurs Howler et Weezevent à recenser qui souhaite se faire rembourser et identifier les bonnes personnes à re-créditer, puisqu’il y a eu des reventes abusives depuis que l’événement est complet. 

Un événement est déjà reprogrammé en avril. Nous avons arrêté ces dates, mais elles sont soumises à confirmation.

Quel déséquilibre cela implique-t-il pour votre structure Evana ?

Notre structure s’est lancée en 2020 pour organiser des événements autour de la culture du skate, du street art et des musiques électroniques. Notre premier événement était programmé à Anglet à l’été 2020 et n’a pas pu se tenir. Nous avions projeté sur l’été 2021 un autre événement à Bayonne, mais le préfet a refusé en raison sa jauge de 9 000 personnes, et nous l’avions reporté début décembre. Entre temps, nous avons pu tenir un événement les 16 et 17 juillet en extérieur à Biarritz, d’une jauge de 1 500 personnes, sur lequel nous étions déjà déficitaires. 

La technique et la scénographie représentent une perte sèche, irrattrapable. Côté plateau, les dix artistes déjà payés pourront assurer une prestation sur une date ultérieure, mais cela reste hypothétique et soumis à leurs disponibilités. Du côté des prestataires de restauration, nous avons une dette auprès de deux ou trois copains qui pourront faire un effort. L’événement dans son ensemble coûtait entre 500 et 600 000 €.

Aujourd’hui, nous sommes plus qu’endettés et nous n’avons pas encore les solutions pour redresser nos finances. Des avocats et des comptables nous conseillent, mais les aides semblent complexes à réclamer dans ce contexte. À ce stade, nous envisageons un PGE. Nous attendons aussi une aide du CNM qui concerne l’événement de l’été dernier. Des discussions sont engagées avec la mairie.