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Cafés Cultures : le GIP, dispositif de soutien à l’emploi, veut s’élargir à d’autres employeurs

Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence

Aide à l’emploi ciblée sur les cafés-concerts depuis 2015, le GIP Cafés Cultures connait une de ses plus grosses années. Sa directrice Samia Djitli entend développer l’outil à l’adresse d’autres lieux de diffusion qui ne sont pas pris en compte par les financements publics de la culture.

Les débits de boisson d’une jauge de moins de 200 ont le droit de s’inscrire. - © D.R.
Les débits de boisson d’une jauge de moins de 200 ont le droit de s’inscrire. - © D.R.

À quand remonte le dispositif du GIP Cafés Cultures et à quel besoin répondait-il ? 

Il s’agit d’un Groupement d’Intérêt Public, dont les origines remontent aux années 2000. Les centres de ressource de musiques actuelles ainsi que le Collectif Culture Bar Bars ont porté cette initiative, et les syndicats de salariés comme d’employeurs, concernés par la législation autour de l’emploi, les ont encadrés. Le droit du travail est effectivement un enjeu pour les employés comme les employeurs. 

Le Ministère de la Culture et les collectivités territoriales ont tout de suite apporté leur soutien. Il s’agissait alors, tout simplement, de lutter contre le travail dissimulé dans les cafés-concerts, des structures souvent trop petites pour être administrativement outillées et accueillir des spectacles dans les règles. 

Les premières expérimentations ont eu lieu en Pays de la Loire et ont révélé un vrai besoin. C’est là que le dispositif s’est mis en place : un fonds émanant des collectivités territoriales pour soutenir l’emploi. Il a été officiellement lancé en 2015 par un décret interministériel. 

Quel sont les lieux concernés ? 

Nous avons fixé une jauge à 200 personnes. Au-delà, il n’est pas possible de bénéficier de cette aide. Il faut également relever de la convention collective des cafés et restaurants, et être à jour sur ses cotisations sociales. Notre outil est en interopérabilité avec le Guso, nous pouvons donc vérifier ces éléments très facilement lors de l’inscription.

L’autre enjeu du GIP est de réhabiliter le bar comme lieu de diffusion artistique.

Cette jauge est imposée pour éviter les lieux trop gros, puisqu’il s’agit en premier lieu d’aider des petites structures qui ne pourraient pas être dans la légalité sans notre aide. L’activité principale doit être le débit de boisson. Par delà des questions d’emploi, l’autre enjeu du GIP est de réhabiliter le bar comme lieu de diffusion artistique. Ces espaces ont déjà un rôle très important dans la sphère du spectacle vivant, et il a pris en ampleur après la pandémie, quand nombre de spectacles reportés ne savaient plus où se produire. Or, ils sont généralement hors des radars des financements publics et des politiques culturelles. Le GIP Cafés Culture est donc une façon de leur apporter une reconnaissance. 

Quel est le dispositif et comment est-il financé ? 

Nous sommes un organisme de gestion, avec une plateforme dédiée. Toute structure remplissant les critères peut s’y inscrire en quelques étapes. À partir de là, nous appliquons un système de barème, sur le minimum du cachet brut correspondant aux petites jauges. Les fonds qui nous permettent de soutenir l’emploi proviennent des collectivités territoriales qui ont adhéré au GIP. Cette première contribution est alors complétée par un financement du Ministère de la Culture, selon la clé suivante : pour tout euro investi par la collectivité, le Ministère rajoute 50 centimes. 

Combien de régions et de lieux en bénéficient jusque là ? 

Aujourd’hui, plus de 6 000 comptes ont été ouverts, dont 4 000 sont actifs. Depuis 2015, 30 000 spectacles ont déjà été soutenus, ce qui représente 91 000 salaires. 74 collectivités territoriales ont adhéré, et 10 régions, y compris outre-mer avec la Guadeloupe. Cette année a été très dense : le GIP a déjà contribué à 20 000 salaires et 7 600 spectacles. 

Quelles sont les perspectives de développement de l’outil ? 

Les chiffres cités plus haut sont satisfaisants, mais nous pouvons faire encore mieux. L’outil a fait ses preuves, et nous voulons l’étendre à d’autres domaines. Il est davantage utilisé dans le champ de la musique et il doit circuler dans tout le spectacle vivant - c’est déjà le cas, partiellement. Ensuite, nous volons intégrer d’autres types d’employeurs : les hôtels par exemple, notamment pour des événements comme les festou noz en Bretagne, ou des fermes agricoles qui organisent des événements culturels. La gouvernance du GIP a vocation à s’élargir sur tout un faisceau d’employeurs occasionnels, comme par exemple les bistrotiers. Il s’agit donc pour nous de renforcer la communication autour de notre outil, qui a jusqu’à maintenant fait son chemin par le bouche-à-oreille des artistes.