Ventes, finances

Intermittence : les paniers artistiques veulent faire des petits partout en France

Par Thomas Corlin | Le | Subventions, mécénat, aides

Lancé pendant la crise, ce dispositif solidaire met en lien des intermittents pas encore remis de la pandémie, et leur finance un début de création, à étoffer ultérieurement. Après quelques expériences fructueuses en Centre-Val-de-Loire ou en Auvergne-Rhône-Alpes, Guillaume Maille de l’association Ouvrir l’Horizon appelle à lancer des initiative similaires et à les relier sur tout le territoire.

L’artiste-dating du 29 mars dernier en Loire-Atlantique. - © Paniers Artistiques
L’artiste-dating du 29 mars dernier en Loire-Atlantique. - © Paniers Artistiques

Quels sont les chiffres de la dernière campagne de paniers artistiques ?

De mai 2020 à novembre 2021, plus de 100 000 heures de travail salarié ont été financées, et ainsi 850 représentations en milieu rural ou urbain. Sur 1 530 inscrits, 651 professionnels en ont bénéficié.  

Nous commençons à tisser un réseau territorial entre collectivités, partenaires associatifs ou privés, quelques DRAC (Pays de Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire) et différents lieux de diffusion. Parmi ces derniers, nous comptons trois Scènes nationales (Mayenne, Deux-Sèvres, Sarthe), une Smac (le Temps Machine à Tours) et le CDN de Tours.

Comment le dispositif se fixe-t-il désormais ?

Depuis 20 ans, toutes les défaillances de l’intermittence n’ont pas été résolues.

Plusieurs formules sont possibles, selon les rencontres entre artistes. Un duo peut ainsi couvrir 370 heures pour une équipe artistique et technique de cinq professionnels. Pour un trio, composé d’une équipe de personnes, cela monte à 470 heures. Ces chiffres couvrent la production et la diffusion de cinq dates. L’encadrement par des professionnels concerne donc tous les artistes non-interprètes - administratif, costume, mise en scène, etc. 

Les paniers ne permettent pas de produire un véritable spectacle, mais un début de projet, une maquette, une performance, ou, comme nous les appelons, un « hors d’œuvre ». Certains paniers ont donné lieu à des financements pour un développement ultérieur. 

Pour l’instant, jusqu’où s’étale le réseau ?

En plus d’Ouvrir l’Horizon en Auvergne-Rhône-Alpes et en Pays de la Loire, nous comptons Cultivons l’Essentiel en Centre-Val de Loire, La Saison Déconfinée à Nantes, le Moulin des Résistances à Niort et le FonSat dans le Loiret. Des initiatives ont été tentées en Bretagne et en Occitanie, sans suite par manque de financement. Nous manquons de contacts dans l’Est et en Ile-de-France, où une collaboration avec un événement comme le Festival des Essentiels aurait du sens. 

Le monde de la culture a repris une activité quasi-normale depuis quelques mois maintenant, à quels segments du secteur ces paniers viennent-ils en aide ?

Le secteur n’a pas encore totalement repris, hélas. Les syndicats et les collectifs ont pu en tout cas déjà tirer un bilan : les problèmes qui se sont exacerbés pendant la crise dataient d’avant celle-ci. Depuis vingt ans, toutes les défaillances de l’intermittence n’ont pas été résolues. Une précarité persiste dans le secteur, et le statut provoque un démantèlement des métiers malgré lui. Les intermittents grappillent des heures comme ils le peuvent pour compléter leur statut, les métiers se confondent, les répétitions sont peu ou pas payées, alors que cette assurance ne devrait être utilisée qu’entre deux créations - les bonnes pratiques doivent donc être rétablies, au respect des conventions collectives. 

Combien de personnes se sont inscrites lors de votre dernière campagne ?

180 personnes se sont inscrites, et un artist-dating a eu lieu fin mars dernier. Cependant, nous n’avons pas encore les fonds nécessaires pour financer ces paniers, si ce n’est un reliquat de l’an dernier, où des contributions de lieux d’accueil et du public, sur le modèle du café suspendu, ont permis de constituer un petit fonds à reverser cette année. 

Quelles sont les fonds attendus cette année ?

Nous avons budgétisé une action à 1,6 M€, à déployer dans toutes les régions de France. Nous sollicitons régulièrement le Ministère de la Culture à ce sujet, sans retour. La période électorale n’est pas la plus propice pour obtenir une réponse de ce côté-là, hélas. Nous multiplions pourtant les rencontres et les réunions, pour nous rendre visibles auprès d’eux. Les DRAC discutent avec nous, les villes également, et le département de la Loire-Atlantique nous a promis 25 000 €. Nous attendons de la part de toutes les collectivités territoriales un renforcement des financements déjà obtenus sur la précédente campagne, ainsi que la facilitation de l’extension et de l’accompagnement de dispositifs similaires sur tout le territoire.