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Capitale Européenne de la Culture 2028 : en Corse, Bastia monte son projet

Par Thomas Corlin | Le | Subventions, mécénat, aides

Après Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ou Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), c’est au tour de la Ville de Bastia, accompagnée d’un réseau de relais sur toute la Corse, de travailler sa candidature pour être Capitale Européenne de la Culture en 2028. Rénovation du patrimoine, fabrication d’une programmation à plusieurs partenaires : Delphine Ramos, Directrice des Affaires Culturelles de la Ville de Bastia décrit un projet qui épouse la singularité de son territoire.

Le théâtre et le couvent de Bastia entament leur rénovation. - © Thibaut Dini
Le théâtre et le couvent de Bastia entament leur rénovation. - © Thibaut Dini

Quels sont les moyens mis en œuvre pour construire cette candidature et qui la porte ? 

Trois collectivités impulsent ce projet, dont la Ville de Bastia, en cheffe de file, la Collectivité de Corse, et la Communauté d’Agglomération de Bastia et son Université, ainsi que d’autres partenaires - culturels, sociaux, économiques, touristiques, etc. Le bureau d’étude la SCET nous accompagne pour définir la faisabilité du projet. Une enveloppe est dédiée au bureau d’étude 2021, une gouvernance et une entité juridique sont en cours de structuration. Le projet est à l’initiative de Bastia et de ses élus mais la candidature est territoriale. 

Quelles sont les étapes de ce travail et comment prend-il forme ?

Il s’agissait d’abord, avec notre bureau d’étude, de déterminer la crédibilité du projet par rapport aux critères de la labellisation. Que peut proposer la Corse en fonction de ses ressources, de son territoire ? Nous avons recensé et mobilisé des partenaires institutionnels et rédigé ensemble un manifeste, dans lequel il a été difficile de tout intégrer. Un travail de lobbying a aussi été fait, qui a rassemblé 600 soutiens parmi des artistes et personnalités qui ont un lien fort avec la Corse, de Thomas Dutronc à Barbara Carlotti. Nous avons aussi officialisé notre candidature auprès de la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot, avec laquelle nous avons eu un temps de travail, qui nous a confirmé la crédibilité de notre dossier. 

Pas question pour l’instant de lancer de nouveaux équipements.

Neuf thématiques ont été distinguées, de la transmission de la culture à la langue, et elles seront la base d’une prochaine étape de travail, la Fabrique du Projet, du 3 au 6 décembre, qui passera de Corte à Sartène. Des ambassadeurs seront définis à l’issue de ces journées, dans le secteur culturel et ailleurs. Par delà cette échéance, une feuille de route sur trois ou quatre ans a été définie - et les projets qu’elle dessinera seront réalisés, que notre candidature soit retenue ou non.

Quelle forme pourrait alors prendre une capitale européenne de la culture à Bastia et sur l’île entière ?

Notre territoire est singulier, d’abord du fait de son insularité, mais aussi du fait de son histoire, de son identité et de son plurilinguisme. La production culturelle a d’abord connu un courant intitulé le « riacquistu », un travail de ré-appropriation et de réactualisation de notre culture locale. Il s’agit maintenant de la tourner vers l’avenir, de valoriser nos artistes et créateurs et de modifier le regard et les représentations qu’attire notre territoire. Quelle est notre place en Méditerranée, en Europe ? Quels partenariats peut-on conclure avec d’autres villes ? 

Ce qui émerge de nos premiers temps de travail, c’est un projet un deux volets. Tout d’abord, une programmation artistique sera portée par ceux qui souhaiteront être labellisés. Ensuite, un volet « réhabilitation » sera mis en place. Notre territoire regorge de sites patrimoniaux et d’équipements à rénover, comme le Théâtre de Bastia, dont les travaux seront entamés en 2023, ou le couvent de Bastia qui devrait accueillir le Frac. L’idée serait donc de porter ces chantiers jusqu’à l’année-titre. Il n’est pas question, du moins pour l’instant, de créer de nouveaux équipements, nous voulons que cette candidature s’inscrive dans une logique de développement durable.