Mesures sanitaires : le Studio Novum propose des néons désinfectants aux salles de spectacle
Par Thomas Corlin | Le | Normes erp, réglementation sonore
En réponse aux besoins de désinfection des salles de spectacle qui s’apprêtent à rouvrir en période de crise sanitaire, l’agence de recherche et développement Studio Novum a mis au point « Pur », un dispositif de néons germicides qui intéresse le secteur.
« Nous avons dû étudier les doses nécessaires pour que les néons soient efficaces, et un laboratoire indépendant va bientôt vérifier la validité du système. »
L’idée est venue à Bernard Garabedian, cofondateur du Studio Novum, en repensant à ces néons sous lesquels les coiffeuses déposent leurs instruments après le travail pour les désinfecter. « Les néons germicides ne sont pas une technologie qui date d’hier, insiste-t-il. Certains rayons ont le pouvoir de désintégrer les germes et d’empêcher leur prolifération, il suffit juste d’ajuster les doses et la distance d’exposition. Depuis longtemps on en trouve chez les dentistes, dans les ventilations de salles d’attentes de médecins, dans les piscines pour traiter l’eau, et plus récemment en Chine, dans les écoles ou les hôpitaux récemment construits. » Pourquoi alors ne pas appliquer cette solution méconnue à la situation de crise sanitaire que traverse le monde actuellement ?
C’est ce qui a rapidement animé cette agence de recherche et de développement pour le monde du spectacle, plutôt habituée à concevoir des instruments sur mesure ou du matériel de pointe pour la scène. « Ce n’est en fin de compte pas si différent, nous pilotons d’habitude des sources de LED, il s’agit ici de sources UV, et nous nous y connaissons en normes électriques. Nous avons dû étudier les doses nécessaires pour que les néons soient efficaces, et un laboratoire indépendant va bientôt vérifier la validité du système. »
Installés entre 2 et 4,5 mètres du sol, ces néons effectuent une désinfection complète de la salle en une quinzaine de minutes.
Pour autant, le projet, baptisé « Pur », n’a pas été si facile à mettre en place, les néons étant une denrée plus rare que prévue. « Des hôpitaux français s’équipent actuellement de cette technologie, et les fabricants n’étaient pas prêts à faire face à une telle demande. Ils sont en train d’ajuster leur capacité de production, et nous pourrons passer des commandes plus massives que pour le premier essai ».
Ce premier essai a eu lieu à l'Européen, salle humour et musique du 17e arrondissement de Paris, dont le Studio Novum est très proche. Là bas, 21 paires de néons ont été fixées au plafond du la salle par ses propres techniciens, dont l’expertise en techniques de scènes et la connaissance du lieu ont été précieuses. Installés entre 2 et 4,5 mètres du sol, ces tandems de lumière effectuent une désinfection complète de la salle en une quinzaine de minutes. « Pur a rendu tout le personnel du lieu beaucoup plus serein, c’est sécurisant. »
« Son adaptation doit répondre à de nombreux paramètres techniques et à l’architecture des lieux, certains pouvant être plus atypiques que d’autres. »
Peu dépensière en énergie, plus économique que des bombes de produits chimiques à renouveler constamment, cette solution pourrait s’imposer comme la plus écologique pour lutter contre la propagation de la Covid-19 dans les salles de spectacle - et ailleurs également. Pour autant, l’humain ne doit pas y être exposé, les néons étant nuisibles à sa peau - ainsi qu’au plastique et aux surfaces blanches. Ainsi, un système de sécurité équipé entre autres d’écrans extérieurs indique le début et la fin du traitement, et l’interrompt en cas de présence humaine dans la salle traitée.
Alors que l’incertitude règne toujours sur les conditions d’ouverture des lieux culturels dans les mois à venir, Pur intéresse les salles de spectacle. Cinq d’entre elles, dont l'Opéra de Massy et le Théâtre des Deux Ânes, ont demandé des devis, qui ne sont pas toujours évidents à dresser, le produit étant toujours en cours d’élaboration. « Son adaptation doit répondre à de nombreux paramètres techniques et à l’architecture des lieux, certains pouvant être plus atypiques que d’autres. » Ainsi, Bernard Garabedian ne peut pas fournir à ce stade de fourchette de prix pour son produit, même s’il affirme que dans le cas de l’Européen, « il est amorti en 6 à 8 mois en comparaison avec le coût des produits désinfectants classiques. »
Reste à savoir, en cette période où l’on court toujours après un vaccin contre la Covid-19 et où les mesures sanitaires vont et viennent, si l’investissement en vaudra la chandelle sur le long terme. « Les directeurs de lieux viennent voir le produit, et les avis sont partagés. Les priorités vont souvent au renouvellement des équipements techniques de la salle - l’Européen devait d’ailleurs changer son système son, mais a tout de même choisi de tester cette solution. Peut-être que certains clients nous balanceront nos néons à la tête dans quelques mois si la crise prend fin… Ils sont pourtant également efficaces contre la grippe et tous les autres virus, ce n’est pas négligeable ! », précise Bernard Garabedian pour tempérer peut-être quelques hésitations.