Spectacle : le Jour de la danse, outil de rencontre avec de nouveaux publics pour le CDCN de Toulouse
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Chaque année, La Place de la Danse, Centre de développement chorégraphique national de Toulouse-Occitanie, organise le Jour de la danse. Peu après la 6e édition, au début du mois d’octobre, la directrice de l’établissement, Corinne Gaillard nous explique comment cet événement permet d’aller vers de nouveaux publics.
Pourquoi avez-vous lancé le Jour de la danse ?
Durant toute une journée, plusieurs artistes se produisent dans l’espace public à Toulouse pour promouvoir notre art et les activités de notre établissement.
En 2016, à mon arrivée à la direction du CDCN, nous réfléchissions à la manière de donner plus de visibilité à notre établissement. Quand le public ne vient pas à nous, il faut aller vers lui et créer une rencontre par l’organisation d’un événement. C’est dans cette démarche que s’inscrit notre projet du Jour de la danse. Durant toute une journée, plusieurs artistes se produisent dans l’espace public à Toulouse pour promouvoir notre art et les activités de notre établissement. Nous organisons également la diffusion de courts-métrages pour faire découvrir l’histoire de la danse et ses différents genres artistiques aux spectateurs.
Cette année, nous nous sommes déployés dans quatre lieux différents : le Jardin Ramond VI, la place du Ravelin, la cour de la Cinémathèque de Toulouse et le parvis du musée des Abattoirs. Nous avons réuni plus de 4 000 personnes. Faire des actions hors les murs est une stratégie efficace pour acquérir des nouveaux publics et augmenter la visibilité de notre établissement.
Comment s’organise votre déploiement dans l’espace public ?
En tant qu’établissement habitué aux évènements intra muros, s’orienter vers des actions hors les murs demande plus d’efforts. Cela est d’autant plus difficile dans les grandes villes. Toulouse est une métropole avec beaucoup d’évènements. Les lieux ne sont pas souvent libres et les autorisations sont parfois difficiles à obtenir. Organiser ce type d’événement implique de faire de nombreuses recherches en amont. Travailler avec des spécialistes de l’espace public permet de gagner du temps et d’être plus efficace dans des domaines où nos avons peu d’expérience.
Pour l’organisation de notre Jour de la danse, nous avons choisi de faire un partenariat avec l’association Arto, organisatrice du festival de rue de Ramonville et spécialiste des spectacles en espace public. Lorsqu’on l’on se déploie en extérieur, il faut se rapprocher de la municipalité pour gérer l’organisation de l’événement sur les plans administratif, matériel, logistique et sécuritaire. L’association Arto nous a aidé à faire les démarches pour obtenir les autorisations et nous procurer du matériel conforme aux normes des spectacles en extérieur.
Au niveau du financement, nous bénéficions des subventions classiques des centres de développement chorégraphique nationaux, c’est-à-dire des aides du Ministère de la Culture, de la région Occitane, du département de la Haute-Garonne et de la ville. Arto nous soutient également et nous recevons d’autre part l’aide des casinos Barrière, partenaire financier sur ce projet. Les frais du Jour de la danse restent néanmoins majoritairement à notre charge
Sur quels critères choisissez-vous les lieux de spectacle ?
Les lieux de spectacle sont choisis en fonction des projets artistiques que nous voulons valoriser et des contraintes qu’ils impliquent. Cette année, nous avions programmé une parade intitulée 30 nuances de Noir(es) avec la compagnie 100dra Seintroz. Cette parade afro-féministe met en scène un groupe de vingt danseuses noires emmené par Sandra Sainte-Rose. Elles ont effectué un manifeste chorégraphique engagé pour déconstruire par la danse les clichés autour des femmes noires. Ce spectacle nécessite de l’espace, et l’emmener sous forme de parade nous a directement conduit à choisir une rue spécifique dans la ville, la rue Alsace Lorraine. Durant notre Jour de la danse, nous avions également des diffusions de courts métrages au programme et une telle activité demande un lieu plus calme et posé, pour cela nous nous sommes orientés vers la cour de la Cinémathèque de Toulouse.
Dans l’organisation d’évènement c’est le projet artistique qui doit dicter le choix du lieu de représentation. Dans notre Jour de la danse, nous prévoyons toujours une manifestation à Saint-Cyprien, le quartier dans lequel nous sommes implantés. Nous poursuivons toujours l’objectif de créer un lien de proximité avec la population qui habite à côté de nous.
Comment se déroule le choix de la programmation artistique ?
La programmation de la journée est renouvelée chaque année avec le même objectif : proposer un contenu diversifié, accessible et fédérateur.
Le Jour de la danse occupe une place primordiale dans notre calendrier car c’est l’événement qui lance notre saison culturelle. La programmation de la journée est renouvelée chaque année avec le même objectif : proposer un contenu diversifié, accessible et fédérateur. Cette année nous avons accordé une grande place au hip-hop avec les spectacles Intro de Mellina Bouberta et 30 nuances de Noir(es) de Sandra Sainte-Rose. Nous avons également proposé les spectacles Horizon de Chloé Moglia et 00 :18 :15 de Valentin Mériot dans des registres plus originaux. Le public adore la culture urbaine, la mettre en valeur permet toujours de rassembler les foules.
En parallèle nous n’oublions pas de mettre en avant d’autres genres artistiques pour permettre au public de découvrir des styles qu’il n’a jamais vu. En terme de format, nous privilégions les formes courtes afin de multiplier les manifestations. L’idée est de créer un parcours dans la ville avec des spectacles à des heures et des lieux différents. Cela permet de rassembler un maximum de monde tout en permettant aux spectateurs de voir plusieurs spectacles. Cette stratégie maximise la possibilité de fédérer un nouveau public.