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Médiation : Archéa’lab, une exposition pour présenter le musée du futur

Par Bertrand Dicale | Le | Médiation

Jusqu’au 27 novembre, le musée Archéa de Louvres (Val-d’Oise) propose l’exposition Archéa’lab. Modélisation 3D, casques de réalité virtuelle, maquette tactile, l’exposition met en avant les outils du musée du futur. Chargée de documentation et commissaire de l’exposition, Soizic Berthé nous explique le projet.

La modélisation 3D du château d’Orville dans l’exposition Archéa’lab.  - © Cent Millions de Pixels
La modélisation 3D du château d’Orville dans l’exposition Archéa’lab. - © Cent Millions de Pixels

Pourquoi avoir lancé l’exposition Archéa’lab ?

Archéa’lab permet de réaliser plusieurs observations sur les premiers rapports que le public entretient avec les outils qui vont intégrer les établissements culturels.

Pour célébrer les dix ans de notre musée créé en 2010, nous avions prévu une programmation spéciale que nous avons dû décaler en raison de la crise sanitaire. Archéa’lab est la troisième exposition de cette programmation dédiée à notre anniversaire. L’objectif d’Archéa’lab est de s’interroger sur ce que doit être le musée du futur. Aujourd’hui tous les établissements culturels réfléchissent à la place que l’on doit accorder au numérique et aux nouvelles technologies. Archéa’lab permet de réaliser plusieurs observations sur les premiers rapports que le public entretient avec les outils qui vont intégrer les établissements culturels demain.

Cette exposition permet également aux visiteurs de rentrer dans les coulisses de notre musée afin de découvrir le métier d’archéologue. Les grandes missions d’un musée sont la recherche, la scénographie et la médiation. Cette exposition porte sur nos innovations dans ces trois domaines. Archéa’lab s’inscrit dans trois temporalités avec un bilan du passé, un focus sur les outils en cours de création et une présentation des prototypes qui vont prochainement faire leur apparition dans les établissements culturels.

Quels sont les équipements mis à disposition du public ?

Inauguration de l’exposition Archéa’lab au musée Archéa. - © Jean-Yves Lacôte
Inauguration de l’exposition Archéa’lab au musée Archéa. - © Jean-Yves Lacôte

Notre musée appartient à la communauté d’agglomération de Roissy-Pays de France regroupant quarante-deux communes dans le Val d’Oise et la Seine-et-Marne. Notre établissement conserve et présente toutes les découvertes archéologiques de cette région, notamment le site d’Orville. Il y a plus de 1 000 ans d’histoire avec des constructions complexes, à l’image du château fort médiéval d’Orville. Savoir restituer et valoriser la vie autour de ce patrimoine  est une mission difficile.

Nous avons fait appel à la société Cent Millions de Pixels pour créer un film 3D en modélisant le site d’Orville. Ce film est présenté en  plein centre de notre exposition pour permettre au public de mieux visualiser l’histoire et les modes de vie de ces époques. L’élaboration de ce film a également permis aux archéologues de confirmer ou infirmer des hypothèses sur les événements et les mœurs de ces périodes. C’est un outil de médiation innovant et efficace.

Nous également des casques de réalité virtuelle. Nous avons un jeu de piste qui permet de comprendre les différentes périodes d’occupation. Certains visiteurs viennent exclusivement pour ce dispositif ludique. Proposer ce genre d’outil est également bénéfique pour nous car nous voyons quelles sont les contraintes et quels sont les besoins attachés à ce genre de système. Nous constatons que l’on ne peut pas encore laisser le public en totale autonomie. Il faut une personne pour accompagner les visiteurs dans l’utilisation de ce type d’outils.

Les enfants de plus de 8 ans et toutes les générations suivantes jusqu’à 50 ans sont très attirées par le numérique et les technologies de pointe.

Parmi nos équipements à découvrir, le public peut également voir notre imprimante et notre scanner 3D. Ces outils sont utilisés en interne pour réaliser des éléments de scénographie et les visiteurs peuvent se placer de l’autre côté du décor pour mieux comprendre nos métiers. Le public a également accès à des boîtes holographiques. Ce sont des vitrines virtuelles où l’on présente des objets en 3D. Cela permet de voir les vestiges et les pièces du musée sous d’autres angles. Nous proposons aussi une exposition 100 % virtuelle, toutes les pièces présentées étant au format numérique.

Quel est votre regard sur les réactions du public ?

Le travail de l’imprimante 3D présenté dans l’exposition Archéa’lab.  - © Archéa
Le travail de l’imprimante 3D présenté dans l’exposition Archéa’lab. - © Archéa

En parallèle de ces dispositifs, nous avons mis en place des enquêtes pour mieux comprendre le comportement et les attentes des visiteurs sur le musée du futur. Les premières observations montrent qu’il y a une différence d’appréciation en fonction de l’âge. Nous recevons en moyenne 20 000 visiteurs par an, avec en majorité des publics scolaires et des familles. Nous constatons que les enfants de moins de 8 ans sont plus attirés par les dispositifs tactiles et physiques. Les enfants de plus de 8 ans et toutes les générations suivantes jusqu’à 50 ans sont très attirées par le numérique et les technologies de pointe.

Les plus de 50 ans préfèrent les dispositifs physiques et les expositions réelles. Cependant, ils ne sont pas réfractaires au numérique qu’ils perçoivent comme un complément de la médiation physique. Les enquêtes et les réactions du public démontrent que le numérique n’a pas encore vocation à remplacer le physique, quelque soit la génération. Il offre davantage de perspectives dans la médiation et la rend plus ludique. Au niveau de la recherche et la scénographie, il facilite le travail des acteurs du secteur culturel.

Comment votre équipe de médiation est-elle organisée ?

Notre stratégie est d’organiser notre médiation par tranche d’âge.

Nous avons trois personnes à temps plein en permanence au musée, avec une personne à la direction et deux chargés des publics qui occupent également le poste de médiateur. Le week-end, lors des vacances scolaires et lors des manifestations de grande envergure, nous avons trois guides animatrices étudiantes qui viennent en complément pour étoffer notre équipe. Nous fonctionnons de cette manière pour Archéa’lab.

Notre stratégie est d’organiser notre médiation par tranche d’âge. Nous avons des ateliers pour les enfants en bas âge et nous donnons la possibilité de fêter les anniversaires au musée avec une formule dédiée. Pour les adolescents, nous proposons un escape game avec des énigmes à résoudre. L’objectif est la fidélisation.

Penser le musée du futur, c’est aussi ne pas oublier d’améliorer les conditions de visite des personnes en situation de handicap. Chaque semaine, nous recevons un hôpital de jour, avec des personnes qui ont des problématiques liées au handicap. Une personne dans l’équipe se consacre à l’accueil de ces visiteurs. Notre musée a le label handicap avec des équipements dédiés. Notre parvis est plat, nous disposons d’un ascenseur pour les personnes qui ont des handicaps moteur, nos expositions sont sous-titrées. Parmi les nouvelles technologies que nous proposons, nous avons le prototype d’un système d’audio description qui s’active sur les téléphones au passage des visiteurs, via des balises Bluetooth placées au niveau des vitrines. Ce système rend la visite plus agréable à tous les visiteurs mais plus particulièrement aux personnes en situation de handicap, notamment les déficients auditifs.