Médiation : le nouveau « compagnon » numérique du Musée de Cluny
Par Sylvain Chantal | Le | Médiation
Depuis le 18 octobre, le Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge (Paris 5e) propose au public un outil de visite hybride et évolutif. Ce nouveau « compagnon » numérique, comme le désigne la responsable du service culturel et de la politique des publics Audrey Defretin, ne concurrence pas la médiation humaine, mais vient en complément des traditionnelles visites guidées.
Une temporalité plus courte avec 20 chefs-d’œuvre
« Les dispositifs actuels de visite ont tendance à rajouter de la fatigue intellectuelle et cognitive, ce qui peut finalement s’avérer contreproductif. Nous avons donc voulu concevoir un dispositif qui soit le plus possible personnalisable. Le visiteur choisit la déambulation qui lui correspond et n’est pas figé dans un parcours, comme il pourrait l’être avec un audio-guide classique. » Quand elle évoque le nouveau « compagnon » numérique du Musée de Cluny, Audrey Defretin, responsable du service culturel et de la politique des publics, part d’une ambition simple : rendre « légère » la visite du musée.
Testé durant l’été, l’outil hybride et évolutif a été déployé officiellement le 18 octobre dernier. Il propose des pastilles de deux à trois minutes qui plongent le visiteur dans une atmosphère sonore immersive et un propos scénarisé. Les soixante-quinze capsules qui figurent dans le parcours pour adultes sont activées au moyen de la géolocalisation ou déclenchées depuis un plan du musée. « Notre établissement est très vaste. Si on suit le compagnon de visite dans son intégralité, le parcours dure plus d’une heure et demi. Or nous proposons aussi une visite de vingt chefs-d’œuvre majeurs de la collection permanente, qui donne une temporalité plus courte », explique Audrey Defretin.
85 appareils mis à disposition du public
En face de chaque œuvre, un pictogramme indique au visiteur qu’il peut écouter des commentaires et consulter des informations supplémentaires. « Un pop-up sonore signale au visiteur l’existence d’un complément. S’il choisit de le consulter, il voyage dans cette dimension, mais il peut l’arrêter à tout moment et reprendre sa déambulation là où il se trouve dans le musée. Pas besoin de revenir à l’accueil ou de repartir quelques salles plus loin. » Chaque œuvre commentée est présentée sous la forme d’un audio, avec des voix masculine et féminine. Une musique permet de pénétrer dans une ambiance particulière et un carrousel d’images s’arrête sur des détails ou propose par exemple une comparaison avec des œuvres d’autres musées. Disponible en trois langues (français, anglais et espagnol), le compagnon l’est également en langue des signes française. « Nous avons beaucoup travaillé sur l’accessibilité, tant physique qu’intellectuelle. L’outil donne par exemple la possibilité d’agrandir les caractères sur les textes écrits ou de jouer sur le contraste pour améliorer la visibilité. » Au total, 85 appareils sont disponibles à la location à la billetterie du musée, pour un montant de 4 € en tarif plein et 2 € en tarif réduit.
Autre originalité : le très médiatique Éric Antoine s’est prêté au jeu pour le parcours destiné aux enfants. Le magicien et humoriste déambule dans le musée en compagnie de sa nièce et rencontre un énigmatique personnage au cours de la visite. « D’après nos premiers retours, ce parcours enfant plaît énormément. Les autres retours sont également très positifs, notamment sur la qualité des audios présentés. »
Un budget de 110 000 €
Pour concevoir cet outil, le Musée de Cluny a fait appel à l’assistant à maîtrise d’ouvrage Ubiscène. « Cette société nous a aidés dans la réflexion que nous avons menée avec notre service culturel et l’intégralité du personnel du musée. En écoutant nos besoins, Ubiscène nous a confortés dans cette envie d’aller vers quelque chose de modulable et personnalisable. » L’ambiance sonore, la captation des voix et la partie sound design ont été réalisées par un autre prestataire, Audiovisit. Mazedia s’est pour sa part chargé de mettre en place l’architecture technique du compagnon. « Nous sommes autour de 110 000 euros de budget, avec des compléments qui se feront en 2023 », précise Audrey Defretin. Axé initialement sur la collection permanente, le dispositif commence aujourd’hui à s’étendre sur les expositions temporaires, comme c’est le cas pour « Toulouse 1300-1400, L’éclat d’un gothique méridional », où sont intégrés neuf points d’intérêt. « Je ne vous en dis pas plus, conclut Audrey Defretin. L’idée est que le public vienne découvrir ce nouveau compagnon. »