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Médiation culturelle : La Criée (Rennes) élabore un jeu pour s’initier au commissariat d’exposition

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

Jouer au commissaire d’exposition ? C’est l’idée de trois artistes qui ont répondu à un appel à projet du centre d’art contemporain d’intérêt national La Criée à Rennes (Ille-et-Vilaine), sous la forme d’un jeu de plateau et d’un site internet pour enfants comme pour adultes. Le projet a connu un engouement particulier dans le contexte actuel, selon la directrice du lieu Sophie Kaplan.

Le jeu existe en plateau comme en ligne. - © @ La Criée
Le jeu existe en plateau comme en ligne. - © @ La Criée

En quoi consiste LizellBa ?

Dans le cadre d’un cycle sur les arts vernaculaires et les savoir-faire, un appel à projets a été lancé à des artistes locaux - pour des questions d’engagement sur le territoire comme de déplacement dans le contexte actuel. C’est donc un jeu qui a été proposé, qui consiste à monter sa propre exposition en se basant sur des œuvres extraites d’expositions récentes dans notre lieu. 

Le jeu a été conçu pour se déplacer hors de nos murs.

C’est d’abord un objet, avec des reproductions miniatures de travaux d’artistes comme Mathis Collins (avec leur autorisation), un plateau, des murs aimantés, des matières molles et des cartes pour poser des questions (sur des techniques traditionnelles de l’art, des devinettes, etc). Il peut se déployer dans n’importe quel espace, nous pouvons donc l’activer entre nos murs ou ailleurs. Il est accessible aux enfants comme aux adultes, et il n’est pas possible de « perdre » ou de donner une mauvaise réponse puisque tout est encadré par des médiatrices. Les reproductions de pièces, elles-mêmes des réinterprétations plus que de simples copies, sont à piocher dans un pochon doré et à disposer dans l’espace d’une exposition fictive.

L’expérience Lizellba a été déclinée en site internet, où un quiz permet d’obtenir des pièces à placer dans un espace virtuel que l’on peut sauvegarder. Chaque exposition virtuelle est mise en ligne. Léa Benetou a fabriqué l’objet, Fanny Martel en a conçu le graphisme et Yann Baïzid, qui est également développeur, a monté le site internet. 

Comment le jeu a-t-il circulé pour l’instant ? 

Nous le faisons tester tant que possible, dans tous les espaces où nous avons le droit de nous rendre, puisque notre lieu est fermé, mais que nous pouvons néanmoins continuer des actions en milieu scolaire ou hospitalier. Il a rencontré une grande adhésion de la part de tous les publics, y compris de conservateurs de musées qui s’étonnaient qu’un tel outil de médiation culturelle n’ait pas déjà existé jusqu’à maintenant - c’est d’ailleurs peut-être le cas, mais pas à notre connaissance. 

La déclinaison en ligne de LizellBa. - © La Criée
La déclinaison en ligne de LizellBa. - © La Criée

Nous avons produit deux exemplaires du jeu « physique », et envisageons d’en produire davantage. Le projet a connu un beau développement grâce au temps que nous avons pu dégager pour le concevoir, du fait de la fermeture du lieu. 

Quelle vie a connu la Criée depuis le début de la crise ? 

L’été dernier, nous avons prolongé l’exposition qui n’avait pu être montrée au public lors du premier confinement. Nous en avons ouvert une autre en septembre dernier. Quand cela sera possible, nous rouvrirons avec une exposition déjà accrochée pour sa date d’ouverture originale, qui n’a pu être montrée qu’à quelques professionnels et journalistes pour le moment. 

Bien sûr, nous avons des activités en dehors de la diffusion. Trois artistes sont en ce moment en résidence chez nous, dont certains sont impliqués dans nos programmes en espace scolaire par exemple. Les actions en établissement scolaire prennent un sens inédit dans le contexte actuel. Les élèves sont privés de toutes activités extra-scolaires actuellement, ils mettent une grande énergie dans ce que nos artistes leur proposent. C’est à la fois positif et inquiétant.